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Planification familiale au Burkina Faso : La communication pour plus d’efficience

Publié le mardi 22 novembre 2011 à 00h48min

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La capitale sénégalaise Dakar, sera du 29 novembre au 2 décembre 2011, le point de mire pour le repositionnement de la Planification familiale (PF). Rendez-vous international d’une grande importance pour le monde, le Burkina Faso se fera entendre à travers un plaidoyer fort. Mais en attendant, quel est l’état des lieux de la PF au "pays des Hommes intègres" ?

La Planification familiale est, selon Dr. Olga Sankara, chargée de programme santé de la reproduction à l’UNFPA /Burkina Faso un ensemble de méthodes, de moyens, de services mis à la disposition des individus et des couples pour leur permettre d’espacer les naissances, de les limiter et d’avoir des grossesses s’ils le désirent.
Mademoiselle Edith Zoungrana, 21 ans, est élève à l’école des métiers sise au secteur n° 28 de Ouagadougou. Après un premier enfant, elle décide de planifier sa sexualité. Pour ce faire, elle fréquente la Santé maternelle et infantile (SMI) du Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) du secteur n°28 de Ouagadougou.

"J’ai déjà entendu parler de la planification familiale. C’est l’espacement de naissances. Je fréquente cette SMI pour avoir des explications sur certaines questions bien précises. Au début, j’utilisais les préservatifs mais après, je m’étais tournée vers les injectables. Toutefois, compte tenu de l’échéance de ce produit qui est de 3 mois, mon souhait est d’adopter une méthode à durée assez longue comme le norplant" affirme Mlle Zoungrana. Sans avoir des connaissances très précises sur la planification familiale, elle sait au moins que son avantage est d’éviter les grossesses non désirées et les infections sexuellement transmissibles.

Un avantage qui réjouit bien Mme Bella née Marceline Kaboré, Sage-femme de son état et responsable de la SMI du CSPS de Dassasgo. " Nous disposons dans notre service d’une gamme variée de produits. Nous avons les préservatifs, les contraceptifs oraux, les injectables, le norplant, le Dispositif intra-utérin(DIU)" s’est empressé de citer Mme Bella. Des produits qui sont disponibles à n’importe quel moment, sauf des rares cas de rupture d’un produit due à la défaillance du processus d’approvisionnement, a-t-elle noté. Avec 2 sages-femmes et 12 accoucheuses, la SMI de Dassasgo a du mal à satisfaire toutes les patientes.

" Du lundi au vendredi, notre service est bondé de femmes. Nous prenons presque toute la famille en charge : les enfants, les femmes enceintes, mais aussi les hommes qui le désirent. Nous faisons le conseil-dépistage VIH, le conseil de groupe, la vaccination. Pour la Planification familiale plus spécifiquement, nous nous occupons de la prise en charge des infections sexuellement transmissibles, des cas de stérilité. Nous procédons surtout à la prescription des méthodes contraceptives au bon vouloir des patients" souligne Mme Bella. Elle soutient que son service enregistre au moins 50 patientes par jour. Une affluence qui cause parfois des désagréments compte tenu du plateau technique mais aussi du personnel disponible. Mme Bella d’indiquer qu’en plus, il y a l’exiguïté des locaux et le fait qu’en sus de la planification familiale, le personnel doit offrir d’autres soins aux patients.

En tous les cas, la PF, de l’avis de la responsable de la SMI, rencontre l’adhésion des femmes. Cet état de fait réconforte l’Etat à travers la direction générale de la santé de la famille et précisément la direction de la mère et de l’enfant qui depuis 2004, a décidé de repositionner la P.F.

La directrice de la Santé de la mère et de l’enfant, Dr. Djénéba Sanon reconnaît que beaucoup de choses ont été faites pour le succès de la P.F au Burkina Faso. Pour elle, depuis le repositionnement, l’acquis le plus important est sans conteste, l’engagement de l’Etat à financer l’achat des produits contraceptifs. Un autre acquis et non des moindres, est la construction des structures sanitaires qui rapprochent davantage l’offre de P.F aux patients. "C’est un domaine sensible. Généralement les femmes profitent du marché pour faire un tour au CSPS. De ce fait, plus la formation sanitaire est éloignée, moins elles en auront accès. Le fait de réduire la distance à une moyenne de 7 km est un acquis non négligeable" souligne Dr. Djénéba Sanon. En plus, la distribution à base communautaire des produits contraceptifs est un atout dans le repositionnement de la PF. "Il est vrai qu’aujourd’hui, nous sommes à 20% de couverture de la distribution à base communautaire des produits contraceptifs à l’ensemble des villages du Burkina Faso.

Toujours est-il que c’est un acquis important qui facilite beaucoup de choses", soutient Dr Sanon.
Un autre acquis aussi et non des moindres est le renforcement des compétences. Le Burkina Faso a beaucoup travaillé à renforcer les compétences des acteurs. "Nous avons beaucoup œuvré à cela ; nous avons plusieurs documents normatifs qui ont été revus pour tenir compte de notre contexte. Il y a aussi l’équipement qu’il ne faut pas oublier, acquis avec l’appui de nos partenaires techniques et financiers", indique-t-elle.

Il faut reconnaître aussi comme prouesse de l’Etat, la pérennisation de l’approvisionnement des produits contraceptifs. En effet, depuis 2008, l’Etat a mis tout en œuvre pour éviter les ruptures dans l’approvisionnement des produits contraceptifs, ce qui permet aux femmes d’avoir une gamme variée pour un choix adapté et efficace. Bien sûr, il en existe toujours, mais elles sont rares selon Mme Sanon. Le maïeuticien, Serges Sari, assistant du Programme planification familiale à la Direction de la Santé de la famille, renchérit que pour mieux contrôler l’approvisionnement des produits contraceptifs et éviter les ruptures, le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA) en collaboration avec le ministère de la Santé a mis en place un logiciel appelé "Chanel". Ce logiciel permet de contrôler la disponibilité des produits contraceptifs.

"Cela permet de prévenir la rupture des produits", confie M. Sari. Mais au-delà, reconnaît -t-il, le ministère de la Santé met les bouchées doubles pour amener les hommes à s’impliquer davantage dans la planification familiale. "Dans nos sociétés, c’est l’homme qui est le décideur. Nous sommes en train de travailler pour amener les hommes à être des accompagnateurs responsables afin d’élever le taux de prévalence de la P.F", affirme-t-il.

Renforcer la communication

Pourtant, des difficultés persistent ça et là et entâchent quelque peu le succès de la P.F. L’une d’elle est le manque ou l’insuffisance de communication. Une situation qui laisse libre cours à la rumeur qui désinforme et intoxique les utilisateurs. " Tant que nous n’allons pas mettre l’accent sur la communication et contrecarrer la rumeur, nous ne pouvons pas atteindre nos objectifs de sitôt. La preuve, en 2003, l’Enquête démographique et de santé (EDS) donnait 10% de couverture des méthodes modernes. En 2010, elle nous donnait 15%. Cela veut dire que nous n’avons même pas progresser d’un point par an", note Mme Sanon. Et d’ajouter que ce résultat ne signifie pas que des efforts n’ont pas été faits. Il faut dire simplement que les gens doivent être encore motivés et galvanisés à aller vers la P.F. Pour cela, un point d’honneur doit être mis sur la communication. Dans ce sens, la direction de la Santé de la mère et de l’enfant a mis en place une stratégie appelée "Rapide" qui prend en compte les différentes sensibilités des uns et des autres.

Bien que des efforts aient été consentis dans l’offre des soins et des produits contraceptifs, du travail reste à abattre pour arriver à satisfaire tout le monde.
Selon Mme Sanon, pour que la P.F puisse avoir toutes ses lettres de noblesse, un accent particulier doit être mis sur la communication. "La plus grande perspective, c’est de mettre l’accent sur la communication. C’est pourquoi, après la conférence sur la P.F de Ouagadougou en février 2011, nous avons élaboré un plan d’action en mettant un accent très important sur la communication avec l’appui des organisations de la société civile. Par ailleurs, nous devons travailler à approcher plus l’offre des soins aux femmes", souhaite-t-elle. Mme Bella pour sa part, trouve que les conjoints ont un grand rôle à jouer dans la réussite de la P.F.

Elle fonde son analyse sur le fait que l’environnement socioculturel permet à l’homme d’avoir le dernier mot au sein du foyer. Ainsi, beaucoup de maris sont encore farouchement contre la P.F, le plus souvent par ignorance. Ce qui entrave la promotion de la P.F au Burkina Faso. C’est pourquoi, la sensibilisation doit les amener à adhérer à la cause de la P.F. Aussi , l’offre des soins devrait être plus accessible. Ce qui veut dire que le personnel soignant doit être formé pour satisfaire la demande. "Certaines méthodes contraceptives ont un grand impact. C’est le cas du norplant ou du DIU sur la prévalence contraceptive. Il est urgent que l’infirmier qui est jusqu’au centre le plus reculé du Burkina Faso puisse aider les accoucheuses auxiliaires à offrir les soins appropriés selon le désir des femmes", suggère Mme Sanon. Elle lance l’appel à chacun de s’approprier la P.F qui constitue un facteur important dans la gestion de la population et partant, le développement de tout pays.

Charles OUEDRAOGO


« Pour atteindre l’OMD 5, nous devons investir davantage dans la PF » soutient Dr. Olga Sankara

Le Fonds des Nations unies pour la population(UNFPA) est la structure de la communauté internationale en charge de la gestion des questions démographiques et de la planification familiale. En prélude à la conférence internationale sur la planification familiale qui se tiendra du 29 novembre au 2 décembre 2011 à Dakar au Sénégal, Dr. Olga Sankara, chargée du Programme santé de la reproduction à l’UNFPA, nous situe sur ce que cette structure onusienne fait au Burkina Faso pour promouvoir la PF.

"Nous irons à Dakar accompagnés des responsables du ministère de la Santé. De façon générale, nous avons la mission de transmettre des messages forts. C’est d’affirmer que la PF est un élément-clé pour le bien-être familial. L’espacement des naissances est un élément clé pour la santé de la mère et de l’enfant, pour le bien-être de la famille et de la communauté entière. Le deuxième message est de dire qu’il faut rapprocher les services des communautés, des populations. Il faut investir dans l’homme, dans les communautés. Ne pas attendre qu’elles se déplacent sur 5, voire 10 km à la recherche de méthodes contraceptives. Egalement, nous dirons haut et fort qu’il faut investir dans les jeunes. C’est un élément important. Permettre aux jeunes qui ont commencé une vie sexuelle, l’accès aux méthodes de contraception modernes est nécessaire parce qu’ils constituent la frange la plus importante de notre population. Nous constatons de nos jours qu’ils commencent les rapports sexuels assez tôt et ils ont besoin de conseils, de services, de contraception pour pouvoir gérer convenablement cette période de leur vie, et ne pas se retrouver avec des grossesses non désirées qui peuvent les amener à avorter où même mourir.

Nous allons dire haut et fort qu’il faut permettre aux couples d’avoir accès à des méthodes de contraception, pour planifier leurs grossesses, avoir le nombre d’enfants désirés. Cela contribue à la maîtrise de la croissance rapide de la population.
Au niveau de l’UNFPA, nous considérons que la PF est l’un des trois piliers pour réduire la mortalité maternelle. Pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement(OMD), nous devons investir davantage dans la planification familiale. Qu’est-ce que l’UNFPA fait dans ce domaine ? D’abord, nous maintenons un niveau de veille en matière de plaidoyer, de sensibilisation, de conscientisation de l’ensemble des acteurs de la PF.

Pendant un certain nombre d’années, notamment lorsque l’USAID s’était retiré, la PF avait perdu un peu de son intérêt. Maintenant, nous nous sommes rendus compte qu’avec un taux de prévalence contraceptif très faible, nous avons des difficultés à atteindre l’OMD 5 relatif à la réduction de la mortalité maternelle parce que les grossesses non désirées sont source d’avortement, parce que les grossesses rapprochées fatiguent les mères, les grossesses nombreuses également. Nous voyons qu’il y a nécessité de se réinvestir davantage dans la PF pour améliorer la santé de la mère et de l’enfant. Pour ce faire, nous soutenons le gouvernement du Burkina pour la mise en œuvre d’un programme.

D’abord, nous apportons l’appui technique et financier nécessaire à l’élaboration des programmes en matière de la santé de la reproduction dont la PF. Ensuite, nous soutenons fortement le gouvernement pour l’acquisition des produits contraceptifs. Nous sommes l’un des principaux partenaires en matière de financement des produits contraceptifs. Nous veillons aussi à améliorer la qualité des services pour que les femmes et les couples qui en ont besoin soient satisfaits. Nous travaillons à augmenter la demande, parce qu’il ne suffit pas seulement de rendre disponibles les services. Il faut que les populations qui en ont besoin soient informées de leur disponibilité et en aient accès. Nous finançons aussi le dispositif d’information et de gestion de la logistique des contraceptifs qui est maintenant informatisé pour permettre aux produits d’être distribués convenablement.

Concernant la rupture des produits contraceptifs, nous avons constaté qu’il y en a toujours, liées à un déficit de suivi. Nous travaillons à résoudre ce dysfonctionnement. Fort heureusement, nous avons un échos favorable au niveau du ministère de la Santé. Il y a deux semaines (ndlr : l’entretien a été fait le vendredi 18 novembre 2011), nous avons eu une réunion sous l’égide de la direction générale de la santé de la famille qui a écouté notre plaidoyer. Il a été décidé qu’à partir du 1er janvier 2012, il sera mis en place un système de surveillance des stocks des produits de la santé de la reproduction de façon hebdomadaire. Nous pensons qu’avec un tel dispositif, nous allons résoudre le problème de rupture de stocks que nous voyons dans les formations sanitaires.

C.O

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 22 novembre 2011 à 09:06, par Donmozoun En réponse à : Planification familiale au Burkina Faso : La communication pour plus d’efficience

    C’est maintenant que vous savez que c’est important d’investir dans la PF ?J’ai souvent du mal à comprendre les politiques et les stratégies que nous mettons en oeuvre dans ce pays. Depuis les conférences de Beijing, du Caire, qu’est ce qui a été fait ? Si l’on s’était pris depuis ce temps, on ne parlerait plus de repositionnement de la PF de nos jours. La navigation à vue, le faire pour voir, voila ce quoi nous excellons. Les SONU auraient-elles été nécessaires si chaque burkinabè avait compris et chois sa méthode de PF ? Je crois que non ! on sait tous ce qui tue les femmes et par ricochet les nouveaux-nés. Arrêtons de faire un pas en avant et deux en arrière. c’est vraiment domage. ce n’est pas à quelques 3 ans de 2015, que nous allons nous lever pour tout bousculer et avoir des chiffres juste pour les institutions intrnationales et après on se retrouve encore la même situation. je rends aussi responsables les institutions internationales qui n’en font qu’à leur tête sans tenir vraiment compte des besoins réels et des contextes des pays. S’ils ont de l’argent pour mettre en oeuvre une stratégie d’un soi disant expert, c’est à prendre ou à laisser par nos pays. ce n’est pas parce que ca marche ailleurs et nécessairement ca doit marcher ou que ca marchera dans un autre contexte. il est donc important que nous sachions défendre nos positions au lieu de toujours faire ce que l’on nous demande de faire. Il faut par moment "désobéir" pour s’affirmer et s’assumer.

    • Le 23 novembre 2011 à 01:09 En réponse à : Planification familiale au Burkina Faso : La communication pour plus d’efficience

      Je suis parfaitement d’accord avec vous. L’adaptation est mieux que l’imitation ou la transposition !On n’est pas oblige de suivre ce qui n’est peut etre pas approprie pour nous.
      Les femmes autour du globe diront merci a Margaret Sanger qui a toujours reve du comprime magique depuis les annees 1912 !!! Aussi devons nous remercier toutes ces autres femmes comme McCormick qui a fait don de $2 millions au laboratoire pharmaceutique pour la production de la pillule !! Devons nous egalement honorer ces femmes au Puerto Rico qui sont mortes pour avoir ete les cobayes pour la pillule !Pourquoi le produit n’a t il pas ete teste sur la terre americaine ???? Eux qui en voulait tant de la pillule !
      Merci pour la pillule et quoi ? Et les effets secondaires ? Combien de jeunes mariees ici au Faso ne sont pas fecondes ? ( je ne dis pas que la pillule est la cause, mais pourrait etre un contributeur au mal). Donnons nous les informations qu’il faut aux jeunes filles ? Les filles font elles les test qu’il faut avant de se mettre sous la pillule et autres contraceptifs ? Est-ce que les effets secondaires valent le prix meme si c’est gratuit ? Dans certains contextes, je dirai que oui.Mais pas toujours.Nous voulons, femmes du tiers monde, juste etre plus informees sur ce qu’il ya dans les contraceptifs qu’on nous donne, et faire libre choix.
      Les femmes savaient-elles que l’estrogene etait au cancer ce qu’est l’angrais a la plantation ?
      Pourquoi ne pas encourager plus la contraception qui protegera aussi d’autres fleaux comme le HIV et les MST ? Je n’aime pas les DON que les organismes internationaux nous font. C’est la strategie de depotoire sur les zones d’outres mers ou de commercialization de produits qui n’ont plus de marche en occident. On est pauvre, mais un peu de dignite.Nos maris nous fatiguent mais on prefere mourir de ca que de maux inconnus et complexes.

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