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Mahamoudou Ouédraogo, ancien ministre burkinabè de la Culture : « Il nous faut des chiens de garde de nouvelles technologies »

Publié le vendredi 9 décembre 2011 à 17h46min

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L’ancien ministre de la culture et actuel conseiller à la Présidence du Faso, Mahamoudou Ouédraogo est l’un des géniteurs des Université africaines de la communication (UACO). C’est donc à tout seigneur, tout honneur qu’il a ouvert le bal des communications de la présente édition de la manifestation. Les mutations technologiques et leurs impacts sur le secteur de l’information, c’est sous ce thème qu’il a planté le décor des conférences. Dr Ouédraogo a exprimé la nécessité pour les médias traditionnels de prendre un nouveau souffle pour s’adapter et saisir les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il a par ailleurs fait cas des nouveaux défis auxquels sont confrontés les médias et leurs acteurs. Interview.

Lefaso.net : Que pensez-vous du thème choisi pour ces présentes UACO ?

Mahamoudou Ouédraogo : Le thème est pertinent parce qu’il est incontournable et inévitable. Qu’on le veuille ou pas, nous sommes déjà dans le monde de demain. Aujourd’hui, c’est demain. Cela veut dire que nous ne devons pas être des analphabètes du 21è siècle. Celui qui ne sait pas manipuler l’outil informatique, se débrouiller avec l’Internet, est du siècle passé. Nous devons avoir un regard endogène. Nous ne devons pas regarder les nouvelles technologies avec les lunettes de l’occident mais plutôt avec les lunettes africaines, burkinabè. La technologie appartient à tout le monde. Peu importe où cela a été créé. Mais si nous ne prenons garde, nous serons toujours des consommateurs et non des producteurs. Il faut aussi produire nos usages des nouvelles technologies. Il faut que l’on crée des chiens de gardes de nouvelles technologies. C’est-à-dire marquer les bonnes limites et les dangers. Si nous ne le faisons pas, nous mettons en danger notre société et surtout les plus fragiles c’est-à-dire les enfants et les adolescents.

Vous avez dit dans votre communication que le journalisme de misère mène à la misère du journalisme. Qu’est-ce que cela signifie ?

Le journaliste n’est pas un surhomme, il n’est pas en dehors de la société. Il est tiraillé par les besoins que les autres membres de sa communauté ont. Si vous avez un journaliste pauvre, il devient fragile par rapport à la corruption, à tout ce qui est manquement grave à la déontologie, à l’éthique et à la morale. Personne ne peut dire le contraire. Ce n’est pas parce qu’on est différent que l’on va au journalisme mais parce qu’on a la vocation. Seulement il y a une grande responsabilité qui incombe au journaliste dans la mesure où ce qu’il fait engage le devenir des gens ou leurs comportements.

La responsabilité sociale du journaliste doit-elle l’amener à occulter certaines vérités pour maintenir la quiétude sociale ?

La vérité est un mot difficile à cerner. La vérité est souvent le produit de notre imaginaire, de nos convictions, de notre background et quelque part aussi de la vérité de votre employeur. Si je suis employé d’un journal qui est de l’opposition, je traduirai ma part de vérité, ma vérité selon ma position idéologique ou politique ou de la ligne éditoriale de mon journal, de ma radio ou de ma télévision. Mais cette part de vérité ne veut pas dire que si d’autres pensent autrement, ils sont des menteurs. Nous avons donc des fragments de vérité à donner aux téléspectateurs, aux auditeurs et aux lecteurs. Il faut prendre garde à croire que nous disons toujours la vérité et rien que la vérité. Le journaliste n’a pas le monopole de la vérité.

Les UACO sont-elles devenues ce à quoi vous pensiez en les créant ?

Oui, les UACO ont pris un bel envol. Avec la détermination des responsables actuels de la communication, je pense que dans quelques années elles seront réellement panafricaines. C’est à l’honneur des burkinabè de toujours créer des structures qui sont panafricaines par vocation parce que nous ne pouvons pas vivre dans les frontières étriquées du Faso. Notre avenir sera plus radieux si nous travaillons à l’échelle du continent africain. Cela est valable pour les autres pays du continent. Hors du panafricanisme, il n’y a pas de salut.

Propos recueillis par Tiga Cheick Sawadogo(Stagiaire)
Ph. Bonaventure Paré

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