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CLASSES SOUS PAILLOTE AU KOURITTENGA : Etat des lieux désolant au lycée d’Andemtenga

Publié le mardi 20 décembre 2011 à 00h15min

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Des élèves de 12 ans parcourent 60 kilomètres (Wenènga– Andemtenga) par jour à vélo pour recevoir des cours dans des classes sous paillotes au Lycée départemental de la réforme d’Andemtenga. Dans la perspective d’atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), et donc de l’éducation pour tous d’ici à 2015, l’Etat burkinabè a élaboré une batterie de mesures dans le secteur de l’éducation au nombre desquelles des érections de Circonscriptions d’éducation de base (CEB) en CEB de réforme, des lycées classiques en lycées de réformes, des recrutements en "masse" d’enseignants et d’élèves dans les différentes écoles respectives.

Ces mesures contribuent à accroître l’offre éducative au Faso. Mais dans quelles conditions et à quel prix ? Un constat dans la commune d’Andemtenga de la province du Kourittenga nous permet de vous présenter les réalités dans le lycée de la réforme d’ Andemtenga.

Le lycée de la réforme d’ Andemtenga est sise dans la commune rurale d’Andemtenga sise à environ 17 km de Koupèla dans la région du Centre-Est. Seulement les procédures et les conditions d’accès dans ce lycée sont différentes des autres lycées publics. En effet, sont admis dans ce lycée prioritairement les élèves, ressortissants de la commune reçus au Certificat d’études primaires (CEP) sans autres conditions. Quel que soit le nombre d’élèves certifiés de la commune, le lycée doit les recevoir sans conditions de places disponibles ni de test sélectif.

Lorsqu’on y arrive, on trouve des classes sous des hangars à l’instar des parking aménagés de cycles. Ce sont des classes de 6e que certains élèves, comme Poko Singbéogo de la classe de 3e, qualifient de parking et demandent à l’Etat de prendre ses responsabilités. En effet, à peine libérés par les locataires, ce sont les vélos et motos des élèves et des professeurs qui prennent le relais. Ces hangars ont été momentanément construits pour pallier le manque de salles de classe afin d’accueillir tous les élèves certifiés de la commune, à en croire les autorités locales. Les hangars sont sans porte et entourés quelquefois de "seccos" et souvent, rien du tout, au sol nu et poussiéreux. Ce sont des logis potentiels de serpents et autres reptiles dangereux qui menacent la sécurité des élèves. Et Abdoul Rahim Kaboré de la 3e de relever avoir vu un jour un serpent dans une des classes.

‘‘Cela n’encourage pas et ne donne pas envie aux élèves de fréquenter un tel lycée surtout pour des élèves qui doivent parcourir plus de 30 kilomètres pour venir et faire la même distance pour repartir tels les élèves venant du village de Wouènga’’, a-t-il regretté. ‘‘Nous méritons mieux que ça et nous demandons à l’Etat et aux personnes de bonne volonté de venir construire des salles de classe normales pour nous car nous souffrons beaucoup de la précarité de ces conditions de travail et cela affecte négativement notre rendement scolaire. Le lycée compte 6 classes de 6e toutes sous paillote et dans chaque classe, on dénombre un effectif minimal de 80 élèves", a conclu l’élève Kaboré. Pour Robert Yaméogo, "nous ne sommes pas des sinistrés et nous demandons à l’Etat de construire des salles de classe normales comme dans les autres lycées du Burkina".

60 km par jour pour chercher le savoir

Le proviseur et les parents d’élèves, quant à eux, reconnaissent la souffrance du corps professoral et des élèves. Eux aussi demandent aux personnes de bonne volonté de les accompagner à transformer ces hangars en véritables salles de classe. Pour Nonguema Kaboré, maire de la commune d’Andemtenga, ‘‘nous avons un sérieux problème d’insuffisance d’infrastructures scolaires et surtout post-primaires. Le seul lycée départemental de la commune n’arrive pas à recevoir tous nos élèves. Ce qui est encore plus frappant, c’est le cas des centaines d’élèves, venant des villages très éloignés du lycée comme celui de Wouènga (filles comme garçons dont l’âge varie de 12 à 16ans), qui parcourent plus de 30 kilomètres, soit 60 en tout par jour, pour suivre les cours. Cette situation est la principale cause d’abandon de l’école par plusieurs élèves.

Le taux d’abandon est plus élevé chez les filles avec des cas de grossesses indésirées enregistrés. Pire, des rumeurs font état de fréquents viols des filles au cours de leur parcours", a laissé entendre le maire Nonguema Kaboré. Il y a aussi le taux d’échec élevé imputable à la distance et au fait que les élèves qui restent à midi à l’école n’arrivent pas à se restaurer. Conséquence : la faim ne leur permet pas de bien suivre les cours et de traiter les devoirs des après-midi. Une autre difficulté est le manque criard de salles pour accueillir les nouveaux élèves de 6e. Plus de 700 élèves étaient attendus en 6e en octobre 2011 pour 7 classes sous paillotes disponibles. A cet effectif, il faut ajouter les redoublants de 6e et les nouveaux élèves de 2nd et de 1re. "Pour faire face à ces problèmes, nous demandons à l’Etat, aux amis et aux ressortissants de la commune, aux opérateurs économiques et à des ONG comme Plan Burkina de nous aider à construire un collège à Wouènga qui est d’ailleurs le plus gros village et le plus éloigné de la commune", a lancé le maire Nonguema Kaboré.

Keynes Abdoulaye KOUANDA (Correspondant)

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 20 décembre 2011 à 10:57 En réponse à : CLASSES SOUS PAILLOTE AU KOURITTENGA : Etat des lieux désolant au lycée d’Andemtenga

    Ceux qui parlent du Burkina comme un pays émergent devraient quitter "Ouagda 2000", pardon Ouaga 2000 pour aller voir ce qui se passe dans le pays réel ; ils en auraient honte !

  • Le 20 décembre 2011 à 11:40, par Bi NABIE En réponse à : CLASSES SOUS PAILLOTE AU KOURITTENGA : Etat des lieux désolant au lycée d’Andemtenga

    M. Kouanda, si l’objectif de votre écrit est de conscientiser et mobiliser les ressortissants de cette commune, d’accord. Mais si c’est pour que tout le pays s’apitoye sur votre sort, alors, je vous dirais de quitter dans ça.

    Mon village s’appelle Kabourou c’est dans les Bale. Nous avions construit notre école primaire en 1981 sans 1 franc de l’Etat. C’était avant la révolution. Nous avions construit notre CSPS, sans aide de l’Etat. C’était en 2005. Alors si vous, vous avez bénéficié de l’aide de l’Etat pour votre CEG devenu lycée, estimez-vous heureux. Du moins si tant il est vrai que vous n’êtes pas plus burkinabè que nous. Actuellement, nous nous demandons une simple autorisation d’ouverture d’un CEG et on nous demande des garanties pour celui qui va nous le construire. Comme si nous avons jamais obtenu quelque chose de l’Etat en déhors des agents qu’on nous affecte.

    A force de vouloir tout de l’Etat, on en vient à oublier nos capacités et responsabilités. Je ne vous dénigre pas, mais commencez par vous battre. Vous avez les moyens de le faire.

    Pour les enfants qui font 30km, là, je pense que leurs parents sont tout simplement irresponsables. Je n’ai pas besoin de m’apesantire sur les raisons.

  • Le 20 décembre 2011 à 12:00, par ben En réponse à : CLASSES SOUS PAILLOTE AU KOURITTENGA : Etat des lieux désolant au lycée d’Andemtenga

    c’est la triste réalité du Burkina Faso quand tu fais quelques 100km hors de Ouagadougou.

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