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Burkina -Canada : Pour sonner le réveil d’une coopération dynamique

Publié le lundi 18 octobre 2004 à 06h59min

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J. Bonkoungou

Du 17 au 23 octobre seront organisées les toutes premières Journées économiques de notre pays au Canada. Après avoir réussi le pari de tenir une semaine consacrée à la culture, Juliette Bonkoungou qu’on ne présente plus, accomplit depuis qu’elle a été promue ambassadeure, des transformations positives qui donnent un nouvel élan à notre diplomatie dans un pays dont la part est déterminante dans nos initiatives de développement.

Pour donner tout son poids à l’événement, le Premier ministre, Ernest Paramanga Yonli conduit lui-même en terre canadienne une forte délégation de 26 hauts responsables de l’État au nombre desquels près de sept ministres annoncés que rejoignent plus de 70 opérateurs économiques. Des rencontres économiques et institutionnelles sont au programme. Sidwaya a approché le premier responsable de cette organisation qui situe toute la portée de l’entreprise en remontant le parcours de sa mission.

Sidwaya (S.) : Quel constat avez-vous établi à votre arrivée au Canada pour justifier la tenue aujourd’hui de Journées économiques du Burkina Faso au Canada ?

Juliette Bonkoungou (J. B.) : Lorsqu’en août 2003 j’ai été appelée à assurer l’animation de l’ambassade, j’ai fait une analyse concrète de notre situation au Canada et de mon approche, il ressortait que le Burkina Faso avait besoin d’engager des initiatives fortes pour assurer sa lisibilité dans cette région. Il fallait remédier à cela.

M’appuyant sur les orientations que SEM Blaise Compaoré et le Premier ministre m’avaient instruits pour la mission, j’ai élaboré une dizaine de priorités que j’ai partagées avec mes collaborateurs qui ont été invités à apporter leur contribution. Je me suis mis au travail pour la mise en chantier de ce document appelé Objectifs stratégiques pour une coopération et un partenariat rénové en faveur du développement du Burkina Faso qui prend en compte les soucis majeurs de nos attentes dans des domaines multisectoriels.

J’ai effectué plusieurs missions à l’intérieur du Canada. Dès l’amorce du printemps ont eu lieu les premières Journées culturelles. Les Journées économiques viennent pour pousser davantage plus loin notre entreprise de dynamisation d’un partenariat appelé à s’intensifier.

S. : Les articulations de ces Journées sont-elles connues ?

J. B. : Je résumerai l’essentiel en disant que les Journées qui ont lieu du 17 au 23 octobre couvrent Ottawa, Québec et Montréal ; qu’elles concerneront à la fois un volet économique et un volet institutionnel.

La mission débutera à Ottawa, la capitale fédérale du 17 au 19 octobre. La journée du 20 octobre sera spécifiquement réservée à nos partenaires du Québec. À partir du 20 octobre jusqu’au 23, la mission sera à Montréal.

Il est prévu des rencontres de haut niveau et le Premier ministre Yonli aura des échanges avec le Très Honorable Paul Martin, Premier ministre du Canada, SEM Jean Charest, Premier ministre du Québec, M. Pierre Pettigrew, Ministre des Affaires étrangères du Canada, Mme Aileen Carroll, ministre de la Coopération internationale, M. Bissonnet, président de l’Assemblée nationale du Québec ainsi que M. L’Allier, maire de la ville de Québec. Une rencontre est aussi au programme avec une délégation du Nouveau-Brunswick.

Sur le plan économique, plusieurs séances de réseautage sont ciblées ainsi que des visites d’unités afin de permettre à nos opérateurs économiques de nouer des opportunités d’affaires. Il est prévu des exposés où seront expliqués les grands projets de l’État. Le secteur minier insistera sur nos potentialités ; celui du commerce sur les ouvertures industrielles et nos efforts de privatisation. Une visite très attendue est programmée à l’ACDI. Des tables rondes sont en vue dans les domaines de l’éducation, de la gouvernance, de la santé, de la promotion de la femme, du développement des capacités... Nous avons estimé nécessaire d’organiser des audiences privées par groupe d’affinité ainsi qu’un atelier sur le financement.

Le Burkina compte au Canada des partenaires d’importance avec lesquels des projets capitaux pour notre pays ont été initiés et l’occasion est belle pour renforcer ces liens. Je retiens entre autres, Canadian Bank note, mais ils sont nombreux et j’oublie d’en citer.

À une heure où il est beaucoup question de coton, la SOFITEX qui fera partie de la mission va intervenir sur la réalité de cette culture au Burkina ainsi que la lutte initiée par notre pays à l’OMC pour la suppression des politiques de subventions ayant cours dans certains pays du Nord, et qui constitue une forme d’affaiblissement pour la commercialisation de notre production.Les premiers responsables de la SOFITEX font le déplacement du Canada non seulement pour poursuivre la campagne de sensibilisation, mais aussi pour prospecter des possibilités d’achat de notre coton, mais aussi pour explorer des éventuelles opportunités de coopération pour la transformation de notre coton sur place au Burkina.

Nous avons retenu des séances d’information parce que des institutions qui interviennent dans le financement du développement ou de l’économie tout court ne sont souvent pas connues en Afrique. Je veux parler entre autres du Concours québécois de l’entrepreneurship, de la Fondation québécoise de l’entrepreneurship, de la Caisse de dépôt et de placement du Québec, du Mouvement Desjardins, du Fonds canadien pour l’Afrique, de la Chambre de commerce du Québec, du Fonds de solidarité du Québec...

En marge du volet économique, il sera beaucoup question du Xe Sommet de la Francophonie qu’abrite le Burkina. Voyez-vous, il y a vraiment de la matière.

Je voudrais faire une mention au Conseil canadien pour l’Afrique (CCA) ainsi qu’au Forum francophone des affaires (FFA) pour leur implication dans la mise en oeuvre du programme.

Je voudrais tout aussi bien saluer l’appui de nos partenaires dont la direction Afrique des Affaires étrangères du Canada, le bureau du Protocole du Canada, la direction du Commerce international, la direction de la Francophonie, l’Agence canadienne de développement international (ACDI) et le ministère des Relations internationales du Québec.

S. : Combien d’opérateurs économiques sont attendus et quels sont les secteurs d’activités qui sont pris en compte ?

J. B. : Près de quatre-vingts opérateurs économiques sont annoncés. Tous agissent dans les secteurs de l’hydraulique, de l’énergie, des télécommunications, des mines, des cultures de rente...

S. : Quelles pourraient être les retombées de ces Journées ?

J. B. : Je pense qu’il faudra voir cette opération dans une perspective de moyen et long terme. Il ne faut pas toujours s’attendre à moissonner le lendemain de la semaille. Personnellement, je crois aux vertus du travail rationnel, aux résultats de la planification et du suivi perspicace. Venir nouer des contacts utiles, c’est déjà et de loin une chose essentielle à partir de la quelle peuvent s’opérer des relations d’affaires durables.

Il faudra se mettre dans la dynamique de la libre entreprise. C’est donc une incitation à l’initiative privée. Depuis la libéralisation de l’économie dans notre pays, des conditions favorables existent pour permettre aux opérateurs économiques de développer des capacités à promouvoir leurs potentialités. Des mesures incitatives aux investissements étrangers sont une réalité. Nous travaillons comme relais aux ministères en charge des secteurs du développement afin d’obtenir des contacts pour porter l’information là où il faut, dans le but d’attirer au Burkina des apports extérieurs nécessaires à notre économie.

Je puis vous dire que nos partenaires qui sont déjà sur le terrain au Burkina sont convaincus de nos ressources dans le domaine minier pour ne citer que cette filière. Mais il y a bien d’autres secteurs à découvrir. Et en ce qui concerne nos hommes d’affaires, il y a également des opportunités de collaboration avec les amis canadiens qui ont la maîtrise de technologies bien utiles à notre pays.

Personnellement, il faudra que les nôtres saisissent ces chances qui leur sont offertes de se brancher sur le monde. La modestie et le repli ont joué des tours historiques à l’Afrique ; voici venu le moment d’un "scramble" au développement. Hier, l’innovation nous était acquise par une certaine administration ; aujourd’hui, l’initiative privée devra en prendre le relais et pour cela, je crois que le Canada est une alternative.

S. : Dans quel sens ces Journées pourront-elles sonner le réveil d’une coopération plus dynamique ?

J. B. : Ces Journées constituent la continuité d’un programme de relance. Je vous rappellerai quelques traits des objectifs stratégiques pour une coopération et un partenariat rénové... qui prévoient rétablir notre image de marque, consolider et promouvoir la coopération bilatérale et institutionnelle, le partenariat économique et commercial, développer et renforcer la coopération technique et universitaire, la coopération décentralisée et de proximité, favoriser une meilleure connaissance des peuples, travailler à la promotion de la femme, faire de la jeunesse un axe privilégié d’échanges, impliquer la diaspora dans notre processus de développement et puis, objectif immédiat, travailler au succès de la Francophonie.

Une feuille de route de nos attentes nouvelles vis-à-vis du Canada a été établie et fera la matière que SEM le Premier ministre aura avec M. le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale. Nous espérons fortement rencontrer une oreille attentive.

Interview réalisée par Sita TARBAGDO
Sidwaya

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