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Libye : Les nouvelles autorités à l’épreuve de la démocratie

Publié le vendredi 16 décembre 2011 à 00h09min

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Les journées de lundi et de mardi ont été particulièrement chaudes pour les nouvelles autorités libyennes : en effet, des milliers de personnes ont manifesté publiquement pour dénoncer le Conseil national de transition (CNT), que dirige Moustapha Abdeljalil. Et comme par miracle, cette protestation s’est déroulée à Benghazi, la ville même d’où est partie l’insurrection qui a mis fin à la révolution libyenne et à la vie de son emblématique guide, Mouammar Kadhafi. Et depuis sa disparition, c’est la première fois que les membres du CNT sont ouvertement confrontés à des protestations. C’est le signe annonciateur d’une nouvelle Libye où plus rien ne sera comme avant et dont le peuple est prêt à payer le prix qu’il faut pour jouir des délices de la démocratie parmi lesquels le droit de regard sur la gestion du pouvoir.

Outre cette revendication, les protestataires exigent qu’une bonne part du gâteau soit accordée aux anciens rebelles et aux blessés du mouvement anti-Kadhafi.

Nous avions déjà écrit dans nos colonnes, au sujet de la gestion du pouvoir après Kadhafi, que « le plus dur commence » et qu’il est « habituellement plus facile de conquérir le pouvoir ensemble que de le gérer ensemble ». Les derniers évènements en Libye, pour ne pas dire l’histoire, semblent nous donner raison. Le seul dénominateur commun qui unissait la horde de contestataires du régime, notamment les rebelles libyens et leurs alliés de tous horizons, c’était le départ du colonel Mouammar Kadhafi.

La mission, ils l’ont bel et bien accomplie, voire au-delà de leurs attentes, puisqu’ils sont parvenus à anéantir leur ennemi commun : l’empereur des empereurs d’Afrique, Kadhafi en qui ses tortionnaires voyaient le führer et dont le seul tort a été de penser qu’il suffisait de donner à manger à son peuple au détriment de la liberté à laquelle aspire l’homme une fois rassasié.
Maintenant que Kadhafi est loin, à jamais, du pouvoir, ses successeurs sauront-ils concilier « le pain et la liberté » pour l’épanouissement de leurs concitoyens ?

C’est là la grande équation à plusieurs inconnues que les nouvelles autorités libyennes doivent nécessairement résoudre à défaut de se voir partir comme ils sont venus, dans ce contexte de bourrasque arabe dont les rafales continuent de braver les vagues des océans et les dunes mouvantes du Sahara pour troubler le sommeil des derniers despotes du globe. Dans tous les cas, Moustapha Abdeljalil et les siens ont promis une Libye libre et démocratique, et leurs concitoyens tout comme la communauté internationale les attendent à l’échéance de la transition.

En attendant, ça semble être la panique à bord du navire CNT ; le capitaine, Moustapha Abdeljalil, ayant vite fait de promettre aux protestataires plus de transparence dans la gestion du pouvoir à travers diverses mesures dont l’activation du site Internet du CNT qui va « donner la liste de ses membres, leurs CV et rendre publiques toutes ses activités ». Dans le même temps, comme pour éteindre les étincelles de Benghazi, l’épicentre du mouvement qui le menace, le CNT s’est engagé à faire de cette localité la capitale économique de la Libye.

Il reste maintenant à savoir si cela calmera, incha’Alla, les assoiffés de la démocratie de Benghazi. Ses alliés aux intérêts inavoués, qui l’ont aidé à réduire à néant le guide de la Révolution, voleront-ils à son secours avec une thérapeutique pour que les Libyens ne perçoivent pas l’ère Kadhafi comme l’âge d’or ?

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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