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Fléau du mariage précoce à l’Est : Des autorités coutumières et religieuses préparées à la lutte

Publié le mercredi 16 novembre 2011 à 01h36min

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La Direction de la protection et de la promotion de la famille a organisé, en collaboration avec la direction régionale de l’Action sociale et de la solidarité nationale de l’Est, un atelier de formation des responsables religieux et coutumiers sur le mariage précoce à Fada N’Gourma, les 10 et 11 novembre 2011.

Le mariage précoce est encore une pratique récurrente au Burkina Faso. Selon une enquête réalisée par l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) et l’UNICEF en 2008, 23,5% des filles, âgées de 15 à 19 ans, sont déjà mariées ou vivent en union libre dont 30,9% d’entre elles en milieu rural. Au regard de ce constat, les autorités burkinabè, avec l’appui de partenaires tels que l’UNICEF, l’UNFPA et l’Etat japonais ont pris l’engagement de lutter contre le fléau. C’est ainsi que le projet «  ?Mettre fin au mariage précoce au Burkina Faso ? » a vu le jour. Dans le cadre de la réalisation des activités du projet, des responsables coutumiers et religieux ainsi que des personnes-ressources du monde de la justice et de l’Action sociale étaient en atelier à Fada N’Gourma, les 10 et 11 novembre 2011.

L’atelier qui a réuni une trentaine de participants, avait pour objectif principal, de renforcer les connaissances des leaders traditionnels et religieux sur le mariage précoce, chose qu’ils avaient eux- mêmes sollicitée. L’atelier a été un cadre d’échange et d’explication du phénomène, de mesurer son ampleur, ses causes et ses conséquences.

Ce fut aussi, l’occasion pour les participants de prendre connaissance des informations relatives au mariage civil, à l’enregistrement des naissances, aux droits des enfants et à la promotion de l’éducation des filles. Le volet juridique a nécessité la présence du procureur du Tribunal de grande instance (TGI) de Fada N’Gourma, Joël Somda et du Juge Oumarou Zono du même TGI. Les deux hommes de droit ont passé en revue les infractions liées au mariage précoce et les peines y afférentes. Il est ressorti que pour les délits comme le mariage forcé, c’est une peine de 1 à 3 ans qui est applicable, sauf en cas d’enlèvement de mineurs où elle va de 5 à 10 ans. Les communicateurs ont aussi évoqué les peines relatives aux différents types de viol ? : 5 ans et plus ou la peine de mort ou encore l’emprisonnement à vie.

Selon le procureur, Joël Somda, le mariage précoce fait l’objet de beaucoup d’audiences dans la région de l’Est ? : «  ?il ne se passe pas un seul jour sans que nous ne soyons sollicités pour enlèvement de mineur ou mariage forcé ? », a-t-il souligné. Avant d’ajouter qu’en dépit de ces nombreux jugements, le problème demeure très préoccupant. M. Somda a par ailleurs, appelé les responsables coutumiers et religieux à dénoncer toute situation de mariage précoce. « Si vous êtes informés d’un mariage précoce et que vous ne dénoncez pas, vous êtes complices et vous encourez les mêmes peines que l’auteur de l’acte ? », a-t-il martelé. Les dénonciations peuvent se faire auprès de la justice, de la police ou de la gendarmerie. Les communications ont suscité beaucoup d’intérêt chez les participants qui n’ont pas tari de questions.

Leurs préoccupations étaient entre autres, relatives aux droits et devoirs des enfants et à la démission de certains parents vis-à vis de leurs progénitures. Certains ont estimé que l’on parle des droits des enfants, mais pas assez de leurs devoirs. Il est nécessaire pour eux, d’équilibrer le jeu pour que les tout- petits prennent davantage conscience qu’ils n’ont pas que des droits, mais aussi des devoirs.
Au sortir de la rencontre, le directeur général de la Promotion de la famille et des services spécialisés, Arzouma Cyrile Dambo, a dit sa satisfaction.?«  ?L’atelier de Fada N’Gourma a été une réussite car nous avons vu une forte mobilisation des chefs coutumiers, des chefs religieux et même des conseillers municipaux ? », s’est –il réjoui.
La région de l’Est est la troisième à abriter ce genre d’atelier après celles du Centre- Sud et du Centre – Est. Ce sera le tour du Sahel et du Centre –Nord du 15 au 18 novembre prochain.

Daniel ZONGO

Sidwaya

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