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GUINEE BISSAU : Un pays malade de son président et de son armée

Publié le mercredi 28 décembre 2011 à 01h32min

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Encore des bruits de bottes en Afrique contre un pouvoir démocratiquement élu ! Cette fois, c’est en Guinée Bissau, une ancienne colonie portugaise, que cela se passe. Le pouvoir a failli changer de main le lendemain de la fête de Noël (26 décembre) dans ce pays au passé fort marqué par des coups d’Etat. Il s’en est fallu de peu pour qu’on assistât à un putsch de Noël contre un grabataire, le président élu en 2009, Malam Bacaï Sanha, hospitalisé depuis fin novembre en France. Heureusement pour lui, son fauteuil a été sauvé. Et comme il fallait s’y attendre, en pareille situation, la chasse aux présumés auteurs a été ouverte.

C’est dans ce cadre donc que le chef d’état-major de la marine, le contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, soupçonné d’être le cerveau de cette « tentative de soulèvement », a été alpagué. Elément redouté de l’armée bissau-guinéenne, Bubo Na Tchuto a vite été accusé de vouloir occuper le vide créé à la tête du pays. Ses relations houleuses avec le chef d’état-major de l’armée, Antonio Indjai dont le quartier général a été pris pour cible par l’attaque du 26 décembre, et les accusations de trafic de drogue portées contre lui, en font un sérieux suspect. Toutefois, la question reste posée, de savoir s’il s’agit d’une tentative de coup d’Etat ou d’un règlement de comptes entre deux fortes têtes de l’armée.

Dans un pays où l’armée est beaucoup impliquée dans la vie politique pour avoir mené une guerre de libération contre l’ancien colonisateur, on ne peut pas complètement écarter la thèse du complot. N’empêche que la thèse des règlements de comptes internes à l’armée est plus plausible. C’est une lapalissade de dire que depuis l’indépendance du pays en 1974, l’armée est omniprésente comme dans la plupart des Etats africains. Malgré l’ouverture démocratique, elle gère le pouvoir directement ou indirectement. Quand ils estiment que leurs intérêts sont menacés, les chefs militaires n’hésitent pas à renverser le président élu comme ce fut le cas en 2003 avec Kumba Yala, arrivé au pouvoir en 1999.

Cette solidarité d’armes s’exerce aussi contre les hommes politiques qui seraient mal inspirés de remettre en cause l’hégémonie des grands chefs militaires. L’actuel Premier ministre Carlos Gomez Junior en sait quelque chose pour avoir été brièvement arrêté en 2010 par le même Bubo Na Tchuto, suite à sa volonté de faire venir dans le pays une force d’interposition de la CEDEAO. Le chef de l’Etat Nino Vieira n’a-t-il pas été sauvagement tué en mars 2009 du fait de sa mésentente et de sa défiance vis-à-vis du chef d’état-major de l’époque ? Cependant, la fraternité d’armes ne résiste pas aux luttes d’influence et de positionnement des galonnés. Au nom toujours d’intérêts purement égoïstes, les mêmes chefs militaires n’hésitent pas à se tirer entre les pattes.

Et, il est de notoriété publique que le chef d’état-major dont les bureaux ont été attaqués et le contre-amiral à qui l’on fait porter le chapeau de la dernière attaque, se haïssent cordialement. Leur inimitié a toujours représenté un danger pour les institutions et la paix sociale en ce sens que leur confrontation pourrait déstabiliser tout le pays. La preuve vient d’en être donnée avec les événements du 26 décembre. La Guinée Bissau ne souffre pas seulement de la maladie de son président qui est tout le temps soit à Dakar, soit à Paris pour des soins. Elle souffre aussi de son armée minée par des querelles intestines et le trafic de drogue. Pour que ce pays pauvre, soutenu à bout de bras par l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine), puisse connaître la stabilité, il faut que l’armée se départe de la politique pour rentrer définitivement dans les casernes. Et pour cela, un coup de pouce de la CEDEAO ne serait pas de trop.

Séni DABO

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 28 décembre 2011 à 13:10 En réponse à : GUINEE BISSAU : Un pays malade de son président et de son armée

    Ce n’est pas en Guinée Bissau seulement même chez nous il faut que l’armée se departisse de la politique. Cette institution gangrenée par la corruption, le nepotisme...Pour une armée comme la nôtre, comptez le nombre d’officiers superieurs et vous comprendrez qu’ici aussi c’est pas la joie.

    • Le 29 décembre 2011 à 13:19 En réponse à : GUINEE BISSAU : Un pays malade de son président et de son armée

      Djaaatii !!! Vous avez dit vrai. Nous sommes ici au FASO dans l’anti-chambre de cette Guinée Bissau. D’ailleurs, tous les pays qui portent le nom GUINEE ne marchent pas.... : Guinée Bissau, Guinée Conakry, Guinée Equatoriale, et même la Papouasie Nouvelle Guinée !

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