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Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

Publié le mercredi 4 janvier 2012 à 00h32min

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L’article 37, la crise sociale vécue par le Burkina en 2011, etc. Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication et Porte-parole du gouvernement n’a pas manqué d’élucider chacune des questions dans l’interview qu’il a accordée à Sidwaya à l’occasion de la nouvelle année 2012 qui débute. Il a, pour ainsi dire, fait un bilan sans complaisance de l’action gouvernementale en 2011 et n’a pas manqué d’ébaucher certains grands défis du gouvernement Tiao en 2012.

Sidwaya (S.) ? : Quel bilan faites-vous de l’action gouvernementale dans la résolution de la crise qui a secoué le Burkina au début de l’année 2011 ? ?

Alain Edouard Traoré (A.E.T) : Le bilan que j’entrevois est surtout l’expérience que le gouvernement a tirée dans la résolution de cette crise et cela à deux niveaux. Premièrement, nous avons été confrontés à une crise sans commune mesure, donc nous n’avions pas de référentiel qui allait nous permettre de comprendre comment d’autres gouvernements ont pu gérer à d’autres époques des crises similaires. Nous avons donc priorisé le dialogue avec les parties prenantes. En la matière, le président du Faso a d’ailleurs été le premier à donner l’exemple en dialoguant avec toutes les couches de la société. Le chef de l’Etat a invité le gouvernement à dialoguer et à prioriser en toute chose la communication.

C’est lorsque l’on ne communique pas que les problèmes se cristallisent et après on ne s’en sort pas. Je me suis rendu compte que les vertus du dialogue ont une progression sans fin en termes d’impact social. Deuxièmement, cette crise a été une opportunité sans limite et je pense même que nous ne sommes pas encore allés jusqu’au bout des limites de l’opportunité que ça représente. Vous savez, c’est comme toute gouvernance dans tous les pays du monde. On gouverne, on fait dans la routine et dans la léthargie et lorsqu’une crise comme ce que nous avons connue en cette année 2011 vous arrive, cela vous oblige à vous réveiller et de poser les actes les plus essentiels et les plus idoines. Vous êtes obligés d’aller au-delà du possible pour faire l’impossible.

Et quand on fait la lecture des décisions prises à la faveur de cette crise, à commencer par le remaniement du gouvernement ainsi que les actes qui ont suivi à tout point de vue, notamment les décisions en ce qui concerne l’éducation, la santé, la justice, les discussions avec les syndicats et les collectivités territoriales, etc., vous remarquerez que le gouvernement a été obligé de prendre des mesures qui ont fondamentalement changé la face de la gouvernance au Burkina. Du point de vue bilan, je retiens en résumé le changement fondamental de la gouvernance de manière très positive et aussi les vertus du dialogue pour juguler des crises comme nous en avons vécues.

S.? : Est-ce à dire que la crise est désormais derrière nous ? ?

A.E.T.? : Je pense que cette crise est de plus en plus derrière nous. Même si de nouvelles situations difficiles peuvent surgir, je crois qu’il n’y aura pas de lien ombilical direct avec la crise que nous avons connue. Je suis certain que du point de vue social et politique, les paramètres essentiels de cette crise ont fondé les décisions qui ont été prises. Toute chose qui a permis aux populations de retrouver une vie somme toute normale.

S.? : Pouvons-nous dire que le dispositif de communication que vous avez adopté peut être amélioré, en termes de perspectives en faveur de l’enracinement de la démocratie ? ?

A.E.T.? : Nous avons compris dans un premier temps qu’il faut dialoguer et communiquer. On ne communique pas parce qu’on a envie de le faire ou pas, mais on communique parce qu’on a le devoir de rendre compte au citoyen. Et lorsqu’on rend compte aux populations, elles sont, soit satisfaites, soit, elles cherchent à mieux comprendre et elles vous en veulent moins. Mais lorsque les citoyens ne savent pas ce que vous faites et lorsque vous passez le temps à gérer et ils vous voient de loin ? ; c’est cela qui amène souvent les problèmes. Par ailleurs, la communication a une dimension psychologique. Quand vous communiquez avec les populations, vous les rassurez et quand vous les rassurez, elles se sentent impliquées et elles s’approprient les politiques et accomplissent davantage leur véritable rôle de citoyen.

Cependant, malgré les acquis, nous pouvons améliorer la communication gouvernementale. Jusqu’à présent, nous avons surtout fait beaucoup plus de la communication de crise et certains avaient préjugé que nous n’allons pas tenir ou que nous allions arrêter. Non ? ! Nous n’allons pas arrêter parce que nous avons compris que la communication ne doit pas être conjoncturelle. Elle doit être intégrée dans les activités quotidiennes du gouvernement de manière hebdomadaire, mensuelle et annuelle. La communication doit être un pan essentiel de l’action gouvernementale parce que notre vision est qu’elle doit être un levier de développement. Les politiques ont beau être merveilleuses, si nous ne communiquons pas et si les citoyens ne les connaissent pas, ils ne vont pas s’impliquer et cela restera des politiques administratives sans impact sur les réalités. Nous allons donc aller dans le sens de la communication en essayant de l’améliorer au quotidien sur le terrain.

S.? : Conformément au souhait du président du Faso de procéder à des réformes, des cadres de concertation comme le CCRP, les rencontres régionales et les Assises nationales ont eu lieu. Certains cependant pensent que tout cela était inutile et que le vrai problème est l’article 37. Que répondez-vous à ces gens ? ?

A.E.T.? : Je ne sais pas si vous connaissez l’allégorie de la caverne de Platon. Les philosophes savent de quoi je parle. Ce sont des personnes qui sont dans une grotte et qui prennent leur propre reflet qu’ils voient par le biais de la lumière du soleil qui entre, pour la réalité. Nous avons au Burkina des personnes qui vivent dans la caverne de Platon. Ils croient que ce qu’ils pensent correspond forcément aux aspirations de la population. Non ? ! Il faut que ces personnes se réveillent car ce sont les mêmes populations qui ont voté le Président Blaise Compaoré. Notre responsabilité aujourd’hui est de travailler à approfondir le processus qui est engagé à travers le dialogue. Comment des gens qui s’estiment être des démocrates peuvent refuser le dialogue. Les Assises et le CCRP ne représentent que des cadres de dialogue. Est-ce que ces cadres portent préjudice à quelqu’un ? ?

Non ? ! Cela permet simplement de faire asseoir des Burkinabè en un moment donné pour réfléchir sur un certain nombre de préoccupations de notre pays. En quoi cela est préjudiciable à la démocratie ? Le deuxième aspect est que le président du Faso l’a dit. Ce qui va se dégager comme consensus de discussion va être appliqué. Par contre les points non consensuels ne le seront pas. Troisièmement, le chef de l’Etat n’est qu’au début de son mandat avec son programme quinquennal qui vise à faire du Burkina un pays émergent. Je ne rentre pas dans le jeu des mots par rapport au terme « pays émergent », mais l’objectif du président du Faso ici est de consolider les fondements de notre économie et de notre société. Pour tout vous dire, l’article 37 pour l’instant n’est pas du tout prioritaire sur notre agenda. Nous essayons à l’heure actuelle de travailler à réussir le programme du président du Faso. Quand 2014-2015 arrivera, nous aviserons par rapport à l’article 37 avec le peuple.

S.? : Quelle appréciation faites-vous du travail des médias en général et étatiques en particulier ? ?

A.E.T.? : Je pense qu’il y a un travail essentiel de consolidation de la démocratie qui est réalisé par les médias. Il faut qu’on continue dans ce sens. On ne le reconnaît pas toujours mais aujourd’hui quand on parle de la liberté de la presse, elle est totale au Burkina. Il n’y a aucune restriction en la matière. Naturellement, il faut saluer tout le travail abattu par les médias d’une manière générale, mais je voudrais particulièrement saluer celui abattu par les médias publics. Je suis ministre de la Communication et je connais les contraintes auxquelles les journalistes des médias publics sont confrontés. Contraintes de moyens, de préjugés etc., mais malgré tout, ils font un travail énorme. Et contrairement à ce que l’on peut penser, ils garantissent beaucoup mieux le pluralisme du traitement que certains journaux privés dans notre pays.

S.? : Quels sont les grands projets de votre ministère en ce qui concerne ces médias ? ?

A.E.T.? : En ce qui concerne les médias, nous avons un programme continu du renforcement des capacités. Naturellement, les médias privés sont des propriétés privées mais ils sont des partenaires pour toutes nos activités telles que les Universités africaines de la communication de Ouagadougou (UACO), les Galian, etc. A côté de cela, nous formulons aussi des projets pour obtenir des financements afin de pouvoir les appuyer, notamment dans le domaine du renforcément des capacités. Pour ce qui est des médias publics, nous travaillons à relever le défi de la couverture intégrale du territoire par l’audiovisuel public. Vous savez qu’il y a des endroits au Burkina où des citoyens ne reçoivent ni la télévision ni la radio de leur pays. Cela n’est pas acceptable à ce siècle et il faut qu’on travaille à corriger cette situation. Concernant les Editions Sidwaya, le grand projet que nous avons, c’est de faire en sorte que les journaux de ce groupe de presse puissent être imprimés de manière simultanée à Bobo et à Ouagadougou afin que le citoyen burkinabè qui est à la frontière à Niangoloko, à Sindou ou à Batié puisse les recevoir avant midi, c’est-à-dire de façon rapide. Il s’agira donc de renforcer les capacités opérationnelles des médias tout en travaillant à ce que, du point de vue des contenus, le professionnalisme puisse toujours demeurer pour que les organes de presse donnent l’information juste et à temps.

S.? : L’accès à certaines sources d’information reste un problème pour les journalistes. Que comptez-vous faire pour faciliter la collecte de l’information ? ?

A.E.T.? : Nous comptons desserrer l’étau administratif. J’en conviens avec vous que nos administrations ont pris des habitudes qui font que quand on a une information ou un acte administratif, c’est comme avoir une parcelle de pouvoir qu’on ne veut pas partager. Nous sommes en train de travailler à desserrer cet étau pour rendre disponible l’information publique et non confidentielle. Il n ’y a pas de raison qu’un fonctionnaire puisse disposer d’une information qui est publique et qu’il refuse de la mettre à la disposition de quiconque souhaiterait l’avoir, qui plus est un journaliste. Au niveau du département, nous sommes en train de travailler à mettre en place un dispositif pour diffuser l’information verte c’est-à-dire l’information en temps réel. L’objectif est d’avoir un maillage global pour collecter toutes les informations ainsi que toutes les données au quotidien avec des points focaux dans tous les départements ministériels et les mettre immédiatement à la disposition des médias, diplomates, diaspora, gouverneurs, préfets, etc. Voilà entre autres ce que nous comptons faire pour pouvoir casser ce monopole ou cette situation détestable que l’administration a à étouffer, à conserver ou à refuser de partager l’information.

S.? : Quels sont vos vœux pour cette nouvelle année qui s’annonce ? ?

A.E.T.? : Mon premier vœu est de ne pas avoir une année 2012 aussi turbulente que 2011 au Burkina. Je souhaite que le Burkina puisse avoir une année apaisée pour développer ses potentialités. Je considère que même si la crise a été bénéfique à bien des égards, nous avons tout de même perdu une année en termes de mise en œuvre de programmes de développement. Il est vrai qu’on a rattrapé beaucoup de retard ces trois derniers mois en termes d’activités mais nous avons néanmoins pris du retard. Et les préjudices sont toujours visibles parce que nous n’avons pas encore soldé tous les déficits. Que 2012 puisse nous permettre d’améliorer nos indicateurs économiques et que les citoyens puissent être davantage apaisés, informés et qu’ils s’impliquent aux actions de développement de notre pays dans la paix, la quiétude et la concorde nationale.

Charles OUEDRAOGO & Raphaël KAFANDO

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 4 janvier 2012 à 01:49, par Vagabond En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    "Il faut que ces personnes se réveillent car ce sont les mêmes populations qui ont voté le Président Blaise Compaoré. Notre responsabilité aujourd’hui est de travailler à approfondir le processus qui est engagé à travers le dialogue. Comment des gens qui s’estiment être des démocrates peuvent refuser le dialogue. Les Assises et le CCRP ne représentent que des cadres de dialogue. Est-ce que ces cadres portent préjudice à quelqu’un ? ?" Relisez vous et vous verrez qu’il y a quelque chose qui ne va pas !! Les dés du CCRP sont ou étaient pipés ! La population à majorité analphabètes ne peut qu’exécuter ou avaler ce qu’on lui donne !! Heureusement qu’il y a encore des gens intelligents dans ce pays pour vous barrer la voie !!

  • Le 4 janvier 2012 à 07:52, par sidsoaba En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    N’importe quoi...sur l’Article 37 !!!

  • Le 4 janvier 2012 à 11:01, par paligwende En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    M.le ministre, j’ai un gros respect pour vous. Je vous félicite pour avoir accepté d’aller au charbon pour contribuer à sortir le burkina de cette malheureuse crise de 2011. N’étant pas du domaine de la communication vous avez montré votre bonne volonté d’apporter des solutions à ce secteur. Votre intelligence y est certes pour quelque choses. moi, même du domaine je vous ai vu conduire les grands évènements du ministère, avec méthodologie et rigueur. Mais attention, à force de vouloir bien faire vous risquez de ne plus avoir du recul. Votre référence à l’allégorie de la caverne me paraît inappropriée. Pour l’avoir étudier pendant 5 années d’université, je pense qu’il faut situer le contexte de la cité grecque, qu’on s’approprie de l’oeuvre de la république de Platon, qu’on s’imprègne profondément de la pensée platonicienne. C’est déjà une bonne chose de n’être pas tombé dans ce que tout le monde appelle "le mythe de la caverne", mais la lecture et l’interprétation qui en est faite ne me semble pas à propos.
    Votre interview est très politique, c’est normal...Mais il me semblait que vous êtes venus aux affaires pour tous les burkinabés dans une situation ou tous n’avaient plus confiance au système. Si vous déclarer que Blaise a été élu par la population burkinabé, c’est très illustratif. La crise est intervenue 5 mois après l’élection de Blaise. C’est troublant qu’après une victoire éclatante on se retrouve vite en face d’une crise sans référentielle. Que s’est ’il passé ?
    A vous les serviteurs de la république, vous êtes en mission, de grâce, faites du bien au pouvoir en osant dire les choses telles qu’elles sont...la vérité rougit les yeux mais ne les éclate pas. Un langage de vérité et de sincérité serait une bonne politique de communication pour le ministère que vous avez en charge. Courage, parce que vous avez de l’avenir, en tout cas, par la méthodologie et la rigueur qui sont les vôtres...

  • Le 4 janvier 2012 à 21:23, par le juste En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    Monsieur le ministre de la com, même si vous communiquez 24 heures sur 24, cela ne va pas beaucoup changer. Le peuple demande des actes pour améliorer la gouvernance et rien d’autre. Je prends le cas de Guiro, DG des douanes, expliquez moi pourquoi son dossier de fausse exo (et sa voiture volée en Europe) ne sont pas passé en justice ? Je veux bien que vous communiquez mais pour des infos vrais ; pas pour nous mener en bateaux. Or, c’est toujours le cas en vous lisant. Et, c’est bien dommage ! En terme de gouvernance, nous vous demandons de ressortir toutes les affaires qui trainent dans vos tiroirs et de tous les envoyer en justice. Là, on commencera à vous croire. Sinon, c’est juste de la gesticulation de boni-menteurs.

  • Le 4 janvier 2012 à 21:27 En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    Et, si la crise était encore devant nous avec des actions comme le DG de la douane qui a des cantines de 2 milliards alors que le peuple est en train de survivre (voire crever de faim) à cause d’une mauvaise campagne agricole. Le défi N° 1 est une véritable justice pour les puissants de ce pays comme pour le pauvre paysans au fin fond de sa brousse, et, non une justice à 2 vitesses. Et, là, j’attends toujours vos réponses. Merci d’avance Monsieur le Ministre de la com de me répondre puisque vous voulez mieux communiquer.

  • Le 4 janvier 2012 à 22:13 En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    Après l’affaire Guiro, tu ferais mieux te taire pour l’article 37. Surtout, pas touche. Comme vous voulez bosser pour faire avancer le pays, faites le y compris et surtout en luttant contre la corruption ou les multiples affaires que tout le monde connait depuis 20 ans. Un petit tour dans les archives des journaux suffit pour s’en rappeler. Je demande à un journaliste de la place de nous en faire le listing. Je suis sûr que l’on dépasse allègrement la centaine ! Alors que fait ton collègue ministre de la justice ? Il dort ou quoi ?
    Pour l’article 37, laissez le tranquille car l’affaire Guiro montre que ce pouvoir a toujours été gangréné jusqu’à l’os. Et, les burkinabè vont finir par se réveiller. Car, quand on dit yel ka yé, cela finit par cailler pour certains.

  • Le 4 janvier 2012 à 22:15 En réponse à : Alain Edouard Traoré, ministre de la Communication, Porte-parole du gouvernement : « La crise a fondamentalement changé la gouvernance au Burkina »

    A vouloir trop communiquer, tue l’information ! A bon entendeur, salut !

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