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TGV EN FRANCE : Quel impact sur la crise malgache ?

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 00h29min

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Le train à grande vitesse mis sur rail par le président de la transition malgache, depuis son coup d’Etat de mars 2009, qui ferraillait contre tous les obstacles devant lui dressés, serait-il enfin sur le point d’entrer en gare ? Le bout du tunnel semble, en tout cas, pointer à l’horizon pour Andry Rajoelina, alias TGV. Il semble avoir repris officiellement langue avec la communauté internationale depuis la mise en œuvre de la dernière feuille de route. Le tombeur de Marc Ravalomanana (le grand perdant de ce retour en grâce de TGV) a, en effet, accepté de signer un accord de sortie de crise proposé par une médiation internationale.

Cette avancée, dans le processus de sortie de crise à Madagascar, s’était traduite par la nomination d’un Premier ministre de consensus, la formation d’un gouvernement d’union nationale et la mise en place d’un nouveau Parlement de transition. Les retombées de cette nouvelle tournure des négociations entre les acteurs politiques malgaches n’en ont été que prépondérantes pour l’homme fort de la Grande île. La première reconnaissance est d’abord venue des Nations unies qui lui ont ouvert leur tribune en septembre dernier. Ce fut ensuite le tour de l’Union européenne de desserrer l’étau de ses sanctions en annonçant la reprise progressive de ses aides à Madagascar.

C’est à ce concert de reconnaissances de l’effort du pouvoir de Tananarivo que la France compte joindre sa voix en chantant la première et la plus haute des partitions. En attendant donc les décisions de la rencontre de l’Union africaine sur les sanctions imposées à des personnalités du régime malgache, le pays du président Nicolas Sarkozy a déjà déroulé, pas plus tard qu’hier, son tapis rouge au président TGV. Le ciel des relations franco-malgaches semble d’autant plus éclairci qu’en sus des honneurs qu’a reçus TGV sur le perron de l’Elysée, celui-ci est retourné au pays avec une mallette officielle de 10 millions d’euros pour le compte de l’aide au développement.

Les choses vont tellement vite entre l’Hexagone et son ancienne colonie que l’on est tenté d’adhérer à la thèse de ceux qui ont toujours soutenu que l’ex-métropole a toujours apporté un soutien tacite aux autorités malgaches. Quel deal peut-il alors bien exister entre Sarkozy et Rajoelina pour que le premier brûle autant d’ardeur et de zèle à redonner du tonus aux relations franco-malgaches ? Il n’est un secret pour aucun observateur averti des relations entre Etats que le caractère fréquentable d’un dirigeant, fût-il putschiste, est proportionnel à sa capacité à préserver les intérêts géostratégiques de sa puissance de tutelle. Et, des intérêts français à défendre, ce n’est pas ce qui manque à Madagascar.

L’ancien disc jockey a sans doute trouvé dans sa discothèque d’ancien animateur radio, le tube qui a su plaire à son homologue français. En intermédiaire ou interprète chevronné, ce dernier s’est sûrement chargé d’en reproduire un bon bout à ses pairs européens pour obtenir leur clémence à l’égard de son ami malgache. Mis au ban de la communauté internationale depuis son coup de force qui a fait de lui un usurpateur de titre, Rajoelina sera à coup sûr absous de ses péchés, comme ce fut d’ailleurs le cas pour bien de ses devanciers en la matière. Qu’à cela ne tienne, le principal étant de savoir quel impact cet arrangement au sommet aura sur la crise dont les effets pervers n’épargnent guère les populations à la base. La communauté internationale a-t-elle prévu les garde-fous nécessaires pour garantir à cette énième feuille de route qui semble susciter des espoirs, toutes les chances d’aboutir ?

Les retournements de veste ne sont pas des pratiques méconnues du chef de l’Etat malgache. Celui-ci a déjà foulé aux pieds des engagements qu’il a pris sous la houlette de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Avant donc de lui rouvrir les vannes de leur générosité, les autres Etats et organes internationaux ne seraient nullement trop prudents en se prémunissant contre toute éventuelle roublardise du gouvernement malgache. Ils ne doivent d’ailleurs pas se hâter de lever toutes les mesures punitives prises contre les membres du gouvernement de transition avant la mise en œuvre exhaustive de la feuille de route. La Troïka, l’organe de coopération en matière de politique, de défense et de sécurité de la SADC, a déjà proposé un agenda de sortie de crise qui prévoit la tenue des élections avant décembre 2012.

L’institution sous-régionale d’Afrique australe a toujours fait preuve de dynamisme, de sollicitude et de disponibilité quand il s’agit d’accompagner les parties malgaches dans la recherche de solutions à la crise que traverse leur pays. Mais cela n’a pas empêché celles-ci de la tourner souvent en bourrique. Maintenant que la SADC semble tenir le bon bout avec l’importante implication de la communauté internationale, elle doit mettre toutes les chances de réussite de son côté en ouvrant le bon œil. Car, la mise est trop grosse en termes de concessions faites au régime de Madagascar, et le moment trop crucial, pour risquer de rater le coche.

"Le pays"

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