Et Cotonou, qui célèbre cette année le 150e anniversaire de son évangélisation, n’aura pas échappé à cette règle. C’est devant une assemblée de quelque 50 000 fidèles réunis dans la cuvette d’un temple du sport que le Saint-Père a célébré la messe, point d’orgue de son second séjour en terre africaine.

Le volet religieux de cette visite a également été marqué par la remise de l’exhortation apostolique « Africae munus », « l’engagement de l’Afrique » en latin. Un document de 130 pages, au nom savant dans lequel le pape appelle entre autres à « la promotion d’une fraternité nouvelle en opposition au tribalisme et à l’ethnocentrisme ». Confiée aux évêques lors de cette dernière célébration, elle servira de feuille de route à l’Eglise catholique d’Afrique.

On retiendra également qu’au-delà de l’autorité morale qui est et demeure celle du successeur de st Pierre, les paroles du souverain pontife dépassent souvent la seule sphère religieuse pour déborder dans le champ laïc, voire profane. Il en va ainsi de l’épineuse question de la pandémie du sida. Un point qui avait soulevé la polémique lors de son dernier séjour en Afrique en 2009. Décidément prudent, Benoît XVI, dans un bref passage, se sera contenté d’effleurer le sujet, évitant soigneusement d’aborder la question brûlante du préservatif.

Cela se vérifie aussi et surtout dans le domaine politique. Ce fut le cas avec Jean-paul II, dont tous s’accordent à dire qu’il a joué un rôle décisif dans l’effondrement du glacis soviétique.

Mais sans aller jusqu’à l’historique « n’ayez pas peur ! » prononcé en 1978 par un « jeune » pape polonais, Benoît XVI s’est adressé une fois de plus aux dirigeants de l’Afrique et du monde, leur rappelant que les peuples aspirent à la liberté, à une vie décente, à de bonnes écoles et à de vrais hôpitaux. « Ne privez pas vos peuples de l’espérance, ne les amputez pas de leur avenir en mutilant leur présent ! »

Espérons seulement qu’il n’a pas prêché dans le désert, vu que, de nos jours, les détenteurs du pouvoir, qu’ils soient chrétiens, agnostiques ou francs-maçons, ne manquent pas le pèlerinage au Vatican, quitte à jeter ensuite aux orties toutes leurs bonnes résolutions. Cela est plus vrai pour l’Afrique, dont bien des chefs d’Etat n’ont pour seul évangile que celui qui leur assurera la pérennité au pouvoir.

Benoît XVI quitte donc le Bénin enchanté par la ferveur et l’enthousiasme bigarré de ses ouailles, tout en priant pour qu’après lui « l’engagement de l’Afrique » puisse tenir ses promesses .

Par H. Marie Ouédraogo

L’Observateur Paalga