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CRISE ALIMENTAIRE AU SAHEL : Les recommandations du CILSS

Publié le mardi 6 décembre 2011 à 00h52min

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Productions agropastorales en baisse au Sahel dans un contexte de prix élevés : risque accru d’insécurité alimentaire. C’est le constat fait par le CILSS et d’autres organisations, dans le communiqué de presse ci-dessous.

A l’issue de la campagne agropastorale 2011/2012, la production céréalière prévisionnelle au Sahel et en Afrique de l’Ouest se chiffre à 55.451.000 T. Cette production est en hausse de 4% par rapport à la moyenne des 5 dernières années et en baisse de 8% par rapport à celle de l’année dernière. Pour les pays membres du CILSS, la production est évaluée à 16.613.000 T.

Cette production est comparable à la moyenne des 5 dernières années mais en baisse de 25% par rapport à celle de l’année dernière. On note des baisses de productions céréalières importantes localisées dans les régions de Kayes, Koulikoro et Mopti au Mali, au Centre du Sénégal, au Nord, Est et Centre Nord du Burkina, au Niger sauf dans les régions de Maradi et Dosso, dans toute la bande sahélienne et dans la zone soudanienne (Logone et Tandjilé) au Tchad, dans toute la zone agropastorale de la Mauritanie et dans l’Ouest de la Côte d’Ivoire. Des mauvaises récoltes sont également enregistrées sur le riz à submersion libre et contrôlée au Mali et en Gambie. La faiblesse et la mauvaise répartition des pluies ont provoqué un déficit hydrique préjudiciable aux cultures de décrue au Tchad, en Mauritanie et au Mali. La faiblesse des écoulements des eaux des bassins fluviaux et les bas niveaux de remplissage des plans d’eau et barrages ont occasionné des assèchements précoces et risquent d’entraîner de sévères étiages des fleuves, de faible disponibilité en eau pour les cultures de contre-saison céréalières et maraîchères et une baisse de la production halieutique.

Toutefois, certains pays du Golfe de Guinée (Ghana, Togo, Nigeria et Bénin) dégagent un surplus commercial de maïs qui pourrait être exporté vers les régions déficitaires du Sahel. Concernant la situation phytosanitaire, des attaques de chenilles défoliatrices, de mineuses de l’épi, d’oiseaux granivores et de sautériaux ont causé des dégâts importants affectant la production d’au moins 30% dans certaines zones du Mali, de la Mauritanie, du Niger et du Tchad. Le déficit fourrager est prononcé dans la bande sahélienne, sauf au Gourma (Burkina Faso et Mali). Cette situation, aggravée par la faible disponibilité en eau d’abreuvement, a engendré une transhumance précoce notamment au Mali, au Niger, au Tchad et en Mauritanie. Les risques de surpâturage et de conflits sont à craindre dans les zones d’accueil (Delta du Niger, Gourma, lac Tchad, Salamat et sud du Tchad, nord de la République centrafricaine, nord des pays du Golfe de Guinée).

Les niveaux d’approvisionnement des marchés sont en général inférieurs à la normale et les prix connaissent une évolution variable selon les produits. Des niveaux de prix des céréales sèches restent élevés par rapport à la période quinquennale (20 à 50%) et par rapport à l’année dernière (10 à 60%). Par contre, pour le riz, les prix restent partout dans une tendance haussière contraire aux valeurs saisonnières. ... La baisse des productions agropastorales et le niveau élevé des prix affectent de nombreuses populations vulnérables qui risquent d’être en insécurité alimentaire et nutritionnelle dans les prochains mois si rien n’est fait dans les meilleurs délais.


Recommandations

Compte tenu de tout ce qui précède, il est recommandé :

Aux Etats de :
- Eviter toutes actions de nature à empêcher le bon fonctionnement des marchés et les échanges transfrontaliers ;
- Conduire les enquêtes de vulnérabilité afin d’affiner le ciblage des populations vulnérables et de proposer des réponses appropriées ;
- Poursuivre et initier dans les meilleurs délais des actions d’assistance aux personnes vulnérables et renforcer leurs moyens d’existence ;
- Encourager les cultures de contre-saison partout où c’est possible ;
- Appuyer les éleveurs en aliment pour bétail dans les zones à déficit fourrager élevé, réhabiliter et créer des points d’eau ;
- Reconstituer immédiatement les stocks nationaux de sécurité alimentaire en privilégiant les achats locaux ;
- Anticiper les pics de malnutrition aiguë dans les zones à risque en renforçant les dispositifs de prévention et de prise en charge.

A l’UEMOA de :
- Intégrer son Centre Statistique dans le dispositif régional d’information et d’alerte précoce ;
- Appuyer techniquement et financièrement les dispositifs nationaux et régionaux d’information.

Aux dispositifs régionaux d’information et d’alerte rapide (CILSS/FAO/FEWS NET/PAM) de :
- Soutenir les Etats dans le suivi rapproché des zones de déficit de production agricole et fourragère ;
- Assurer le suivi des marchés, des flux transfrontaliers, de la situation alimentaire et nutritionnelle ;
- Poursuivre la mise en œuvre du cadre harmonisé d’identification des zones à risque et des populations vulnérables dans les pays du ClLSS et de la CEDEAO.

Aux partenaires techniques et financiers de : - Appuyer les Etats dans les actions de soutien et d’assistance aux populations vulnérables ;
- Contribuer au financement des plans d’urgence élaborés par les Etats.

Cet avis est issu de la concertation sur les bilans céréaliers et alimentaires au Sahel et en Afrique de l’Ouest organisée par le ClLSS du 24 au 26 novembre 2011 à Cotonou. La concertation a regroupé les délégués des pays membres du ClLSS, de la CEDEAO et de l’UEMOA, le représentant de l’UEMOA, les systèmes régionaux et internationaux d’information sur la sécurité alimentaire (FAO, FEWS NET, JRC/UE) et des acteurs humanitaires (PAM, ECHO, OXFAM).

Fait à Cotonou (Bénin), le 26 novembre 2011

La rencontre

Le Pays

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