LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Libye : Moustapha Abdel Jalil dans les tourments

Publié le mercredi 21 décembre 2011 à 00h11min

PARTAGER :                          

On a l’impression que le vent a changé de direction. Moins de quatre mois seulement après la chute du régime de Mouammar Kadhafi, le Conseil national de transition est décrié. Depuis une semaine, une dizaine d’organes révolutionnaires, parmi lesquels, « les Chababs de la révolution », « l’Union de la révolution libyenn  », « le Mouvement des indépendants de Libye », « le rassemblement des Chababs libyens  », manifestent ouvertement des sautes d’humeur sur la place Al-chajara d’où est partie la contestation qui a emporté le régime de l’ex-guide Kadhafi. Ces mouvements qui ont activement pris part à la victoire de l’organe suprême de transition reprochent suffisamment de faits au président du CNT, Moustapha Abdel Jalil et quelques-uns de ses lieutenants.

Ils estiment que Benghazi est marginalisée et oubliée. Ils relèvent le manque de liquidité dans les distributeurs bancaires, le ralentissement des activités dans le secteur des services et la paralysie dans tous les établissements de l’Etat. Plus grave, ils rouspètent que le Conseil est un organe aux contours opaques dont la gestion laisse à désirer. Conséquences, des manifestants ne se sont pas fait prier pour brûler des posters de M. Abdel Jalil. Ce sont des scènes qui rappellent les folles périodes de l’irréversible marche des ex-insurgés qui, chaque fois qu’ils s’emparaient d’une cité, incendiaient tous les souvenirs du supposé dictateur défait, le 20 octobre dernier. Même si les évènements actuels n’ont pas atteint une telle ampleur, on peut affirmer que la lune de miel avec les habitants de Benghazi a fait long feu, à telle enseigne que l’on se demande si c’est le début du divorce.

Le président de l’appareil politique de transition n’a même pas eu le temps de digérer complètement l’euphorie de la prise du pouvoir qu’il doit faire face à la réalité, dure et amère. Qu’il entreprenne une action, on lui reproche d’agir en faveur d’un tel, qu’il réagisse en tenant compte des appréhensions, on l’accuse à nouveau d’ignorer tel autre. A l’heure qu’il est, il est pris en tenailles entre plusieurs entités qui, selon toute vraisemblance, luttent pour l’amélioration de leur quotidien. Avec des arguments qui font mouche, elles manœuvrent comme si Moustapha Abdel Jalil avait sollicité leur soutien en vue d’organiser leur exploitation de concert avec l’extérieur et d’anciens bonzes du régime défunt.

On croirait qu’elles l’attendaient de pied ferme. Ou bien c’est parce qu’elles tiennent à le maintenir sous pression pour éviter de désenchanter comme c’est le cas chez le voisin des bords de la mer rouge ? ? C’est de bonne guerre, mais si rien n’est fait pour stopper l’hémorragie qui n’est qu’à ses débuts, des manifestants d’autres villes pourraient débouler dans les rues. Et des groupes fantoches pourraient tenter de récupérer le mouvement.?Les risques sont bien réels dans un pays en lambeau où les hommes en armes sont encore maîtres du jeu.

C’est pourquoi le président du Conseil national de transition, Moustapha Abdel Jalil, qui risque gros, ne devrait pas feindre l’indifférence. Il n’aura pas d’excuse, avisé que quiconque, il n’est pas sans savoir que l’ennemi commun vaincu, chacun de ses faits est suivi à la loupe et interprété. Il a donc intérêt à revoir la structure de commandement du Conseil national de transition, l’organiser en faisant sien l’avertissement selon lequel ? : ?«  ?lorsque les pâtres qui doivent faire rentrer le petit bouc dans l’enclos sont nombreux, il passe la nuit dehors ? ». C’est comme ça qu’il pourra reprendre la main, contrer le scepticisme ambiant d’une partie de la population embarquée dans une logique de contestation qui fait florès parmi des citoyens qui estiment qu’on veut voler leur révolution.

Ce n’est qu’après avoir réglé cette question qui s’apparente à un détail qu’il pourra, au dessus de tout soupçon, s’attaquer véritablement aux différents axes qui ont été définis dans la feuille de route du CNT. Autrement dit, il s’en tirerait avec une image totalement écornée avec un pays qui perdrait inutilement le temps sur le chemin de sa lente, mais irréversible marche vers la démocratie et le progrès.

Adama BAYALA (badam1021@yahoo.fr)

Sidwaya

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 22 décembre 2011 à 14:37, par TAO En réponse à : Libye : Moustapha Abdel Jalil dans les tourments

    les lybiens n’ont rien vu d’abord. ce n’est que le début du commencement. vous vivrez l’enfer. vous voudriez un jour réssuciter le guide libien, MOUAMMAR KADHAFI.

  • Le 27 décembre 2011 à 13:04, par ch7que En réponse à : Libye : Moustapha Abdel Jalil dans les tourments

    comme la dit TAO,les libyens se sont mis la paille à l’œil en se révoltant contre le régime du "Guide".Vivre l’enfer,comme le souligne TAO pour la population libyenne, je crois que c’est trop dit ;mais en ce que je saches ce n’est que le début du commencement car ces présumés dirigeants ou leaders n’en ont pas assez pour penser a la population. Ils se sont laissés berner par l’occident, qui ne voit que ses intérêts.
    Parfois, l’être humain a besoin de leçon(agresser,bastonner,et pire) pour pouvoir prendre conscience. je croit que cela devrait être une leçon pour la Libye et surtout pour tout le continent africain." NI EN LARA, EN SARA" Pain et liberté pour le peuple.

  • Le 28 décembre 2011 à 10:50, par saifane En réponse à : Libye : Moustapha Abdel Jalil dans les tourments

    Ce qui se passe en Libye ne surprend guère,une démocratie se construit,et la demarche pour y arriver est parchemer d’embuche.Cadafi ne sera pas la victime il faudra au moins des decenies pour que la libye rattrape les pays soitdisant de la democratie.

  • Le 30 décembre 2011 à 15:23 En réponse à : Libye : Moustapha Abdel Jalil dans les tourments

    c’est vrai ils vont le regretter de toute leur vie .Ils vont comprendre plus tard.
    Je suis heureux parce qu’ ils voudront ressuscité le guide mais cela ne sera plus possible. Bon vent à eux ! Dommage

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique