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Retour de Praia : Avant la défaite, jouons aux touristes

Publié le jeudi 14 octobre 2004 à 07h35min

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A. Soulama

Quand on voyage avec les Etalons, ce n’est pas forcément pour tirer profit de quelque chose comme le pensent certains. Ce qu’on tire du voyage, c’est la satisfaction de changer de paysage et de découvrir un pays qu’on ne connaissait pas auparavant.

Sans eux et surtout la volonté des hommes qui sont en place à la Fédération, on voit mal un journaliste dans ce pays, avec un salaire de famine, s’offrir un voyage à l’extérieur.

Après quatre jours à Dakar avec les Etalons, qui étaient en acclimatation en vue de leur match contre le Cap-Vert dans le cadre de la 5e et dernière journée de la phase aller des éliminatoires combinées de la coupe du monde et de la CAN 2006, le départ pour Praia a eu lieu le 7 octobre dernier. A 12 heures, comme les joueurs, j’étais à l’aéroport international Léopold-Sédar-Senghor.

L’avion de la base aérienne communément appelé HS 747 était déjà sur la piste, mais il est arrivé avec un peu de retard. Après les formalités de police, on a été invités à embarquer, et le président de la Fédération burkinabé de football, Seydou Diakité, donnait un peu de la voix pour qu’on fasse vite.

Au moment où on rangeait les affaires à l’arrière de l’appareil, Allasane Ouédraogo constate que son sac n’est pas là. Il est inquiet et pense qu’il l’a oublié dans le hall de l’aéroport. Il veut repartir à la recherche de son sac, mais des joueurs lui font savoir qu’il se peut qu’on l’ait mis dans l’avion sans qu’il ne le sache.

On a déjà perdu du temps et faire ressortir tous les bagages pour une vérification nous ferait encore traîner. Avec le départ de certains Chefs d’Etat, qui étaient à Dakar pour la conférence des intellectuels d’Afrique et de la diaspora (CIAD), on était obligés d’attendre un moment. C’est finalement à 18 h 15 que le HS 747 décollera pour Praia.

Quand le médecin des Etalons me tire de ma rêverie Au fur et à mesure qu’il s’éloigne, les dernières maisons s’effacent de notre vue. On survole l’océan atlantique pendant un bon moment. Je regarde par le hublot la mer. Elle bouge par petites vagues. C’est beau à voir. L’esprit méditatif, l’océan semble m’inspirer un poème.

Je sors mon stylo crayonné pour essayer d’invoquer les Muses. Je commence le premier vers en pensant à la rime quand le médecin des Etalons, le colonel Seydou Koné, qui étaient à mes côtés, me tire de ma rêverie.

« Comment te sens-tu maintenant ? », m’a-t-il demandé. Je lui ai répondu que je vais mieux grâce à lui. En effet, deux jours après notre arrivée à Dakar, j’avais les pieds enflés. Il m’a prescrit un médicament qui m’a bien soulagé. Ne voulant plus me laisser aller à la rêverie, je m’arrête à l’hémistiche.

Pour tuer le temps, je me mets à continuer la lecture de Joseph Balsamo de Dumas père, un roman où les intrigues ne manquent pas avec la société des illuminés : abattre la monarchie en commençant par la plus fragile, la monarchie française du temps de Louis XV.

Je regarde un moment ma toquante. Il ne fait pas nuit alors qu’à cette heure (19 h TU) c’était le contraire à Ouaga. Dans l’avion, certains piquaient un chien. On arrivera à Praia à 20 h 10 TU soit 19 h 10 heure locale. Le temps était doux avec une certaine fraîcheur que j’appréciais particulièrement.

Une fois dans le hall, on nous souhaite la bienvenue en portugais. J’ai dû imaginer cela même si je ne pipe pas un mot de cette langue. L’accueil est chaleureux et les formalités de police se font rapidement. Quand les bagages arrivent, le sac d’Alassane Ouédraogo n’est pas là. Il avait donc raison quand il disait à l’embarquement, qu’il est resté dans le hall à Dakar.

A la sortie de l’aéroport, pendant qu’un car attendait et qu’on mettait les affaires dans un autre véhicule, le président Seydou Diakité demande à Allasane de lui faire la description de son sac. C’est une valise à roulette. Le patron de la FBF, sur-le-champ, appelle quelqu’un à Dakar pour qu’il aille à l’aéroport vérifier si une valise a été oubliée là-bas par un footballeur burkinabè.

On poireaute avant d’être logés

Le car quittera l’aéroport à 20 h 35 (heure locale) soit 21 h 35 TU. Il n’y a pas suffisamment de places pour tout le monde. Diakité prend deux taxis pour les journalistes. Après une dizaine de minutes sans savoir où on allait exactement, les taxis, suivis du car, stationneront à l’hôtel Luar situé en plein centre ville.

Il est du même modèle que la résidence Aziz, à Ouaga, sur l’avenue Kwamé-N’Krumah. On accueille la délégation burkinabè et aussitôt commence la répartition des chambres entre ceux qui sont sur la liste officielle (25 personnes).

Mais le chef de mission, Sibiri Yaméogo, du ministère des Sports et des Loisirs, ne tardera pas à s’apercevoir qu’il y a un petit problème au niveau des chambres. Il y avait 10 chambres doubles (ce qui est normal) et 5 cinq singles au lieu de 7 comme le stipulent les textes de la CAF quand une équipe est en déplacement.

On proteste pour que les textes soient appliqués, mais le président de la Fédération cap-verdienne fait savoir aux Burkinabé que les chambres sont occupées par des étrangers venus à Praia pour des séminaires.

Il n’y avait visiblement pas d’autre solution. Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, on a été obligés de loger des joueurs à trois dans des chambres ventilées en attendant que des clients libèrent les chambres climatisées. Mais il y avait encore un autre problème puisque le repas n’était même pas prêt.

On a encore élevé le ton, mais malgré cela, il a fallu attendre plus d’une heure pour que les joueurs passent à table. Mais beaucoup d’entre eux n’ont pas apprécié la nourriture et c’est malgré eux qu’ils ont regagné leurs chambres vers 23h TU.

Diakité avait réservé une suite qu’il cédera après au directeur technique national, Jean Macagno. Maintenant, il restait aux journalistes, au 3e vice-président de la FBF, le colonel Jean Baptiste Parkouda, au secrétaire chargé de l’Organisation, Aimé Bonkoungou et aux quatre pilotes de la base aérienne à se débrouiller pour trouver des logis.

Assis devant l’hôtel Luar, nous apprendrons qu’il y a seulement quatre bons hôtels à Praia et qu’ils sont tous occupés parce qu’il se tenait à ce moment des séminaires dans la capitale cap-verdienne.

Le temps passait et on ne savait pas ce qu’il fallait faire. Personne ne connaît Praia et je me demandais si on allait n’allait pas passer la nuit à la belle étoile. Mais on avait de la chance ce jour-là. Pendant que Diakité donnait des coups de fil à on ne sait qui, arrive un jeune Burkinabè du nom d’Hervé Kouraogo.

Il est natif de Koupéla et réside à Praia depuis le 29 octobre 2003. Il est économiste de formation et assistant spécial du coordonnateur résident des Nations unies. Auparavant, il était en poste au Burkina où il était chargé de programme au PNUD/UAGP (unité d’appui à la gestion du programme).

Hervé, qui est marié à une Burkinabè, est père de 4 enfants. Il a 36 ans, mais il fait plus jeune que son âge. C’est grâce à lui que les uns et les autres ont réussi à trouver des hôtels.

C’est à l’hôtel Atlantico, à 3 Km du quartier général des Etalons, qu’on m’a logé avec Aimé. Ce dernier, après une nuit, rejoindra le onze national. On peut comprendre cela surtout que c’est lui qui détient les cordons de la bourse.

J’étais désormais seul et, comme Gilbert, dans « Joseph Balsamo », je n’ai pas eu d’autre choix que de me débrouiller selon les circonstances. Cet hôtel où je suis descendu n’était pas mal et il est situé en face d’un jardin où les fast-foods sont nombreux.

Dans la salle où on prend le petit déjeuner, quand vous sortez sur le balcon pour prendre l’air, vous apercevez l’Estadio Da Davarzea de Praia, d’une capacité de 10 000 places. Du balcon, vous pouvez suivre tranquillement un match de football.

Après une bonne douche, j’ai dormi ce jour-là comme un loir.

Ces maisons nichées dans les collines

Le lendemain, je me suis réveillé vers 11 h, heure locale (10 h TU). Le temps était couvert quand je suis arrivé à l’hôtel des joueurs (le taxi m’a coûté 150 escudos, soit 900FCFA). J’ai pris un thé à l’Esplanova Luar. Le ciel était toujours orageux et peu de temps après, la pluie tombait à verse.

De la terrasse où je me trouvais, je voyais des gens qui couraient de tous côtés pour chercher un abri. Ceux qui avaient pris leur précaution avant de sortir, marchaient sans se presser, avec leur parapluie. Alassane, qui passait, m’a annoncé qu’il a retrouvé sa valise à roulette qui contenait ses madres, son survêtement, son passeport et d’autres choses. C’est tant mieux pour lui.

La journée ne s’annonçait pas bonne pour moi qui voulais faire une balade en ville. Quand la pluie a cessé, le temps ne m’inspirait toujours pas confiance. Je n’ai donc pu me promener, mais je n’oublierai pas que Praia est une belle ville. Les gens sont simples et accueillants.

Quand vous vous adressez à eux, croyant que vous trouverez quelqu’un qui parle au moins français pour vous donner telle ou telle information, on s’excuse gentiment en faisant des gestes.

Ici, le portugais est la langue officielle, et le créole (crioulo), la langue nationale. Les Cap-Verdiens sont en majorité catholiques (93, 2%).

La population est composée de métis (71%), de Noirs 28%) et de Blancs 1%). Le Cap-Vert est un archipel volcanique de 10 îles, dont une inhabitée. J’étais dans l’île de Santiago, qui abrite la capitale et qui compte 100 000 âmes. Cet Etat insulaire de l’Afrique extrême - occidentale, situé dans l’océan Atlantique à environ 450 km des côtes sénégalaises, a une superficie de 4033 km.

En 1456, le Vénitien Alvisa Da Mosto, qui naviguait pour le compte du Portugal, fut le premier à atteindre le Cap-Vert. Le traité de Tordesillas (1494) en fit une colonie portugaise rattachée à la Guinée Portugaise. A partir du 17e siècle, l’archipel joua le rôle de plaque tournante dans la traite des noirs.

La conférence de Berlin, en 1885, confirma la souveraineté portugaise sur le Cap-Vert. Mais les portugais s’intéressaient peu à cette colonie économiquement peu rentable. Une succession de sécheresse et de famines entraîna, après l’abolition de l’esclavage, une vaste émigration, à la fin du 19e siècle et dans la première moitié du 20e siècle.

En 1956, Amilcar Cabral et Aristide Pereira fondèrent le PAIGC (parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert). La lutte armée ne s’étendit cependant pas au Cap-Vert, la configuration du terrain ne n’y prêtant pas. La révolution de 1974 au Portugal aboutit à la mise en place d’un gouvernement de transition puis à l’indépendance du Cap-Vert le 5 juillet 1975, sous la présidence d’Aristide Pereira.

En 1980, le projet d’union avec la Guinée Bissau fut abrogé après le coup d’état contre Cabral. Les relations entre les deux Etats se dégradèrent pour se rétablir en 1982. Dans les années 1980, le Cap-Vert mit en œuvre un vaste programme de réformes agraires, d’irrigation, de lutte contre la déforestation et l’érosion, et de scolarisation.

Mais il restait confronté à des difficultés économiques majeures et dépendait en grande partie de l’aide internationale. Au début des années 90, le régime cap-verdien opéra une ouverture démocratique en instaurant le multipartisme. L’opposition remporta les premières élections libres en 1991 et Antonio Mascarenhas Monteiro succéda à Aristide à la tête de l’Etat. Aujourd’hui, le pays est dirigé par Pedro Pires.

Le colonisateur, il faut le dire, a construit la ville sans tenir compte de certaines considérations. A Praia, il y a de nombreux virages et la plupart des routes sont en pavés. Il n’y a pas de feux tricolores, mais la population respecte scrupuleusement la priorité à droite.

Les maisons sont nichées sur des collines et l’architecture ressemble étrangement à celle de Maputo (Mozambique), que j’ai visitée lors d’un match des Etalons dans le cadre des éliminatoires de la CAN 2004. Les voitures sont superbes et les grosses cylindrées sont légion.

Les taxis sont pour la plupart des mercèdes dernier cri et on se croirait en Europe. Ils sont à la recherche de clients à tout moment et si vous traînez en ville jusqu’à 3 heures du matin par exemple, vous n’avez pas à vous inquiétez.

La Morna

La pluie ayant gâchée ma journée, je n’oublierai pas ma sortie la nuit. Hervé m’a invité avec deux autres personnes à prendre un pot quelque part en ville. Nous avons sauté dans le premier taxi et après dix minutes de course, nous stationnons devant Churrasquiena, un snack- bar. Il était 22 h, heure locale, soit 23 h TU.

A notre arrivée, un orchestre était déjà en place et jouait. Nous nous installons et c’est parti pour la commande. Je demande un coca quand les autres sont à la bière. On leur sert chacun une bouteille de super Boch (25cl).

Les deux autres invités me font remarquer que si c’était pour venir boire cette boisson (un coca), il aurait été mieux que je reste à mon hôtel. Je leur dis que la bière, ce n’est pas mon fort et que cela fait 12 ans que je ne touche pas à ce breuvage. Nous continuons à discuter en écoutant la musique créole.

Je ne comprends pas les paroles, mais l’orchestre joue bien. La salle est pleine de jeunes garçons et de filles. On fume tranquillement. Dans ce lieu, la vie est belle. Au moment où la musique battait son plein, quelqu’un fait son entrée et salue des mains en se dirigeant d’un autre côté. Quelque temps après, il rejoindra l’orchestre.

Il prend le micro et commence à chanter d’une voix pénétrante. Hervé nous lance que c’est le propriétaire. Quand il apprendra que nous sommes des Burkinabè, il l’annoncera à son tour aux mélomanes, qui nous regardaient. L’un des guitaristes, dans un français approximatif, demande un moment le silence, et l’orchestre dédie une chanson au Burkina Faso.

C’est une musique d’ambiance avec des morceaux célèbres de prince Nico Mbarga et de Lokassa Ya Bongo. La plupart des chansons ont éveillé en moi bien des souvenirs. Comme mes compagnons, je n’arrêtais pas de me trémousser sur ma chaise. Quand Hervé a offert de la boisson à l’orchestre, le propriétaire est revenu sur la piste pour chanter.

La musique est douce et on sent l’inspiration poétique. Pendant qu’il chantait, il m’a subitement rappelé la chanteuse Cesaria Evora, la diva aux pieds nus, et reine de la morna (une musique cap-verdienne proche du fado portugais), qui a quitté depuis 1985 les quartiers populaires de Sao Vicente pour suivre une grande carrière internationale.

Nous avons quitté ce dancing à une heure tardive et au moment où on sortait, un car de la police venait de stationner. Des policiers en descendirent et se dirigèrent vers la porte. Je ne sais pas s’ils nous ont vus. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on était déjà dans un taxi…

Justin Daboné
L’Observateur


Dernière minute : Abdoulaye Soulama à l’ASFA-Y

Au moment où nous bouclions la présente édition, nous apprenions qu’Abdoulaye Soulama, l’ex- gardien de but des Etalons du Burkina Faso, vient de signer un contrat d’un an avec l’ASFA-Y pour la saison 2004-2005. Le montant du transfert est de 3 millions de F CFA.

Signalons qu’après une aventure qui a tourné court en Turquie, Soulama est retourné à l’ASFB il y a trois ans.

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