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Lutte contre la pauvreté : Les actions visibles de Fonds enfants dans le Sud-Ouest

Publié le vendredi 25 novembre 2011 à 01h19min

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Subventions aux associations, cantines et bourses scolaires, mise de jeunes en situation d’apprentissage de métiers, ce sont autant d’actions qui visent à soustraire les enfants à la traite et aux travaux pénibles pour leur âge. Ces actions sont, naturellement, appuyées par le projet « Fonds de lutte contre la traite et les autres pires formes de travail des enfants » qui, outre la région de l’Est, intervient dans le Sud-Ouest burkinabè. Du 16 au 18 novembre 2011, nous avons été sur le terrain, dans les localités de Dano, de Dissin, de Ouessa, de Gaoua et de Loropéni pour nous rendre compte des réalisations de ce projet communément appelé Fonds enfants.

Assurément, le projet Fonds enfants a bon nom sur le terrain. Nous en avons eu la preuve lors de notre tournée dans la région du Sud-Ouest. Autorités locales, associations ou structures scolaires, etc., avouent être satisfaites de l’intervention de ce projet, qu’il aurait fallu créer « s’il n’existait pas ». Une appréciation somme toute normale au regard du segment social sur lequel Fonds enfants a décidé d’axer son action, à savoir les enfants et les personnes vulnérables.

Il s’agit en fait de soustraire ces personnes vulnérables à l’exploitation à laquelle elles sont exposées et en même temps de mettre à la disposition de cette population-cible des outils pour une auto-prise en charge et donc une meilleure insertion dans le tissu social et celui économique. Fruit de la coopération germano-burkinabè, ce projet qui a été lancé en 2005 intervient dans les régions de l’Est et du Sud-Ouest.

A propos du Sud-Ouest justement, partie toucher du doigt les réalisations de Fonds enfants, c’est dans la commune de Dano que notre caravane de presse a marqué sa première halte. A cette étape, après une visite de courtoisie à la mairie, nous avons été reçus au quartier général du groupement féminin Jigitugu. Cette association de femmes vulnérables mise sur la production de soumbala, un ingrédient culinaire local à base de graines de néré pour se sortir du trou.

De la part de Fonds enfants, elles ont bénéficié en 2010 d’une subvention de 1,8 million FCFA. Cet argent a permis, selon la présidente de l’association, Sabine Sanou, de « nous équiper en matériel de travail mais aussi pour l’achat et le stockage de la matière première, à savoir les graines de néré ». Sur les intérêts de cette subvention, le groupement a déjà versé plus de 150 mille FCFA au profit du compte social de la mairie de Dano. Les bénéfices de leurs activités permettent à ces femmes de contribuer à la scolarisation et aux soins de leurs enfants. A Jigitugu, on ne tarit pas d’éloges pour Fonds enfants, qui « nous permet de relever la tête ».

De Dano, nous avons mis le cap sur Hamélé (commune de Ouessa) où Fonds enfants soutient la cantine scolaire depuis l’année scolaire 2006-2007 en riz, haricot, poisson, huile… L’école compte 772 élèves. En outre, Fonds enfants l’a dotée d’une paire de bœufs de labour et de charrues pour le champ scolaire, dont la production sert à soutenir la cantine scolaire endogène. Il y a aussi la dotation en kit médical. Selon Yourson Dabiré, directeur de l’école, « l’effectivité de la cantine booste la fréquentation de l’école et minimise le taux d’abandon scolaire ». De plus, depuis, les résultats scolaires connaissent une amélioration au point que l’école d’Hamélé a été classée première de la zone de Ouessa.

Marcelin Dabiré, inspecteur de la circonscription d’éducation de base de Ouessa, a déclaré apprécier la philosophie de l’intervention de Fonds enfants, qui prône la pérennisation de la cantine pour l’apport de l’APE (Association des parents d’élèves).

Le choix de l’école d’Hamélé, localité frontalière avec le Ghana, a été dicté par le fait que beaucoup d’enfants de la zone étaient victimes de la traite en direction du Ghana ou de Bobo-Dioulasso, a expliqué Etienne Rouamba, chargé de projets de Fonds enfants dans la région du Sud-Ouest. « Alors, on intervient pour maintenir les enfants dans le système scolaire ».
[Comme ici à Oury, les enfants sont très nombreux sur les sites d’orpaillage]

A Ouessa, le maire Mutan Hien a tenu à saluer l’intervention de Fonds enfants dans la rénovation et l’équipement d’un bâtiment servant à présent de local au service d’Action sociale de Ouessa, dirigé par Zackaria Gansané. Ce projet germano-burkinabè permet aussi la scolarisation d’une quarantaine d’élèves du secondaire avec des bourses d’études. L’édile de la commune a précisé que la mairie participe à la cantine de l’école de Hamélé avec une enveloppe annuelle de 500 mille FCFA.

De Ouessa, la caravane de presse a rallié Dissin. Là, nous avons pu voir à l’œuvre des filles dans le domaine de la couture. Dans cette localité, 20 jeunes filles sont concernées par la formation professionnelle en couture. La cérémonie marquant la fin de leur formation devrait se tenir en décembre prochain et chaque fille sera dotée d’un kit d’installation afin d’être immédiatement opérationnelle. A Dissin, les bénéficiaires que nous avons pu rencontrer ne disent que du bien de Fonds enfants, ce projet qui « nous tire de la misère et nous permet de nous réaliser ».

Après Dissin, la caravane a repris son périple pour gagner Gaoua, la capitale du Sud-Ouest, aux environs de 17h. Le cap est immédiatement mis sur le site aurifère d’Oury. Sur ce site, Fonds enfants soutient les activités de sensibilisation des orpailleurs à la problématique du travail des enfants sur les sites d’orpaillage. Selon Karlé Zango de la direction régionale de l’Action sociale, « on a une bonne collaboration avec Fonds enfants ». Ce soir-là, au programme il y avait la projection du film de Raphaël Dakissaga intitulé « La rançon de l’or » laquelle a été suivie de débats.

Le 17 novembre, direction Loropéni où, dans le village d’Obiré, nous avons rencontré un groupement féminin qui élève des porcs : il s’agit du Réseau actif d’information pour l’éducation et la santé (RAIES) de Loropéni. Ses femmes ont bénéficié d’une subvention de 3,5 millions FCFA de la part de Fonds enfants. L’argent a servi à financer les microcrédits que les femmes ont contractés pour entreprendre dans l’élevage de porcs. Afforio Farma, trésorière de RAIES, a indiqué que 15 femmes ont pu acheter chacune 6 porcs (2 femelles et 4 mâles). Elle a aussi précisé que leur association a apporté plus de 1,5 million pour la construction des porcheries et l’achat d’aliments.

La veuve Mamina Farma a réussi à fructifier sa dotation de porcs. Elle a ainsi eu 18 autres porcs. Elle en a vendu 10 pour subvenir, entre autres, aux frais de scolarité de ses enfants. Idem pour Dongui Farma qui a pu avoir 22 porcs supplémentaires. Cette dernière a déclaré qu’avant elle cultivait mais ne tirait pas grand-chose de cette activité. « Aujourd’hui, je suis satisfaite de l’apport de Fonds enfants dans ma vie. A présent, je trouve que la vie est meilleure ».

De retour à Gaoua, nous avons été au foyer Madeleine Père qui héberge les jeunes filles. Là, Fonds enfants a investi dans le renforcement des capacités d’hébergement du centre par la construction de 4 dortoirs équipés totalisant 40 places et la construction de deux blocs de latrines-douches pour un coût total de 44,7 millions FCFA. Le centre est géré par les religieuses de la communauté des Filles du cœur de Marie, dont la responsable est la sœur Gisèle Dabiré. Le centre accueille des élèves venues de localités extérieures à la ville de Gaoua. Que ce soit la sœur Gisèle ou les pensionnaires du centre, tout le monde salue l’œuvre de Fonds enfants qui offre un cadre confortable d’hébergement aux filles qui viennent étudier dans la cité de Bafoudji.

Grâce à l’appui de Fonds enfants, ces femmes de Jigitugu ont le sourire
La journée du 18 novembre a été réservée à la visite des actions sur le terrain de l’APFG (Association pour la promotion féminine de Gaoua), la plus grande association de femmes dans la région du Sud-Ouest. A cette association, Fonds enfants a accordé une subvention de 9,6 millions FCFA. Cette enveloppe a servi à l’octroi de microcrédits aux femmes pour la préparation du dolo, la collecte et la revente des amendes de karité et de néré, la production du beurre de karité et du soumbala, le petit commerce et la restauration. Autant d’activités qui contribuent à réduire la pauvreté des bénéficiaires et à améliorer les perspectives de vie des enfants, en termes d’accès à la scolarisation, à la santé et à l’alimentation.

Selon la présidente de l’APFG, Ini Damien/Youl, « 331 femmes ont bénéficié de crédits pour des activités collectives et individuelles. Les femmes ont toujours remboursé le crédit avec en sus les intérêts. Ainsi, notre association a pu verser dans le compte social de la mairie plus de 1,2 million FCFA. Pour nous, Fonds enfants est un partenaire incontournable ».

Sur le terrain, nous avons pu toucher du doigt les réalisations de l’APFG à Holly (maraîchage), à Gaoua (poulaillers, vendeuses d’ignames et de miel), à Tonkar (restauration et vente de dolo). Partout, les bénéficiaires sont unanimes : « Avec l’appui de Fonds enfants, une autre vie est maintenant possible pour nous, car ce projet nous a aidés à améliorer nos conditions de vie ».

On a encore en mémoire le témoignage d’Ini Kambou, vendeuse d’ignames, qui a déclaré que désormais « mes enfants vont à l’école. J’ai diversifié mes activités en vendant du miel. J’ai aussi acheté un frigo pour la vente de limonade. Avec ce que je gagne, je m’occupe mieux de mes enfants et même de ceux de mon grand frère ». Il y a aussi le témoignage de Saloun Kambou, restauratrice à Tonkar : « Avant, j’allais à pied vendre le bois de chauffe à Gaoua. Avec l’appui de Fonds enfants, j’ai cessé cette activité et je fais dans la restauration. J’ai toujours remboursé mes crédits et les bénéfices de mon activité m’aident dans la scolarisation de mes enfants ».

A la fin de cette caravane de presse, Etienne Rouamba, chargé de projets de Fonds enfants dans la région du Sud-Ouest, a précisé ce sont au total 680 élèves boursiers (au secondaire) qui touchent un pécule annuel de 80 000 FCFA, tandis que des milliers d’élèves du primaire bénéficient de la cantine scolaire. « Notre objectif est la promotion des droits de l’enfant et nous sommes satisfaits de ce que les bénéficiaires de nos projets parviennent à rehausser leur niveau de vie et à extraire leurs enfants de la traite et des pires formes de travail. Tous arrivent à se prendre en charge et remboursent sans couac les crédits contractés ».

Fonds enfants est à sa troisième phase et devrait prendre fin en 2013, à moins que lors des prochaines négociations germano-burkinabè les deux parties ne décident de la poursuite de ce projet dont l’intérêt social et économique n’est plus à démontrer. Les bénéficiaires de Fonds enfants ne nous contrediront pas.

San Evariste Barro

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 25 novembre 2011 à 08:52, par beobiiga En réponse à : Lutte contre la pauvreté : Les actions visibles de Fonds enfants dans le Sud-Ouest

    Bon courage mes petits,quelque soit la situation ayons le courage d’affronter les durs moments de la vie.
    Mais en générale ,une chose que j’ai remarqué dans ma très cher patrie,nous avons beaucoup d’association et peu d’actions,a ce titre je me demande pourquoi lesfils de "willi" se permettent ils de faire de tels choses au fils de "wambi" en les faisant croire qu’ils les aident ? oui problement vous les aidé mais pour 2 ou 3jours mais est-ce que l’année compte t-elle de tel nombre jours ?
    Pour moi en tant que fils de "Tenga" non loin des fils de "Wambi" l’heure n’est plus à montrer aux jeunes comment manger mais comment faire pour manger puisqu’on ne vie pas pour manger mais on mange pour vivre.

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