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ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

Publié le mercredi 7 décembre 2011 à 02h26min

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Les dés seraient-ils pipés d’avance ? Toujours est-il que la partie apparaît très sérieuse à Ouagadougou pour les 1500 délégués aux assises nationales sur les réformes politiques. L’une des questions qui titillent les esprits, c’est de savoir si le délai de trois jours serait suffisant pour trancher de questions aussi épineuses que celles relatives à l’article 37 sur l’éventuel renouvellement du mandat présidentiel ? La fixation sur cet article est telle qu’elle empoisonne la vie politique. La classe politique s’en trouve divisée. N’en déplaise à certains, durant la crise ; nul n’a revendiqué la mise en place d’un Conseil consultatif pour les Réformes Politiques (CCRP) ! Personne ne s’en cache également : les propositions non consensuelles traduisent, en réalité, un rejet de l’éventuelle révision de l’article 37.

Organiser un référendum donnerait le sentiment qu’il y a une volonté manifeste d’entourlouper le citoyen. Mais avec qui l’organiser et comment, puisque la CENI, elle-même, a préféré faire reculer la date des législatives et des municipales couplées ? En effet, le fichier électoral a fait l’objet d’un rejet de la part même de la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Comment donc aller au référendum en l’état, comme le laissent supposer des caciques du régime ? Selon des opposants, le pays n’est techniquement pas prêt pour s’engager dans une consultation électorale.

Ce serait donc une provocation que de s’engager sur un chemin sans issue. En cas de référendum, où trouvera-t-on le nerf de la guerre, l’argent devant servir à financer l’opération si tant est que le budget d’une consultation référendaire soit consistant ? Autres points qui suscitent des inquiétudes : qui va mettre en œuvre les décisions issues des rencontres ? Le gouvernement ? Comment peut-il être en même temps juge et partie ? Aujourd’hui, le besoin de structures indépendantes et impartiales se fait de plus en plus sentir. Il en est ainsi des structures de suivi de la mise en œuvre des décisions issues des réformes envisagées. Pour d’autres critiques, le système bicaméral pour lequel le pouvoir semble pencher, ne saurait convenir à un pays pauvre comme le Burkina Faso.

Non seulement, il coûtera cher, mais encore il donnera plus de visibilité et de poids à la chefferie. Celle-ci gagnerait pourtant à se tenir à l’écart des joutes oratoires des acteurs politiques, sans égard pour les statuts de dirigeants devant promouvoir la culture locale, et "régner" dans des conditions d’impartialité évidentes. En fait, on persiste à donner du Burkina l’illusion qu’au plan de la démocratie, tout se passe bien à l’intérieur. Aux yeux de certains dignitaires du régime de la quatrième République, l’expérience démocratique serait devenue une recette pour consommation extérieure. Certes, l’on ne saurait nier l’existence de libertés, somme toute relatives. Il reste que l’absence d’un dialogue véritable entre le pouvoir et l’opposition, les tensions multiformes, la vie chère sur fond de concurrence déloyale, l’état endémique de la corruption, montrent bien que l’on fait du surplace !

Pour certains, la crise appartient à un lointain passé. Pourtant, si elles en ont été un symptôme révélateur, les mutineries des mois précédents n’ont pas pour autant débouché sur un réel solutionnement de la crise. En tout cas, elles auront suffisamment démontré que le Burkina souffre de graves lacunes au plan du droit et qu’il y a des entorses sérieuses à la démocratie républicaine. Dans ce pays, les injustices sociales sont un véritable cancer et comme tel, elles sont difficilement curables. Les défenseurs du système savent-ils par exemple, qu’en dehors des engagements officiels, on continue toujours de torturer des gens dans des centres de détention ? Ont-ils jamais vécu, comme le commun des Burkinabè, les affres de la vie chère avec ces enfants affamés, ces ménagères qui ne partent presque plus au marché, ces malades aux ordonnances difficiles à honorer, ces boutiques qui se ferment parce qu’on n’y achète plus rien ?

Que dire de ces propriétaires qui font rouler leurs engins à deux roues sur plusieurs kilomètres parce que n’étant plus capables de les doter de carburant ? Ces élèves et étudiants qui ne fréquentent plus, parce qu’autour d’eux personne ne parvient à supporter des frais de scolarité exorbitants ? Les frustrations se poursuivent car, ceux qu’on retient en dehors du système, sont de plus en plus nombreux à ne même pas pouvoir trouver de miettes pour tromper leur faim. Jusque-là, la fixation sur l’article 37 a empêché tout débat sérieux sur les problèmes courants et les enjeux à venir. Contrairement aux apparences, la démocratie burkinabè ne marche donc pas comme souhaité. En effet, l’on tourne en rond ; l’on tend même à reculer. Au rythme où les plus forts cherchent toujours à écraser les plus faibles, le risque est grand de faire courir à ce pays un danger dont on pourrait encore faire l’économie.

Depuis des années, dans ces mêmes colonnes, nous ne cessons de le dire : l’heure est grave, même si ce n’est pas l’Apocalypse ! Les gouvernants du Burkina ont intérêt à se réveiller, plutôt que de continuer de faire la politique de l’autruche, et à poser des actes qui font miroiter de bien belles choses à l’extérieur du Faso. Sur un autre plan, de plus en plus de Burkinabè de la diaspora donnent de la voix. Beaucoup d’entre eux se sentent "oubliés", en dépit des campagnes déguisées auxquelles certains thuriféraires du régime s’adonnent dans les journaux d’opinion et le quotidien d’Etat. C’est un leurre que de croire que les Burkinabè de l’intérieur ont adhéré à l’idée du CCRP. Les assises régionales ont plutôt révélé un manque d’intérêt pour la chose politique. Les populations de l’intérieur qui vivent des drames au quotidien ne voudraient pas voir leurs justes revendications noyées dans le brouillard de l’article 37. A la vérité, elles attendent bien qu’on s’y intéresse davantage, plutôt qu’à d’autres aspects !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2011 à 06:11, par Le penseur En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Excellente analyse. Rien à y signaler. Tout le problème est cerné avec profondeur... Bravo au Pays

  • Le 7 décembre 2011 à 07:30 En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Excellent...brillantisme article que tout un chacun, tenant du pouvoir et aspirant à l’avoir, devrait lire calmement patiemment et le décrypter au mieux afin d’épargner à ce pays les affres d’un soulèvement populaire avec les conséquences que personne n’ose imaginer.

  • Le 7 décembre 2011 à 07:49, par Nongodo du Faso En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Ils n’ont qu’à tournoyer comme ils veulent,nous, nous sommes chauffés à blanc. Si jamais l’ARTICLE 37 est modifié, nous prendrons nos responsabilités. Dieu protege le BF.

  • Le 7 décembre 2011 à 08:45, par Paris 7 En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Sans doute que ces assises sont bénéfiques pour la démocratie mais organiser de telles rencontres qui mobilisent beaucoup de ressources alors que le peuple mourra de faim !!!!!!!!!!

  • Le 7 décembre 2011 à 09:59, par Filsdepaysan En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Je cherche à comprendre :
    _Pourquoi le CDP cherche à tout prix tenir ces CCRP ?
    _Ce qui se passe actuellement ne suffit il pas pour qu’on comprenne que le long regne dégoute ?
    _Pourquoi, dites moi pourquoi ?
    _Etes vous incapables de proposer à Blaise un candidat CDP pour garantir sa vie après 2015 ?
    _Bonne gens, dites moi ce que vous voulez ?
    _Un Burkina émergent dans le sang ?
    _Un Burkina émergen dans les crises ?
    Jettez un coup d’oeil dans les rues de Ouaga,vos petits enfants n’ont plus peur du policier que tout le monde respectait jadis, la jeunesse est abandonnée.
    HEY, CCRP, assises nationales.....,hum ; pauvre BURKINA, reveille toi.

  • Le 7 décembre 2011 à 10:11, par autre-façon-de-voir En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Juste pour protester contre le webmaster qui bloque mes réactions. il faut qu’on se dise les vérités dans ce pays car lorsque ça pète, on subit tous. donc, toute réaction même si elle agresse quelqu’un, mais qui dit la vérité doit passer.

  • Le 7 décembre 2011 à 10:22, par Demo En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    salut à tous,le titre pourrait être :"L’heure du theâtre"....tout ce cirque pour nous dire en conclusion que le peuple ne souhaitant pas de changement,et comme nous avons quitté le statatut de pays trés pauvre,à celui de pays émergeant et étant donné que sans nos dirrigents actuels nous ne passerons pas au statut de pays développé à l’orée 2025....bla bla bla....il faut modifier l’article 37 et permettre à Blaise de nous conduire au developpement auquel les burkinabès aspirent tous,et comme c’est lui qui a commencé ,il faut que ce soit lui qui termine,sinon,on ne produira plus de richesses,et on n’aura plus de bayeurs de fonds bla bla et bla qui sait peut-être qu’on n’aura plus d’oxygène sous le ciel du Faso.....Donc vous voyez chers politoks,nous vous voyons venir,nous savons ce que vous voulez faire et nous vous disons d’être sages et raccourcir tout cela en laissant l’article 37 tranquille et décorer Blaise en 2015 pour services rendus à la nation.A bon entendeur,Salut.

  • Le 7 décembre 2011 à 11:14 En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    On sent vraiement une bonne vonlonté de conduire le pays dans le chaos et partir tous en exil car ils ont maintenant assez de moyens. Si ça se passe comme ça c’est la faute à nous la jeunesse. Je donnes pleinement Raison au Président. A leur epoque quand ça allait pas ils ont prit leur responsabilité(Sankara, Compaoré et autres). Si sa manière ne nous convient pas emboitant leurs pas. Ils nous ont deja traché le chemin à emprunter qd les tenants du pouvoir se trompent assez.
    pourquoi gaspiller autant d’argent pour festoyer. Mais ce qui est sûr, nous allons pas nous louper dans ce pays.

  • Le 7 décembre 2011 à 11:43 En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    on veux la paix es ce que vous pouvez comprendre ça ? le Burkina est chère es ce que vous pouvez comprendre ça ? on se fout du peuple es ce que vous pouvez comprendre ça ? je vous déteste !!!!

  • Le 7 décembre 2011 à 11:53, par Sad En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Je veux juste réagir par rapport à la photo qui illustre cet article. C’est qoi cette rencontre pour parler CCRP où on affiche la photo de Blaise devant l’auditoire ? Un marketing politique doublé d’un culte de la personnalité qui s’invite dans un cadre qui devait afficher une neutralité totale ! on vous voit venir clairement : les réformes politiques ne sont qu’une diversion pour enraciner "la patrimonialisation du pouvoir d’Etat". ça fait tout simplement pitié.

    • Le 7 décembre 2011 à 16:57, par Filsdepaysan En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

      Mon frère, tu n’as pas encore compris, si tu es dans la salle et que tu parles mal, la photo signifie BLAISE te regarde.
      Alors qui est fou pour dire le contraire de ce qui sera avancé ?
      Voilà pourquoi la photo est bien fixée, callée, tranquille et bien regardant....
      MAis le peuple s’en fout

  • Le 7 décembre 2011 à 12:10, par Belem Ousmane En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Faite vos réflexion comme vous voulez mais SVP ne touché pas à l’article 37. Si vous modifié l’article 37, blaise va resté au pouvoir encore pendant combien d’année au moins jusqu’en 2025, je dit au moins.
    PENSES-Y
    Le burkinabé n’acceptéra jamais cela, vous le saviez bien et vos avez les éco.
    A BON ATTENDEUR SALUT

  • Le 7 décembre 2011 à 12:12, par Belem Ousmane En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Faite vos réflexion comme vous voulez mais SVP ne touché pas à l’article 37. Si vous modifié l’article 37, blaise va resté au pouvoir encore pendant combien d’année au moins jusqu’en 2025, je dit au moins.
    PENSES-Y
    Le burkinabé n’acceptéra jamais cela, vous le saviez bien et vos avez les éco.
    A BON ATTENDEUR SALUT

  • Le 7 décembre 2011 à 15:30, par Puis... En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Ah ! En tout cas, l’article 37 ne doit pas etre touche. C’est tout ce qui doit ressortir de tous ces tralalas. Qu’on respecte la dignite du peuple burkinabe tout de meme !!C’est tout ce que nous demandons.Article 37 pa toin yeeee !!!!!
    Epargnons notre cher patrie d’un soulevement populaire.

  • Le 7 décembre 2011 à 15:46, par Paix En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Hèè Président Compaoré, SVP laisse le pouvoir comme ça. de la manière où vont les choses, on risque le pire qu’a vécu la CI.
    SVP les CDPistes, laisser l’article 37 comme tel. Sinon......

    Je pleure déjà le sort du Burkina d’ici 2013.

  • Le 7 décembre 2011 à 22:03, par le Naton En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Félicitation au pays pour cette analyse pertinente.Au pays réel nous savons que l’idée du CCRP est de permettre a Compaore et son clan de s’éterniser au pouvoir.Et cocote minute la marmite bout et est entrain d’entrer dans sa dernière phase.Nous veillons au grain et l’alerte sera donner au temps opportun.Restons mobiliser et vigilent.In touche a mon article 37.C’est parce que nous sommes couches qu’il se croit grand.cette fois ci nous sommes debout et la fin justifierons les moyens.

    Le Naton

  • Le 7 décembre 2011 à 22:43, par Mam En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Salut Frère Blaise Compaoré.Je vous dois tout le respect de votre rang. Franchement dit vous avez beaucoup fait pour le pays. Je voudrais etre votre conseiller à travres mon petit écrit ici présent.Je vous préconise de bien vouloir choisir un successeur digne de son rang et vous reposer un tout petit peu et permettre à votre successeur de continuer les taches que vous n’avez pas encore terminées.Je vous remercie pour votre attention. A vous lecteurs soyons optimistes pour notre pays et ne pas vouloir sa destruction, notre CHER PAYS LE BURINA FASO. Merci bien.

  • Le 7 décembre 2011 à 23:16, par Pierros En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Moi je pense que la photo de Blaise ne doit pas être en avant gaarde au dessus du presidium. C’est pas normal parceque cela polarise les debats. Cela prouve dejà que les debats ne seront pas faits dans les règles de l’art.

  • Le 10 décembre 2011 à 23:48 En réponse à : ASSISES NATIONALES SUR LES REFORMES POLITIQUES : L’heure de vérité

    Revoyez le parcours de Blaise depuis le 15 octobre 1987. Il est à la limite e l acceptable.
    Le tandem Blaise- Bongnessan a manipulé la Constitution quand le second etait president de l’Assemblée Nationale pour une non limitation des mandats presidentiels. Ce meme tandem tente aujourd’hui la meme manoeuvre, à une autre echelle. Mais, celle la est vouée à l echec.Comme les autres peuples l ont montré, on ne joue pas avec le feu.

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