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Radio communautaire Bama Pilé : Quatre agents bénévoles à la rue, depuis trois mois

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 00h29min

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Depuis le 1er septembre 2011, neuf techniciens et animateurs de la Radio communautaire Bama Pilé ont été suspendus, par une note du comité de gestion de ladite radio. Cette suspension qui fait suite à un « malentendu » entre le directeur et ces agents le jour de la fête de Ramadan, a abouti à la fermeture de la radio. Elle court toujours pour quatre d’entre eux, alors que les cinq autres ont repris service.

Le 29 août 2011, le directeur de la radio Bama Pilé, Mahamadi Konkobo, rencontrait le personnel pour lui dire qu’il y aura un programme spécial le lendemain, jour de la fête de Ramadan. Ainsi, la radio qui d’habitude fonctionne de 6h à 9h et de 18h à 22h devrait, ce jour-là, émettre en continue. Pour ce faire, il a fait aux animateurs et techniciens, une proposition de 1 ?000 F CFA par personne, destinée à les motiver. Seulement, a-t-il dit, il ne dispose pas de cette somme d’encouragement pour le leur remettre le même jour. Il a alors demandé à ceux qui le peuvent, d’assurer l’antenne.

Ceux à qui la proposition ne convenait pas pouvaient ne pas venir pour ces heures supplémentaires. L’ensemble du personnel qui a trouvé que cette proposition ne lui convenait pas, a refusé d’assurer l’antenne ce jour de Ramadan. C’est en somme, la situation qui, selon le représentant du personnel, Salif Bagagnan, a conduit à leur suspension à compter du 1er septembre 2011 jusqu’à nouvel ordre, par note du comité de gestion de la radio en date du vendredi 2 septembre. A entendre Soumana Sanou, le président du comité de gestion de la radio, cette suspension qui leur demandait une lettre d’explication dans les 72 heures qui suivaient, visait à comprendre les causes réelles de la fermeture de la radio. Le 29 août, a-t-il expliqué, la radio n’a pas pu émettre pour panne du matériel. Le lendemain, jour de Ramadan, les agents devaient animer avec du matériel trouvé ailleurs.

« Le directeur m’a dit que les animateurs refusent de travailler et ont fermé la radio sans revendications, ni préavis de grève. Ils menaçaient également de frapper les techniciens qui ouvriraient la radio et de casser le matériel », a-t-il soutenu. Pourtant, rétorque le chef du personnel, Salif Bagagnan, il ne s’agit aucunement d’une grève, mais d’un refus de la proposition du directeur. A propos de ces versions divergentes, nous avons poursuivi, trois semaines successives, le directeur, qui a refusé de nous recevoir, sous prétexte d’un manque de temps. De même, une équipe de la section des Hauts-Bassins de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), qui a vainement intervenu dans le problème, n’a pu le rencontrer. Pour Soumana Sanou, quand le comité s’est réuni, il est ressorti qu’il y a deux personnes qui étaient les meneurs.

Cependant, le comité a jugé bon de suspendre les 9 techniciens et animateurs. Avec la persistance de la situation, le chef du village interviendra pour concilier les positions. Selon Oumarou Sanou, l’un de ses fils et représentant de la chefferie coutumière à la commune de Bama, leur intervention dans la crise a consisté à interpeller les responsables de la radio, les animateurs et les notables de Bama, pour parler de cet outil très précieux pour les populations. « Nous avons souhaité qu’on les reprenne tous », a-t-il soutenu. Le comité de gestion qui a accepté le principe leur a cependant exigé des lettres de « repentance » tout en imposant que dorénavant, pour venir dans la radio, il faut que l’association d’origine de l’agent l’autorise à y venir à travers un document signé, afin de pouvoir se référer à elle quand il y a des problèmes.

Selon le président Soumana Sanon, les 5 premiers qui ont écrit leurs lettres d’excuses, dans un bref délai, ont été acceptés. « On a donc instauré un petit contrat individuel jusqu’à la fin de l’année et à partir de janvier 2012, les agents viendront à la radio, selon les textes qui sont en cours d’élaboration », a-t-il renchéri. Il précise par ailleurs que les quatre autres, dont deux femmes et deux hommes, ont écrit par la suite leurs lettres d’excuses, mais que le comité n’a pas encore eu le temps de les examiner. Déjà, la radio a retiré au représentant du personnel, Salif Bagagnan, la moto de reportage qu’il avait. La radio, a rappelé le président du comité de gestion, a commencé à émettre en 2009, avec la coopération décentralisée entre le département de la Haute-Vienne en France et la commune de Bama. Le village a alors choisi ses représentants qui, selon le maire de la commune de Bama, Siaka Sanou, faisaient déjà partie des clubs d’écoute mis en place. « On n’a recruté personne avec un diplôme.

Au début, on a été clair avec eux, en leur expliquant qu’il s’agit du bénévolat », a soutenu Soumana Sanon à propos des revendications pécuniaires des agents. Même son de cloche pour le maire qui estime qu’il n’était pas prévu des salaires, mais seulement que chacun puisse contribuer à sa manière, au développement de la commune. Qu’à cela ne tienne, ont expliqué les agents, « pour une sortie de terrain, nous n’avons droit qu’à 2 ?000 F CFA comme frais de reportage, incluant le coût du carburant et celui des piles, même si le reportage est facturé ». Reconnaissant cependant qu’il n’est pas facile de travailler sans intéressement, le maire préconise que la radio comptabilise les frais de reportage pour les leur remettre en fin de mois. Il dit espérer qu’en janvier 2012, tout va rentrer dans l’ordre, étant donné que la radio est un bien collectif.

En tout les cas, a-t-il prévenu, « dans son contexte actuel, la radio ne peut pas se permettre d’embaucher des agents salariés. Ne détenant pas de fonds, ce serait mentir que de promettre des salaires qu’on ne pourra jamais payer ». Il précise d’ailleurs que le département de la Haute-Vienne a donné 8 millions pour les formations, les taxes du Bureau burkinabè des droits d’auteurs (BBDA) et ceux de l’Agence de régulation des télécommunications (ARTEL). Siaka Sanou confie également que les agents soutiennent sans preuve, que la somme de 14 millions de F CFA a été détournée à la radio. Depuis trois mois déjà, les quatre agents « errent » à Bama, ne sachant plus à quel saint se vouer. Ils dénoncent surtout la « discrimination » qui a prévalu dans la reprise des cinq autres.

Jean-Marie TOE

Sidwaya

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