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NIGERIA : Goodluck survivra-t-il à la crise ?

Publié le vendredi 13 janvier 2012 à 00h58min

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« Goodluck doit reculer ». Ainsi titrions-nous dans notre édition du mercredi 11 janvier 2011. En effet, quelques jours après la suppression des subventions aux carburants faisant doubler le prix de l’essence à la pompe, le président nigérian, au lieu de tendre une oreille attentive aux préoccupations de ses compatriotes, a fait abattre sur eux une répression sauvage. C’est en jetant de l’huile sur le feu que, de plus en plus ouvertement, les Nigérians réclament son départ et celui de son gouvernement. Dans l’histoire récente du pays classé 8e producteur de pétrole brut au monde, c’est un fait rare. Ce n’est pas exagéré d’affirmer que Jonathan Goodluck manque de sagesse au point de vouloir engager un bras de fer avec son peuple.

Or, dans la situation actuelle, les frustrations ne font que s’exacerber. Car, révoltés par la flambée des prix de l’essence et de ceux des autres biens de consommation, les Nigérians n’ont pas le droit à la parole. Ils doivent « la fermer » pour ne pas être envoyés ad patres à l’image de ces manifestants tués par les balles assassines des forces de l’ordre. Goodluck a-t-il conscience de la voie visiblement suicidaire dans laquelle il s’est engagé ? Toujours est-il que ces agissements donnent du grain à moudre à ceux qui demandent sa tête. A-t-il été piégé par son entourage ou par un système qui n’a jamais accepté son arrivée au pouvoir ?

Dans tous les cas, et même dans l’hypothèse où la secte Boko Haram serait derrière cette revendication, c’est Goodluck qui l’aura cherché. Qu’est-ce que les Nigérians ont obtenu après plusieurs jours de manifestations ? Même pas un début de dialogue et de compréhension ! Au contraire, les autorités ont décidé de ne pas reculer et de cautionner les recommandations des institutions de Bretton Woods. Tout porte à croire qu’elles n’ont pas tiré leçon du passé. En effet, plusieurs décennies après l’application des Programmes d’ajustement structurels (PAS), les institutions de Bretton Woods ont dû reconnaître qu’elles s’étaient lourdement trompées sur la pertinence de ces politiques imposées aux pays africains.

Les PAS avaient été source d’instabilité chronique dans les Etats africains, ce qui avait ralenti leur développement. Pourquoi donc Goodluck accepte de supprimer 8 milliards de dollars de subvention par an alors qu’il sait bien que cela provoquera un mécontentement généralisé au sein des populations ? En tous les cas, le feuilleton ne fait que commencer. Le président nigérian doit savoir que désormais les populations auront tendance à demander directement des comptes à leurs dirigeants, le contexte des révolutions arabes aidant. Pour n’avoir pas reculé, Goodluck risque de s’enfoncer et de gérer une situation explosive, faite de violences ethnico-religieuses et de grogne sociale.

Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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