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Emigration : 160 Burkinabè rapatriés de Tripoli

Publié le lundi 18 octobre 2004 à 07h04min

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Rapatriés de Libye

Il était 10h 19, ce vendredi 15 octobre 2004, lorsque l’Iliouchine libyen, avec à son bord 160 Burkinabè expulsés de la grande Jamahiria s’immobilisait sur le tarmac de l’aéroport international de Ouagadougou.

A l’accueil, le secrétaire permanent du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (CSBE), Mamadou Sangaré, le commissaire adjoint de la police de l’aéroport, Béatrice Sanon et des membres du CONASUR.

Accompagnés par des fonctionnaires libyens dont deux policiers et un membre de l’ambassade burkinabè à tripoli, nos compatriotes qui étaient en situation irrégulière au pays du guide de la Grande jamahiria arabe libyenne, Mohamar Kadhafi sont arrivés visiblement en bonne santé quoique éprouvés par le voyage. Avec les forces de l’ordre mobilisées pour l’occasion, le retour s’est bien passé comme nous le confirme, Mamadou Sangaré dans l’entretien qu’il nous a accordé juste après l’arrivée des rapatriés. Lisez plutôt.

Sidwaya Plus (S.P.) : Plus d’une centaine de compatriotes viennent d’être rapatriés de la Libye. Est-ce que vous pouvez nous faire le point de cette opération ?

Mamadou Sangaré (M.S.) : Effectivement, nous venons de recevoir exactement 160 personnes sur 165 annoncées au départ. Nous avons été saisis par notre ambassade de la décision des autorités libyennes de rapatrier des personnes en situation irrégulière. Vous le savez, lorsqu’on va dans un pays, on est tenu de se conformer aux lois et règlements. Cette opération de rapatriement ne concerne pas seulement le Burkina Faso. Elle concerne tous les pays d’Afrique Sub-saharienne. Notre ambassade a relayé donc la décision des autorités libyennes pour qu’ensemble nous puissions gérer convenablement la situation. Le résultat s’est matérialisé avec l’arrivée de 160 rapatriés.

S. : Certaines rumeurs font d’état de 400 personnes en situation irrégulière. Alors est-ce à dire qu’il y aura d’autres arrivées dans les jours à venir ?

M.S. : Il faut s’attendre à ce que nous recevions d’autres vagues de rapatriés : un convoi de 200 personnes environ. Cela est dû au fait que les rapatriés ne sont pas tous concentrés au même lieu. Il y a Tripoli et Sebah. Ce groupe de rapatrié vient de Tripoli. L’appareil ayant une capacité limitée, le restant des rapatriés de Tripoli constituera avec ceux de Sebah un autre vol.

S. : De l’aéroport, ils iront ensuite au stade. Que se passera-t-il après ?

M.S. : Cette opération ne ressemble pas à d’autres que nous avons connue. En fait lorsque les missions diplomatiques nous ont informé, nous leur avons demandé de tenir des listes de volontaires. Tous ceux qui sont là aujourd’hui, sont partis volontairement s’inscrire auprès de l’ambassade pour pouvoir rentrer. Nous insistons sur cet aspect. Il est vrai que parmi eux, il y a environ 85 personnes qui ont été indiquées comme incarcérées.

En fait ils ont été interpellés suite à des raffles lors de contrôles de routine. Ils étaient donc aux lieux de détention jusqu’au départ. Initialement, nous avons pensé qu’ils ont été incarcérés pour avoir commis des infractions. Mais ce n’est pas le cas. Cela nous réjouit de savoir que nos compatriotes arrivent à sauvegarder la dignité, l’image de notre pays.

S. : Au sortir d’ici, chacun pourra alors rentrer chez lui ?

M.S. : Au sortir d’ici, normalement chacun peut disposer. Mais, nous avons mis sur place un dispositif à savoir les amener d’abord sur le site préconisé qui est le stade du 4-Août. Cela va nous permettre de procéder à un recensement. Il faut des statistiques pour nous permettre de gérer efficacement la situation. En même temps c’est l’occasion pour nous de faire de la sensibilisation, cela en vue d’expliquer les conditions à remplir avant de sortir hors du Burkina. Nous ne pouvons pas recevoir autant de compatriotes et les laisser comme ça. Là, je crois que le gouvernement se fait un point d’honneur d’avoir une préoccupation sérieuse vis-à-vis de nos compatriotes où qu’ils soient.

S. : Combien peut coûter une telle opération pour le Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger ?

M.S. : Je dois dire que ce sont les autorités libyennes qui ont bien voulu assurer leur transport. Imaginez si on devait demander au gouvernement burkinabè d’affréter des avions pour ramener ses ressortissants, vous comprendrez que la situation allait être difficile. C’est un aspect du traitement humanitaire de l’opération par la Libye. C’est aussi le reflet des relations qui unissent les deux pays. Nous demandons souvent la participation des partenaires pour nous soutenir surtout quand il s’agit d’opération d’envergure.

Mais cette opération, nous disons qu’elle est assez simple dans la mesure où c’est le volontariat. Nous sommes convaincus que ce sont des gens qui savent déjà où aller. Ils sont venus avec leurs bagages. Pour marquer la bonne coopération entre les deux pays, les autorités de la Jamahiria ont accepté que les rapatriés puissent amener tous leurs bagages. Nous croyons que c’est un geste salutaire. Sinon certains seraient rentrés bredouilles après plusieurs années de séjour là-bas.

S. : Quelle est leur état de santé ?

M.S. : D’une manière générale, tous les rapatriés ont l’air d’être en bonne santé. On ne peut même pas faire la différence entre ceux qui sont de la catégorie des détenus et les autres. Tout le monde se porte bien physiquement en dehors d’un cas de malaise et un autre de trouble mental. Nous saisissons cette opportunité pour dire que la gestion de la migration doit se faire sur la base de la sensibilisation. En général les départs sont dûs à des motifs économiques. Là où le bât blesse, c’est que les gens sont prêts à tout pour aller réaliser leurs rêves. La presse a un grand rôle à jouer en ce sens qu’elle peut aider à porter l’information jusque dans les contrées du Burkina.

Interview réalisée par Victorien A. SAWADOGO et
Nadou Saturnin COULIBALY
Sidwaya

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