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Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

Publié le jeudi 29 décembre 2011 à 00h19min

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Quelle idée de suivre les cultes de vendredi et dimanche avec les pensionnaires de la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO). Mais quand dans l’enceinte de la prison civile se dressent majestueuses trois maisons de Dieu, cela veut simplement dire qu’il existe en ces lieux des adeptes de ces religions. A la tentation donc de vivre en ‘’live’’ les jours de culte à la MACO, nous n’avons pas résisté. Et nous y avons fait le pèlerinage en deux temps. Vendredi pour prier avec les musulmans et dimanche pour communier avec les frères chrétiens : protestants et catholiques. Edifiant avec un brin de charme. Qui a dit que les voies du seigneur sont insondables ? Vérité biblique s’il en est.

Aller à la MACO, même pour voir un frère garde de sécurité pénitentiaire (GSP), c’est comme aller à la police ou à la gendarmerie pour voir là aussi un frère qui travaille en ces lieux. On est toujours envahi par la peur, la crainte. Ainsi quand ce vendredi 14 octobre, nous franchissons le portail de la MACO avec notre laissez-passer dûment signé par les autorités compétentes, nous sommes frappés par la rigueur. Il faut déposer sa carte d’identité dans ce qui tient lieu de passage obligé. Ne vous fiez surtout pas à la candeur des gardes, car ils observent une vigilance de Sioux sur tout ce qui se passe dans l’enceinte. Après avoir montré patte blanche, nous voilà donc dans la grande cour de la MACO. La première réaction même pour un visiteur muni d’un papier officiel, c’est qu’on en vient à mesurer le sens profond du mot liberté.

Nous sommes devant la mosquée. Elle se situe du côté Est du terrain de football, entre l’église catholique au sud et le temple au nord. Trois lieux " saints " qui bénéficient de l’ombrage des manguiers qui les entourent. Sur la terrasse réservée à l’ablution, un jeune homme assis observe. Son regard un peu ’’révulsé’’ ne laisse pas indifférent. Un tee-shirt gris aux cols portant les signes de sa durée et qui semble être au-dessus de la pointure habituelle de l’homme dans un pantalon qu’il a pris le soin de plier jusqu’au tibia. C’est le corvéable de la mosquée. Le corvéable ici est un détenu commis à une tâche particulière dans la cour, nous indique-t-on. Il s’occupe de la propreté des lieux et fait office de dépositaire des biens de la mosquée. « Frère, c’est pour la prière ? ». A notre réponse affirmative, il renchérit par « Ok, je vous envoie des chaussures pour les ablutions ».

Un tel accueil chaleureux, nous nous attendions pas du tout ici. Après ce premier acte de la prière que constitue en principe l’ablution, nous échangeons quelques civilités avec le corvéable. Il est 12 heures 30, un rang se forme du côté sud de la mosquée. Ce sont les fidèles du grand bâtiment (ancien bâtiment). Dans ce lieu, on désigne ces différents bâtiments par " quartiers ", ainsi vous avez le quartier des femmes, celui des mineurs, etc. De la mosquée, on aperçoit les habillements des uns et des autres dans le rang. Ça nous mystifie…Des El Hadj ? Du moins, de par l’accoutrement de certains.

Quant au corvéable, très loquace, il indique qu’il a commencé à prier depuis le bas âge (il confie avoir 27 ans) avant d’ajouter « Je n’ai jamais raté une prière. Mais force est de reconnaître qu’au début de mon incarcération, je n’arrivais plus à prier. J’étais très bouleversé. C’est par la suite que je me suis ressaisi et j’ai pu reprendre la prière ». Il reconnaît également qu’il a beaucoup appris de la religion de ce lieu. Surtout dans sa ’’mission’’ de corvéable « Je lis beaucoup le coran. J’ai découvert de nombreuses choses que je n’avais pas perçues quand j’étais dehors…Ma foi s’est accrue ici » dit-il avant d’ajouter : « J’ai appris à connaître l’être humain ici à travers ma foi….J’ai compris que le cœur de l’homme est un grand labyrinthe… ».

Malgré le regard mitigé qu’il a désormais de la vie et de ses hommes, il dit placer son amère expérience de vie carcérale au compte de la volonté de Dieu. Il refuse d’être comme ses " camarades " qui ont tourné dos à leur religion respective dès qu’ils sont arrivés à la MACO.

Dieu et armes ne font pas bon ménage…

Notre échange est interrompu par l’arrivée des fidèles du grand bâtiment. Ce sont les plus nombreux (apparemment) des " quartiers " que compte la MACO. En file indienne, ils sont escortés par deux agents GSP jusqu’à la terrasse de la mosquée où ils se dispersent pour les ablutions. Les GSP ne sont pas armés, pouvait-on constater. « Pour des gens qui partent pour rencontrer Dieu, ça ne fait pas bien qu’ils soient sous menace des armes », apprend-on d’un responsable. Mais en réalité, la sécurité est renforcée en ce moment dans la cour, de façon ’’discrète’’, hors des vues des fidèles. « Il y a une sorte d’alerte générale ». Puis, arrivent des fidèles GSP en tenue ou en civil et autres fidèles corvéables.

Derrière nous, sur un banc fixé à la porte principale de la mosquée, deux hommes d’un âge avancé devisent. Nous avons les oreilles tendues à leurs échanges. Ils sont aussi des pensionnaires des lieux. Ils discutent de la vie, des comportements de leurs enfants, puis, fustigent le comportement de façon générale de la jeunesse ’’d’aujourd’hui’’. Nous aurions aimé chercher à savoir si le sujet ’’intimement’’ partagé entre eux a un lien avec leur situation actuelle. Mais hélas, notre domaine de compétence ne couvre pas de tels aspects. On s’en tient à l’aspect religieux. L’un rejoint la mosquée tandis que l’autre reste assis avec des feuilles blanches en mains qu’il venait de faire sortir de la poche droite de son boubou gris. C’est l’imam du jour. Il révisait les passages du coran qui devraient faire l’objet du prêche. Il a pris le soin de recopier les parties sur des feuilles volantes. Au même moment, les fidèles des autres quartiers arrivent. Sous le même dispositif sécuritaire.

Les fidèles du quartier des mineurs sont au nombre de six. Ils sont indifférents à tout ce "tohu-bohu" provoqué par les différentes arrivées des fidèles des quartiers. A leur âge, leur attitude suscite de longs moments de réflexion. Il est 12 heures 40. Les retardataires au niveau des ablutions se hâtent. D’un signe de tête du muezzin à partir de la porte, l’imam prend position devant les fidèles pour délivrer son prêche du jour. Ce moment est une étape importante dans la prière de vendredi. Dans la mosquée quasi pleine de fidèles (elle a une capacité d’environ 200), nous constatons qu’il n’y a aucune femme. Et cela suscite notre curiosité que nous chercherons à satisfaire un peu plus loin. Mais en attendant, le prêche bat son plein et l’imam captive par sa verve.

L’imam entre prêche et ’’sermonnage’’

Notre orateur (l’imam) n’est pourtant pas l’imam attitré de la mosquée. Il nous confiera juste après la prière qu’il jouait ce rôle d’imam avant son incarcération. L’organisation islamique a mis à la disposition de la mosquée de la MACO un imam. Il est secondé par un autre. Il vient uniquement pour les prières de vendredi. En cas d’empêchement, il est remplacé par le second. Ce vendredi 14 octobre, le premier était empêché tandis que celui qui devait le remplacer était convalescent. « Dans une telle situation, on choisit parmi nous quelqu’un qui est habilité à officier la prière », nous révèle-t-on. Le prêche a lieu en langue nationale mooré. L’imam conseille, invite les fidèles dans la logique de la société.

« Chers frères, dans la vie, nous devons éviter de poser des actes inutiles, des actes interdits par Dieu. (…) Ce sont des actes qui ne contribuent nulle part à nous réaliser socialement », invite-t-il avant d’ajouter : « Il ne sert à rien de dire quelque chose dans la bouche sans l’accepter dans le cœur… ». Puis, il interpelle : « Prenons garde de nos actes car tout a une fin sur terre.(…) ». L’orateur remonte le moral : « Ne pensons pas que le fait d’être ici est le signe que Dieu ne nous aime pas. Notre présence ici doit être perçue comme un message fort lancé par Dieu à notre égard. Ayons foi en Dieu. Certes, nous vivons aujourd’hui une situation difficile, mais cela ne doit pas ébranler notre foi. Nous devons prendre l’engagement qu’au sortir d’ici nous n’allons plus être en déphasage avec la société ».

Puis, il invite ses coreligionnaires à « respecter le temps de séjour que Dieu a imparti à chacun de nous ici et à prendre l’engagement, une fois libéré, de ne plus séjourner dans un tel endroit ». Dans sa lancée, il laisse parfois voir un zeste de ‘’rancune’’ : « Que tous ceux dont les mauvaises intentions veillent sournoisement sur nous soient récompensés à la hauteur de leur intention. Dieu récompensera chacun sur terre et dans l’au-delà… ». A contrario, il reconnaît :« à ceux qui nous aident ou qui demandent à nous aider. Qu’ils soient bénis au nom d’Allah… ! ». Cette étape annonce la fin du prêche et le muezzin ne tarde d’ailleurs pas à inviter les fidèles à se lever. Il est 13 heures.

Les uns et les autres doivent serrer les rangs : on doit veiller à ce que tous soient sur la même ligne et que les espaces entre les fidèles soient respectés et harmonieux. C’est une condition sur laquelle on ne badine pas dans les mosquées. GSP et pensionnaires sont côte à côte. Autre lieu autre relation ! La prière se déroule normalement comme celle que nous connaissons dans nos quartiers. Premier rak’at, puis le deuxième. La prière de vendredi est constituée de deux rak’ats. Contrairement à celle des autres jours de la même heure qui en compte quatre. Juste avant la fin de la prière, et pendant les invocations individuelles, le muezzin se lève, ôte son chapeau et commence à faire le tour des rangées.

C’est l’heure de la quête. Sincèrement, on s’y entendait moins en ce lieu. Chacun met dans le ’’panier ’’ ce qu’il a. Le total à la fin donne 850 francs CFA. Cette somme sert à l’entretien de la mosquée, à payer des nattes, des bouilloires, à la laver et à assurer d’autres besoins y relatifs. A la mosquée, les fidèles ne se retrouvent que pour les prières de vendredi. La prière est ouverte à tous, mais pour y prendre part, il faut s’inscrire sur une liste que le corvéable fait circuler dans la matinée dans les différents quartiers et qu’il fait par la suite viser à l’administration. Elle n’est pas non plus une obligation et l’inscription sur la liste n’oblige pas également à assister à la prière. Par contre, aucun fidèle non-inscrit sur la liste du jour ne peut prendre part à la prière.

Où sont passées les pensionnaires musulmanes ?

Plus haut, nous nous interrogions sur l’absence de "sœurs" fidèles musulmanes à la mosquée. Obligeant l’imam à faire appel seulement aux seuls ’’frères fidèles’’ tout le long de son prêche alors qu’on sait que dans de telles circonstances, ce sont les "M’sambiissi, Manbiissi", littéralement en langue locale cela signifie frères, sœurs.
Sur l’absence visible des femmes au culte de ce vendredi, le corvéable étouffe de rires avant d’expliquer que « Les femmes sont partout. Je ne les comprends même pas. C’est ce que j’étais en train d’expliquer au chef (un GSP) bien avant la prière. Cela fait longtemps maintenant qu’elles ne sortent plus pour la prière ». En effet, indique-t-il, il était de ceux-là qui les ’’galvanisaient’’ à la prière. Mais voilà des vendredis maintenant qu’il dit butter sur leur réponse qui le laisse sceptique. « Ces temps-ci quand je m’y rends elles me disent qu’elles sont indisposées… », relate-t-il avant de se demander « comment pouvaient-elles être toutes indisposées en même temps et subitement durant tout ce temps ? ».

Il ironise : « Les autres religions ont arraché nos femmes », puis conclut « Au fait, elles ne savent pas ce qu’elles veulent. Elles sont partout à la fois. Tantôt à la moquée tantôt à l’église…Les jours de fêtes musulmanes, elles viennent beaucoup. Elles se mettent en Hadja. Quand arrivent les fêtes chrétiennes, elles se transforment en vraies chrétiennes », soutient-il. Une thèse appuyée aux cultes du dimanche par des GSP. « Elles balancent partout. Tantôt elles sont à l’église tantôt à la mosquée. On ne les comprends pas. Comme ce sont elles qui décident de là où elles veulent aller….Nous respectons leur volonté ». Sans commentaire.

Nous louons le Seigneur… !

Dimanche 16 octobre 2011. Quarante-huit heures après notre premier " pèlerinage " à la MACO, nous voilà de retour à la prison civile. Le rituel est le même. Il faut montrer patte blanche avant l’accès en ces lieux.
Nous sommes devant l’église à 7 heures 35 après avoir " tué le temps" au premier kiosque de la MACO pour nous remonter en nescafé. Le temple que nous venons de dépasser n’a pas encore ouvert ses portes. A l’intérieur de l’église qui brille de par sa propreté (tant interne qu’externe, les trois lieux de culte partagent le même constat), les corvéables s’attellent à mettre en place le dispositif pour la messe. Parmi eux, des membres de la chorale. A la question de savoir si c’est à la MACO qu’ils ont appris à intégrer une chorale, certains répondent par l’affirmative tandis que d’autres confient être choristes avant même leur entrée en prison.

Contrairement aux endroits habituels, les prières se font une seule fois pour tous et couplées en français et en langue mooré. Nos échanges avec les corvéables sont fraternels et nous recevons parfois bénédictions et conseils de ces ’’hommes de Dieu’’. Tous les accessoires pour la messe sont là.
Dans l’église, une trentaine de bancs plus douze (12) chaises au milieu de la salle pour les visiteurs. Pour une question de sécurité, visiteurs et fidèles pensionnaires sont ’’séparés’’. L’aumônier fait son entrée dans la cour à 7 h45 minutes accompagné de deux personnes de race blanche. Ces deux dernières, venues de l’Italie, sont au niveau de Saint Camille, lieu de provenance de l’aumônier.

Nos fidèles italiens étaient venus apporter leur soutien à leurs frères fidèles chrétiens de la MACO. A leur suite, un autre groupe de visiteurs. C’est la " Légion de Marie ", nous renseigne l’un d’entre eux. « Nous sommes là chaque 3ème dimanche du mois et notre principal message c’est de leur faire comprendre qu’être dans une prison n’est pas une fatalité » confie une interlocutrice. Elle nous explique comment la religion est perçue et pratiquée dans ce milieu. Elle évoque le cas de ces fidèles qui, une fois en ces lieux, tournent le dos à la religion car estimant qu’avec leur degré de foi, ils ne devraient pas avoir leur place en prison. « Surtout quand ils estiment qu’ils sont emprisonnés à tort ». Puis, poursuit-elle : « Nous encourageons et sensibilisons ceux qui sortent pour les prières à être nos porte-parole auprès de ces fidèles déçus… ».

Au même moment, les arrivées des fidèles des différents quartiers attirent notre attention. Entre temps, arrivent les pensionnaires du quartier des femmes escortées par deux dames GSP. Contrairement à la prière de vendredi, les femmes sont là, ’’relaxes’’. Elles sont au nombre de neuf (9) dont l’une porte un bébé au dos. « L’enfant n’a pas encore l’âge de sevrage. Quand il aura l’âge, il sera éloigné (…) pour éviter l’impact du milieu », apprend-on d’un GSP. Cet enfant qui fait ses premiers pas dans la geôle… La vie, il arrive souvent qu’on endosse la responsabilité d’actes dont on n’est pas l’auteur. A l’heure de la prière, la salle est archicomble. Cela impose des bancs dehors sur la terrasse à l’entrée principale. Bible et chapelet en mains, invocations et autres signes de croix font l’ambiance.

Puis, l’aumônier fait son entrée dans la salle. D’abord, des actions de grâce pour des malades, pour remercier Dieu pour des fidèles ayant recouvré la santé, pour témoigner la reconnaissance pour une liberté provisoire ou définitive ; pour avoir bénéficié d’aide et pour des bénédictions, etc. « Seigneur, nous voici en fin de semaine (…) ». L’aumônier est aussi un " vrai psychologue”. Il trouve des mots et des expressions justes pour commenter les passages de son évangile du jour. Le tout, dans une dose d’humour parfois : « Bonjour frères et sœurs ! Comment ça va ? », demande-t-il. « ça va », répondent les fidèles. « On rend grâce à Dieu », conclu-t-il. Puis, il égraine : "(….)Si partout dans le monde il y a la faim, des troubles, c’est parce que les hommes ont oublié de rendre à Dieu ce qui est à Dieu et à César ce qui est César (…..).

C’est vrai que les conditions de vie de nos prisons ne sont pas faites pour apprendre des leçons, car si on a faim, si on est malade, on ne peut pas apprendre... Mais ce qu’on apprend dans la douleur, c’est pour la vie". Relaxe, rassurant et éloquent, il décortique : « Si nous sommes ici, c’est parce que nous sommes en conflit avec notre société, avec les lois de notre société. (...). Rendons à Dieu ce qui est Dieu et à César ce qui est à César ». Il demande à chaque fidèle de présenter au Seigneur son intention qui lui tient à cœur. « Dieu, nous te demandons de les exaucer au nom de ton fils, notre Seigneur », achève l’aumônier après un moment de silence d’invocation dans la salle où l’on dénombrait aussi de nombreux fidèles GSP. Les actes et autres louanges se succèdent.

Les fidèles laissent exploser leur "contact" avec le Seigneur. GSP et pensionnaires brisent le "mythe" des rôles qui les séparent. Pas de chef. Le Seigneur est merveilleux !
Le passage pour la communion s’annonce autour de 9 heures 10. Pendant l’offrande, certains fidèles quittent leur place et se mettent à genoux. Les fidèles sont relaxes, ils se saluent, partagent des sourires. Puis, une évocation et c’est le passage devant l’orateur pour la communion. A 9 heures 40, la messe tire à sa fin avec les derniers actes, des informations, une présentation des visiteurs. Devant la maison de Dieu, les mêmes rangs comme ceux à l’arrivée se remettent en place pour le retour. Difficile séparation !

Autre lieu, même état d’esprit.

10heures 10, nous sommes au temple où venaient de prendre place nombre de fidèles issus des différents ’’quartiers’’ de la MACO. Parmi les nombreux fidèles visiteurs, les femmes dominent en nombre. En association ou individuellement, les visiteurs continuent d’arriver. Un groupe d’étudiants de l’Université de Ouagadougou nous est indexé par le corvéable. Ils occupent, avec les autres visiteurs, la rangée gauche de l’entrée principale du temple. Ce sont des associations qui viennent apporter leur soutien aux fidèles pensionnaires. Et ce genre d’initiatives d’encouragements ne se font pas rares, surtout du côté de l’église et du temple, nous indique un des corvéables des lieux. La prière avait déjà démarré avec le pasteur qui distille la parole de Dieu. Le pasteur n’est pas un pensionnaire, il est affecté également par la communauté.

Dans le temple, environ 200 fidèles. Ici également, tout y est aussi pour faire un temple. La chorale est mixte avec les corvéables et des fidèles de dehors car le nombre en ces lieux n’est pas stable : toujours des départs. Ici aussi, notre interlocuteur ne cache pas : « Les gens cherchent vraiment Dieu. Qu’ils aient noué avec la religion à leur entrée ici ou qu’ils aient été de fervents pratiquants avant d’y arriver ». Il relève également le cas de ceux qui se disent " trahis " par Dieu. « Pour certains, si on est un vrai pratiquant, ce genre de situation ne doit pas arriver. Ils pensent qu’au regard du degré de leur foi, ils ne devaient pas avoir leur place ici. C’est comme si tout ce qui se dit dans la religion ne les convainc plus ». Entre deux échanges, " notre " corvéable est au soin des arrivants. Il leur indique les espaces à occuper et donnent d’autres renseignements. Nos échanges, entre deux sollicitations de fidèles retardataires, vont à merveille. Notre "dépositaire" du temple n’hésite pas à faire sortir des passages du livre saint pour soit illustrer ses propos soit pour nous galvaniser à la culture des vertus sociales.

Les corvéables des trois lieux partagent la même vision de la religion, la même philosophie (religieuse) de leur séjour à la MACO et surtout le même dynamisme et enthousiasme et cela ne laisse pas indifférent. D’où leur "grande" contribution à la promotion des valeurs de solidarité entre fidèles de toutes ces confessions religieuses de ce lieu.

Solidarité par amour et par nécessité

A la maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou, le syncrétisme religieux se vit avec beaucoup de solidarité. « Si on a quelque chose, on les invite et ils en font également à notre égard. Nous sommes tous frères ici.. », nous dit le corvéable de la mosquée. Thèse soutenue par les corvéables de l’église et du temple pour qui : « Il n’y a pas de différence entre nous. C’est le même Dieu que nous prions. Nous fêtons la Tabaski et autres fêtes musulmanes avec eux comme ils le font pendant les fêtes chrétiennes avec nous. Chacun dans sa religion poursuit le même but que l’autre ; donc nous sommes des frères et sœurs, en plus d’être des humains, des Burkinabè...

C’est beau ainsi et cela nous aide à supporter la vie carcérale », estiment-ils. En quittant la MACO ce dimanche, un sentiment étrange nous habitait. Il n’a pas fallu du temps pour que nous nous rendions compte que l’air de la liberté nous avait vraiment manqué durant ces quelques heures passées avec les pensionnaires de la prison civile. Puisse Allah, Dieu leur donner la force pour surmonter cette épreuve de la vie et leur permettre de faire amende honorable s’il y a lieu ! A la veille du nouvel an, nous nous interrogeons sur comment ces pensionnaires accueilleront la naissance de l’enfant Jésus et le premier jour de l’an ? Bonne fête à eux !

Kader PALENFO

Le Progrès

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Vos commentaires

  • Le 29 décembre 2011 à 04:04 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Très belle initiative ; à la fin de l’article, on voit d’un autre oeil le milieu carcéral.

    • Le 29 décembre 2011 à 18:17 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

      J’en conviens, mais je trouve ce compte rendu un peu comme du voyeurisme. Regarder des gens pratiquer leur foi pour parler, surtout dans ce cadre, c’est un procès d’intention ni plus ni moins. Pourquoi ces jugements ?

  • Le 29 décembre 2011 à 08:27, par Aurélie En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Sacré journaliste ! Belle initiative !
    J’ai aimé la façon de concilier à l fois droits de l’homme, religions et promotion de l solidarité d cet article. Voici des initiatives qui contribuent à promouvoir bcp d valeurs dont notre société a besoin.
    Félicitations cher Kader PALENFO !

  • Le 29 décembre 2011 à 08:29, par le solutionneur En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Félicitation pour cet article bien présenté. J’ai personnelelemnt travailler pendant 9 mois auprès des priossonniers de la MACB (Bobo). cet article m’a fait revivre cet expérience. Au Burkina Faso, "nul n’est à l’abri d’un séjour en milieu carceral" chacun d’entre nous doit donc soutenir les actuels détenus, apporter sa moindre contribution pour améliorer leurs conditions de séjour. car on ne sait jamais si par un malheur nous passons labas, nous bénéficierons de ces conditions améliorer et si nous n’y passons pas, tant mieux nous n’avons rien perdu. Au Burkina Faso, beaucoup d’entre nous sont des hommes provisoirement libres. Dans un pays ou il n’y pas de justice sociale, les bons ou meilleurs comme les mauvais ou les pires se peuvent se retrouver en prison. d’utres y échappent. le fait d’y être ne veut pas toujours dire qu’on est si mauvais. des héros defendant l’interet collectif se sont souvent retrouver labas comme des bandits de garnds chemin, des assassins. Au Burkina Faso, il ya environ 3.000 personnes détenus dans nos maisons d’arrêt de correction (MAC). Si quelqu’un parviens à : 1)faire l’inventaire des motifs d’incarcération dans nos MAC et à classer ces 3.000 détenus selon la gravité de leurs motifs et 2) classer les 14.000.000 d’habitants libres selon des faits et gestes condamnables qu’ils ont commis ces 2 ou 5 dernières années, la personne se rendra compte que le plus grand "criminel" parmi les 3.000 prisonniers ne verra pas la poussière du 3001ème "criminels" parmi les hommes libres. Tout ceci pour dire que la justice humaine ayant son coté imparfait, beaucoup de "criminels", de vrais voleurs, des voleurs de la république, du peuple, les responsables de crimes politiques, économiques, etc. échappent à nos MAC. Courage à vous les détenus.le meilleure est à venir !

  • Le 29 décembre 2011 à 08:43 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    C’est cela aussi l vrai journalisme. ça sort de l’ordinaire. C’est vraiment bien de faire ressortir l fait que musulmans, catholiques, protestants..., nous sommes tous les mêmes. Ce sont ce genre d’efforts qui méritent d’être déployés qd on voit ce que l réligion crée ds certains pays. Le cas du Nigéria m’abat complètement. Que Dieu nous sauve !
    Que cet élan de solidarité entre religion soit préservé au BF !

  • Le 29 décembre 2011 à 09:43 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Pourvu que chaque prisonnier a sa sorti définitif de prison, qu’il ne recommence plus ce qui l’a amené en prison ;
    Et avoir espoir que les prisonniers se repentent sinon les cultes aurons servi à rien

    Et quand le prêtre ou le pasteur ou l’imam donne son sermon, c’est vraiment une guidance qui les juge.
    Esperons qu’ils deviendront de bonnes personnes

  • Le 29 décembre 2011 à 11:00 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    bel article cependant je pense que le titre ne convient pas au contenu.

  • Le 29 décembre 2011 à 11:12 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Merci pour cet article qui nous montre sous un nouveau jour le monde carcéral. Je salue sa précision ethnographique. Mais attention tout de même au vocabulaire. Cela fait des décennies que l’on n’utilise plus le terme de "race" ! Et la coexistence religieuse que vous observez dans l’avant dernier paragraphe est tout sauf du "syncrétisme".

  • Le 29 décembre 2011 à 11:39, par Joukov En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Oublient ils que hormis Saint jean, presque tout le reste des apôtres ont fini martyrs ?

  • Le 29 décembre 2011 à 11:55, par Nombamba En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Seigneur, éloigne moi de la MACO même si cet article de Kader me donne envie de constater de visu la communion de mes frères et soeurs autour de Ton unicité et de Ta présence dans le coeur de ceux qui, à un moment donné de leur vie, ont enfreint aux règles de la société.
    AMEN.

  • Le 29 décembre 2011 à 13:10 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Felicitations Kader pour ce papier

  • Le 29 décembre 2011 à 14:43, par BEN En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    very good job. prions tous pour blaise compaore lui qui adore les idoles des tenebres, tues et fait tuer, qui assiste les assasins, quand il aura fini son pelerinage ici ba, la maco de DIEU l,attend. a moins d,acheter la justice DIEU. MR KADER a ecrit que < quand ta bouche dit quelque chose, ton coeur doit l,accepter> valabre pour tous, y compris les autres journalistes, sans oubilers les autres. ns sommes tous in liberty provisoire partous qu,on puisse se trouver. alors nuisons moin. autrement dit y compris kader lui meme si tu rencontres le mauvais jour of the year, tu iras simplement a la maco

  • Le 29 décembre 2011 à 18:25 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    Vous voyez les femmes !

  • Le 30 décembre 2011 à 14:56 En réponse à : Jours de culte à la MACO : Dieu a-t-il trahi ses enfants… ?

    C’est du bon, ça donne envie de lire et de relire. Félicitations et plus de sujets de ce genre en 2012. On est fatigué des sujets politiques et autres analyses à nous couper le sommeil.

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