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Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

Publié le mercredi 16 novembre 2011 à 01h38min

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Du 29 novembre au 2 décembre 2011, Dakar, au Sénégal abritera une la Conférence internationale historique sur le planning familial. L’évènement réunira plus de 2 000 dirigeants africains, américains et européens mais également des chercheurs de classe mondiale. A quelques jours de cette importante réunion, le Dr Mamadou Kanté, représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population (FNUAP), démontre, à travers cette tribune, l’importance de l’amélioration de l’accès au planning familial à travers l’Afrique et le monde. Il appelle les dirigeants du monde à faire plus d’effort afin de répondre aux besoins non satisfaits de planning familial en Afrique et partout dans le monde.

« Poko est une jeune fille mère de 20 ans qui est tombée enceinte à 16 ans. Elle fréquentait alors la classe de 4ème au collège. Cette grossesse a profondément perturbé son cycle scolaire car elle n’avait pas réussi à passer en classe supérieure l’année où elle était enceinte. Lorsqu’elle a réussi à atteindre la classe de 3ème, elle a échoué à l’examen du BEPC car elle devait s’occuper de son enfant et en même temps étudier. Nous avons rencontré Poko au Centre médical de Koudougou dans la province du Boulkièmdé au Burkina Faso alors qu’elle tentait d’avoir une consultation pour adopter une méthode contraceptive. Le centre médical de Koudougou était son espoir car auparavant elle s’était adressée à une association mais elle avait trouvé les coûts trop élevés. Poko, veut cette contraception qu’elle a découverte seulement après son accouchement car elle ne veut pas que sa scolarité soit handicapée par une autre grossesse, résolue qu’elle est à réussir sa vie.

L’histoire de Poko n’est pas unique, même si elle-même n’est comme aucune autre femme. Ou plutôt si, elle est l’une des 215 millions de femmes qui, à travers le monde, voudraient utiliser la contraception mais n’ont aucune possibilité de le faire. Ce chiffre a un visage, celui des femmes du monde en développement. Au Burkina Faso, pour diverses raisons, jusqu’à 29% des femmes ont des besoins non satisfaits en matière de contraception. Quant à la prévalence contraceptive, elle reste faible, seulement 15% des femmes disent utiliser des moyens de contraception. Or, les femmes Burkinabè ont en moyenne six (6) enfants au cours de leur vie.

C’est un droit humain fondamental pour tout couple de décider du nombre d’enfants qu’il souhaite et de leur espacement. Il est profondément injuste qu’il ne puisse pas le faire. Et les implications en sont très graves.
Ce sont en premier lieu les femmes qui subissent le fardeau d’une demande non satisfaite de planning familial : les grossesses non désirées sont souvent dangereuses et risquées pour leur santé. Ces grossesses ont plus de chances de provoquer des handicaps, voire le décès de la mère et une mauvaise santé des bébés et des enfants. Au Burkina Faso, l’accès au planning familial est l’une des principales stratégies pour réduire la mortalité maternelle, ainsi que celle des bébés et des enfants, qui restent élevées.

Le planning familial ne concerne pas que les femmes. Les droits et la santé des hommes et des adolescents sont aussi en jeu et il concerne donc des communautés et des nations tout entières. Faire de la planification familiale, c’est protéger l’avenir du monde dans lequel nous vivons.

Aider des individus à planifier leur famille est une façon de réduire la pauvreté, car cela permet d’augmenter la productivité et plus largement, le développement économique. Au plan mondial, les décès et les handicaps liés à la maternité se traduisent par une perte de productivité de 15 milliards de dollars par an, chiffre qui pourrait changer de façon spectaculaire rien qu’en empêchant les grossesses non voulues. Par contre, de récentes études ont montré que la rentabilité des investissements consacrés aux services de contraception est bien supérieure, grâce à une réduction des coûts médicaux, ce qui en fait l’une des approches ayant le meilleur rapport qualité-prix dans le domaine du développement.

Que nous le réalisions ou non, nous avons tous un rôle à jouer. Le 31 octobre 2011, la population mondiale a dépassé les 7 milliards d’habitants – une étape historique qui traduit des succès et des opportunités mais aussi de graves responsabilités. Nous devons nous efforcer de protéger la santé, le bien-être et les droits des habitants de notre planète. Faire en sorte que chaque individu puisse planifier sa famille est un pas important dans la bonne direction.

Les dirigeants et activistes du Burkina Faso le savent, avec un taux d’accroissement annuel de 3,1%, la population du pays doublera en 24 ans. Si cette situation offre des opportunités, il n’en demeure pas moins qu’elle présente des défis complexes. Au titre des défis, la nécessité d’améliorer l’accès des populations à la planification familiale s’impose. Dans quelques semaines, une délégation Burkinabè de haut niveau constituée de sept (7) personnes se joindra à 2000 décideurs, chercheurs et donateurs du monde entier pour la Conférence internationale 2011 sur le planning familial, qui se tiendra à Dakar (Sénégal).

Le lieu et le moment choisis pour cette réunion sont significatifs. C’est la plus grande conférence du genre. C’est en Afrique de l’Ouest que les femmes ont la fécondité la plus élevée et les taux de contraception les plus bas au monde.
Aujourd’hui plus que jamais, les dirigeants du monde doivent saisir l’occasion de prouver leur leadership en la matière et mettre la barre très haute pour les donateurs, les décideurs et les militants du monde entier. Etant donné que l’Afrique et l’Asie en général, y compris le Burkina Faso se taillent la part du lion en ce qui concerne les besoins non satisfaits en matière de planning familial, nous ne pouvons pas rester bras croisés ou continuer à progresser avec la même lenteur.

Nous devons saisir l’occasion et appeler nos dirigeants à se faire les champions du planning familial volontaire, ici au Burkina Faso et dans le monde entier. Nous devons exiger des pays donateurs qu’ils remplissent leurs engagements. Les solutions existent et nous pouvons faire davantage pour qu’elles soient appliquées. Nous devons aussi faire montre d’innovation et élaborer de nouvelles approches pour répondre aux besoins en matière de contraceptifs. Il faut intégrer le planning familial dans le réseau plus large des systèmes de santé, notamment maternelle et infantile, et de traitement du VIH/sida, afin de renforcer les systèmes sanitaires, améliorer leur efficacité et leur accès et réduire les coûts.

Non seulement les bénéfices seront immédiats si l’on investit dans le planning familial, mais on aidera la génération de jeunes la plus nombreuse de l’histoire de l’humanité à se forger un avenir meilleur. Que les choses soient claires : le planning familial n’est pas une question qui concerne les femmes mais l’humanité tout entière, dans le monde entier. L’accès au planning familial volontaire demeure un droit humain fondamental, et un problème de santé publique et de développement. Il est temps qu’il devienne une réalité. »

Dr Mamadou KANTE, Représentant du Fonds des Nations Unies pour la Population, UNFPA au Burkina Faso

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 16 novembre 2011 à 07:51 En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

    Bonjour à tous
    Pour moi l’echec de la plannification s’explique par le faible niveau d’éducation et de formation des populations. Pour preuve pourquoi les intellectuels font moins d’enfants que les analphabètes, pourquoi la plupart des intellectuels sont plus soucieux de la santé, l’éducation de leur enfant ?
    Mon voisin qui est à ouaga (un gardien de nuit) me disait qu’il lui faut faire beaucoup d’enfants car ces promotionnaires ont actuellement plus de 3 enfants au village.
    Vous imaginez une telle mentalité ?
    J’ai pitié pour mon pays car le rythme de croissance de la population est trop élévé et cela ne vas faire que freiner notre developpement. Pour justifier cette assertion, c’est simple faite une comparaison dans vos quartiers ou vos villes ; ceux qui plannifient leur vie s’en sortent mieux.
    Autre élément, il faut impliquer surtout les autorités coutumières et religieuses pour les expliquer le bien fondé de la plannification.

  • Le 16 novembre 2011 à 08:43 En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

    C’est un des crimes du pouvoir c’est d’avoir tué cette initiative depuis 1987.C’est sacrifier l’avenir d’un nation au profit de la longévité au trône.C’est dommage !!!

  • Le 16 novembre 2011 à 10:05 En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

    BONJOUR DR MAMADOU, avec tout le respect que je vous dois je pense que le planning familial n’est pas la solution à notre sous développement.La preuve ;les chinois sont environ 2 milliards ou même plus mais aujourdhui la chine est une puissance économique qui vient en aide même à ceux qui sont à l’origine du concept de planning familial.
    Je ne dis pas qu’il n’ya pas de pauvre en chine,mais vous et moi connaissons tous la raison de notre pauvreté:c’est la mauvaise gestion de nos maigres ressources.
    C’est pour dire même si vous avez une population de 1 million d’habitants et que vous avez des dirigeants qui sont égoistes et dilapident l’argent du peuple à travers des valises ou des djembés,on sera toujours pauvres.
    Par exemple les gabonais ne sont pas nombreux et leurs sous-sols est très riche mais est ce qu’ils arrivent à se nourrir eux-même.
    Vous demandez aux dirigeants africains de faire du planning familial leur cheval de bataille,je vous comprends car vu le poste que vous occupez vous ne pouvez pas dire le contraire.
    Par ailleurs j’apprècie beaucoup le fait que vous dites que le planning familial est un droit fondamental volontaire. Oui il faut que vos moyens contraceptifs soient donnés aux femmes de manière volontaire.
    Je m’adresse maintenant au journaliste de fasozine, qui a commencé son article en parlant de POKO.Monsieur pourquoi ne dites vous pas à POKO si elle tient sincèrement à ses études,de s’abstenir de tout rapport sexuel pendant qu’elle étudie.Et sachez que ce terme de grossesse non désirée c’est du n’importe quoi parce que quand on ne désire pas quelque chose,on ne s’approche même pas de cela.

    • Le 16 novembre 2011 à 13:39 En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

      Entièrement d’accord avec toi mon frère. ce que ces médecin ne disent pas c’est les inconvénient qui accompagnent ces contraceptifs. mes sœurs refusées ces contraceptifs car ceci mettent votre vies en danger si ce n’est le diabète c’est l’hypertension artérielle ou encore l’obésité et j’en passe. c’est mieux de faire un enfant de trop que de trainer ces maladies dont on ne peut en guérir toute sa vie. A la limite utulisé les méthodes naturelles.

    • Le 16 novembre 2011 à 13:41 En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

      Entièrement d’accord avec toi mon frère. ce que ces médecin ne disent pas c’est les inconvénient qui accompagnent ces contraceptifs. mes sœurs refusées ces contraceptifs car ceci mettent votre vies en danger si ce n’est le diabète c’est l’hypertension artérielle ou encore l’obésité et j’en passe. c’est mieux de faire un enfant de trop que de trainer ces maladies dont on ne peut en guérir toute sa vie. A la limite utilisé les méthodes naturelles. ne censuré surtout pas mon point de vue

  • Le 16 novembre 2011 à 10:55, par Lucc En réponse à : Planning Familial au Burkina Faso : « Il est temps qu’il devienne une réalité »

    On tient souvent l’homme pour responsable de la non utilisation des contraceptifs. Tenez, après notre deuxième enfant, sur conseil de notre medecin-gynecologue, j’ai acheté la pilule "planif" pour ma femme ; et elle a categoriquement refusé de l’utiliser, aux motifs qu’elle maîtrise son cycle menstruel et qu’elle ne veut pas prendre du poids ou subir d’autres conséquences fâcheuses de la contraception. Elle refuse tout autre contraceptif aussi. Conséquence : elle est encore tombée enceinte pendant que notre dernier enfant n’a que quatorze mois et taite toujours. Et madame se plaint amèrement tout en rejettant la faute sur elle-même. Quant à moi, je profite agréablement de la situation (puisqu’il n y a plus de règles) tout en l’accompagnant moralement, psychologiquement, médicalement et materiellement pour qu’elle conduise à terme cette grossesse dans de bonnes conditions.

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