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Message de rentrée 2011/2012 des syndicats

Publié le mercredi 16 novembre 2011 à 01h35min

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- Syndicat National des Enseignants Africains du Burkina (SNEAB)
- Syndicat Autonome des travailleurs de l’Education de Base (SATEB)
- Syndicat National des Personnels d’Administration et de Gestion de l’Education et de la Recherche (SYNAPAGER)
- Syndicat National des Encadreurs Pédagogiques (SNEP)
- Fédération des Syndicats de l’Enseignement du Burkina (FESEB)

Camarades militantes et militants,
Travailleuses et travailleurs de l’éducation nationale,

A l’occasion de la rentrée scolaire 2011-2012, les bureaux nationaux des 5 syndicats du MENA sus-cités se font le devoir militant de vous adresser le traditionnel message de rentrée. Cette démarche s’inscrit dans une logique d’unité de plus en plus souhaitée par nos bases. Les bureaux exécutifs vous adressent leurs félicitations et leurs encouragements pour votre ardeur et votre abnégation au travail, malgré la profonde crise socio-politique qui a éprouvé le peuple burkinabè dans son ensemble et particulièrement, le monde de l’éducation au cours de l’année scolaire écoulée.

Camarades militantes et militants,
Travailleuses et travailleurs de l’éducation nationale,

La rentrée scolaire 2011-2012 s’effectue dans un contexte marqué ? :
• au plan mondial et africain, par une crise financière et politique ? ;
• au plan national, par la recherche de solutions de sortie de la crise que le pays connaît depuis février 2011 ? ;
• au plan syndical, par de grandes victoires engrangées, la marche irrémédiable vers une unité plus affirmée, mais aussi et paradoxalement , la remise en cause dangereuse des libertés syndicales si chères à tous et, la négation du droit à la différence dans notre secteur.

1. De la situation mondiale
et africaine,

L’actualité mondiale demeure marquée par la crise financière et économique qui secoue le monde entier, surtout les pays des espaces économiques telles la CEDEAO et l’UEMOA. Malheureusement, cette situation, engendrée par l’ultralibéralisme, est inhérente au système capitaliste avec ses pratiques de spéculation, de recherche effrénée du profit, ainsi que ses velléités de domination des zones d’influence à travers toute la planète.

En Afrique, l’actualité reste marquée par le printemps arabe qui voit le règne des timoniers remis en cause. La jeunesse réclame plus de liberté, de justice et de bonne gouvernance.
Cette révolution arabe fait trembler aujourd’hui bien d’autres pouvoirs au sud du Sahara dont les règnes se calculent en décennies. Si les Magrébins et les Arabes sont à féliciter, la situation est malheureusement, exploitée, sinon provoquée par des puissances impérialistes. Le cas libyen en est l’illustration parfaite car si en Tunisie, en Egypte, au Yemen…c’est le peuple qui s’est mobilisé pour exiger le départ des tyrans, en Libye, c’est l’OTAN dit-on, qui a armé une rébellion contre un pouvoir établi, fût-il d’exception. Loin de nous l’idée de défendre des dictateurs, mais plutôt nous dénonçons l’insulte faite à tout un continent.

Hier c’était Sadam Hussein qui était accusé de détenir des armes de destruction massive, aujourd’hui, c’est «  ?le guide libyen ? » qui paie les frais. A qui le tour demain ? ?
Au plan national, la vie chère demeure toujours une réalité malgré les mesures gouvernementales qui, bien que traduisant des efforts consentis, s’avèrent insuffisantes et diversement appréciées par les commerçants. Le contexte national est toujours marqué par les stigmates d’une crise sociopolitique et la recherche de solutions durables de sortie de cette crise constituent encore une préoccupation majeure. Il appartient au gouvernement de tirer toutes les conséquences de cette crise et de poser les jalons d’une bonne gouvernance, gage d’une véritable stabilité de notre pays sur tous les plans. C’est à nouveau une occasion pour nos bureaux nationaux de dire nos encouragements et notre soutien moral à tous ceux qui ont été durement affectés par cette crise.

Au plan syndical, si l’ensemble du mouvement syndical burkinabè, face à la situation nationale a, à un moment, observé une trêve sur les manifestations publiques, nos organisations au sein du MENA ont été interpelées de toute part, face à la remise en cause du droit à la différence et du recul vis-à-vis des libertés syndicales, non pas du fait de l’Etat mais, orchestré par une autre structure syndicale du MENA.
En effet, vous avez tous souvenance, des violences et des barbaries commises par nos camarades du SYNATEB au détour d’un sit-in, transformé en hordes de vandales. Nous avons difficilement compris ce comportement. Des enseignants qui battent d’autres enseignants et les obligent à fermer les classes alors que leurs syndicats d’appartenance ignoraient tout de ladite lutte ? ! Des enseignants qui profèrent des grossièretés devant leurs propres élèves, menacent de mettre à nu des enseignantes qui ne se plieraient pas à leurs injonctions ? ;

Des enseignants qui terrorisent leurs élèves, détruisent leurs cahiers de leçons et de devoirs.
Voilà le spectacle auquel nous avons assisté en ce mois de juin 2011.
A tous les élèves qui ont été terrifiés et dont les regards à la recherche d’un protecteur nous restent en mémoire, à toute la famille enseignante ainsi qu’à tout le personnel administratif qui a subi toute forme d’humiliation et à qui nous avons demandé de ne point répondre à la violence par la violence, nous saluons leur courage, leur maîtrise de soi et leur élan pacifique. L’école de Gandhi à laquelle nous avons été nous a toujours enseigné que la non violence est la marque des hommes forts.

Camarades militantes et militants,

En dépit de ces turbulences internes, les autres structures syndicales du MENA à savoir le SNEAB, le SATEB, le SYNAPAGER, le SNEP et la FESEB, refusant cette diversion, ont continué à l’unisson la lutte commune déjà entamée. C’est ainsi que le 31 mai 2011, nos cinq organisations déposaient un préavis de grève pour exiger du gouvernement ? :

1. l’adoption d’un statut particulier pour les personnels de l’éducation ?de base ;
2. la révision des indemnités ? pour :

Octroyer ? :

• l’indemnité de logement et l’indemnité spécifique à tous les personnels d’administration et de gestion ? ;
• des indemnités d’encadrement des élèves-maîtres et élèves-encadreurs pédagogiques, aux enseignants des écoles d’application et aux encadreurs pédagogiques ? ; ?

Relever ? :

• les indemnités servies, lors des animations et conférences pédagogiques et les inscrire dans un cadre réglementaire ? ;
• le taux de la correction des copies au CEP ;
• l’indemnité servie aux présidents de jury ? ;
• la prise en charge des présidents de jury et des membres de secrétariat de jury sur toute la durée de l’examen ? ;
• l’indemnité spécifique des encadreurs pédagogiques et des enseignants ?en zone urbaine ? ;

3. la suppression du corps des volontaires dans l’enseignement ? ;
4. la levée de la mesure du recrutement régional ?des enseignants ? ;
5. la révision de la carrière des enseignants brimés, du fait de l’Etat avec effet financier ? ;
6. la réorganisation de la formation initiale et continue des personnels de l’éducation de base.

Ainsi, les 6, 7, 8 et 9 juin 2011 des rencontres de concertation et de négociation se sont ouvertes entre nos structures et le gouvernement et les deux parties ont convenu de ce qui suit ? :

I. De l’adoption d’un statut particulier pour les personnels de l’Education de base

Le gouvernement accède à cette requête qui entre dans la dynamique du traitement global engagé par le Ministère de la fonction publique, du travail et de la sécurité sociale (MFPTSS). Le statut particulier du Ministère de l’Education Nationale et de l’alphabétisation sera élaboré à cet effet, avec l’implication effective des organisations syndicales.

II. De l’octroi de l’indemnité de logement et de l’indemnité spécifique à tous les Personnels d’administration et de gestion (PAG).

Cette revendication basée sur des préoccupations de justice sociale et d’équité est jugée pertinente par le gouvernement, au regard de l’argumentaire développé par les organisations syndicales, au cours des échanges. Cette revendication sera prise en compte dans les travaux du comité technique mis en place au niveau de la primature.

III. De l’octroi d’indemnités d’encadrement des élèves- maîtres et élèves-encadreurs pédagogiques aux enseignants des écoles d’application et aux encadreurs pédagogiques

Au cours de l’année scolaire 2010/2011, des frais de stage ont été octroyés aux enseignants et aux directeurs des écoles d’accueil des stagiaires, à raison de ? :
• 7 ?500 FCFA par mois et par enseignant, pendant la durée du stage ? ;
• 8 ?000 FCFA par mois et par directeur d’école, durant la même période.
En attendant les propositions du comité sur la mutation des frais de stage en indemnités, dans le cadre institutionnel, le gouvernement s’engage à ? :
• inscrire lesdits montants dans les budgets des ENEP et prévoir la participation des promoteurs privés pour la prise en charge des frais de stage, au titre de l’exercice budgétaire 2012 ;
• assurer des frais de sortie de supervision du stage des élèves-maîtres aux encadreurs pédagogiques, à raison de 10 ?000FCFA par sortie et par circonscription pour trois (3) sorties dans l’année, pour compter de l’exercice budgétaire 2012 ;
• poursuivre les échanges avec le Ministre des enseignements secondaire et supérieur (MESS) en collaboration avec le Ministre de l’économie et des finances (MEF) pour ce qui concerne les frais d’encadrement de stage des élèves- encadreurs pédagogiques.

IV. Du relèvement des indemnités servies lors des animations pédagogiques et conférences pédagogiques et les inscrire dans un cadre réglementaire

En attendant les réponses du comité technique pour l’inscription de ces indemnités dans un cadre réglementaire, conformément aux taux en vigueur au plan national, le gouvernement s’engage à relever le montant de la prise en charge des enseignants au niveau des groupes d’animation pédagogique (GAP) de 1500 à 2000 FCFA, au titre de l’exercice budgétaire 2012.

V. Du relèvement du taux de la correction des copies au CEP, de l’indemnité servie aux présidents de jury, de la prise en charge des présidents de jury et des membres de secrétariat de jury sur toute la durée de l’examen et de l’indemnité spécifique des encadreurs pédagogiques et des enseignants en zone urbaine

La partie gouvernementale trouve fondées et pertinentes ces préoccupations qui seront prises en compte dans les travaux du comité technique.

VI. De la suppression du corps des volontaires dans l’enseignement

Le MENA est dans la dynamique de la suppression du recrutement des volontaires enseignants. Cette volonté se traduit par une réduction progressive de l’effectif des volontaires. La mesure de la suppression rentrera en vigueur, pour compter de la rentrée scolaire 2012/2013.

VII. De la levée de la mesure du recrutement régional des enseignants

Le gouvernement reconnaît la pertinence des arguments avancés par les organisations syndicales. Cependant, avant toute levée de la mesure, il s’avère nécessaire d’engager une réflexion approfondie sur la question, dès septembre 2011.

VIII. De la révision de la carrière des enseignants brimés, du fait de l’Etat avec effet financier

La pertinence de cette revendication a été reconnue et soutenue par la partie gouvernementale dans la mesure où elle pose des questions de justice sociale et d’équité. Pour ce faire, le gouvernement accède à cette revendication et mettra en place un comité technique interministériel pour revoir le traitement administratif des dossiers, évaluer l’incidence financière et établir un plan d’apurement.

IX. De la réorganisation de la formation initiale et continue des personnels de l’éducation de base

1. Pour la réorganisation de la formation initiale, la partie gouvernementale s’engage à réaliser une étude dont les conclusions sont attendues en décembre 2012. Du reste, la relecture des termes de référence de cette étude sera faite avec l’implication des organisations syndicales.
2. Pour la formation continue, le gouvernement s’engage à relire le projet de plan de formation continue, en collaboration avec les organisations syndicales pour décembre 2011.

X. De la levée du mot d’ordre de grève

Au regard des engagements pris par le gouvernement, les organisations syndicales sus-citées s’engagent à lever le mot d’ordre de grève lancé pour les 14 et 15 juin 2011 pour compter de ce jour, 9 juin 2011.
Cependant, lesdites organisations syndicales se réservent le droit d’entreprendre toute action légale, si toutefois les conclusions du comité technique ne prenaient pas en compte les engagements du présent protocole.

Camarades militantes et militants,

Comme vous pouvez le constater, la lutte unitaire que nous avons engagée a permis de faire des avancées significatives, de façon particulière pour les personnels de l’éducation de base, mais d’une manière générale, pour le développement de notre système éducatif que seule la mauvaise foi empêcherait d’en faire une juste appréciation. Nous saluons la bonne foi des autorités du MENA qui ont déjà commencé la mise en œuvre des accords du protocole. Ainsi, les termes de référence de l’étude sur la formation initiale et continue ont été élaborés. La durée de la formation initiale dans les ENEP est passée dans le principe d’un (1) an à deux (2) ans. Les réflexions sur la levée de la mesure du recrutement régionale auront lieu bientôt et les négociations gouvernement/syndicat dans le cadre plus global permettront de préciser la mise en œuvre de certains points du protocole d’accord.

Camarades militantes et militants,

Tirant leçons des conditions d’obtention des acquis considérables ci-dessus évoqués, nos organisations syndicales poursuivent depuis lors, les concertations en vue d’arracher des victoires plus éclatantes. Nous saisissons cette opportunité pour féliciter l’ensemble de nos militants pour leur adhésion à la démarche, au contenu de la plate-forme revendicative et leur détermination à faire aboutir la lutte. Nous vous invitons alors, à plus de mobilisation et de détermination pour la valorisation de la fonction enseignante et le développement de notre système éducatif.

Ouagadougou, le 20 Octobre 2011

Bonne et heureuse année scolaire 2011-2012 ? !

Vive l’unité d’action syndicale ? !
La lutte continue ? !

Ont signé ? :

SNEA-B
B. Bonaventure SEGUEDA

SATEB
Séma BLEGNE

SYNAPAGER
Apollinaire KABORE

SNEP
Boubakar ZIDA

FESEB
Pascal DABAL

Sidwaya

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