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Crise financière en Europe : L’Afrique entre assurance et insouciance

Publié le lundi 14 novembre 2011 à 02h09min

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Par quelles recettes sauver l’Europe et l’euro de la grave crise qui les menace depuis quelques mois ? De rencontres de chefs d’Etat et de gouvernement européens en réunions d’experts ès finances en passant par des sommets hypermédiatisés du G20, la situation va de mal en pis.

Dans ce maelstrom parti des portes de l’Olympe et qui menace de s’étendre à bien des pays du Vieux Continent, exhale un relent de mythologie grecque : le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel, semblent essuyer la colère des dieux de l’Economie et de la Finance.

A peine ont-ils annoncé, sous les feux des caméras, un paquet de mesures que tout se dévisse. Et hop, retour à la case départ. Tel Sisyphe qui doit sans cesse rouler jusqu’au sommet d’une montagne un rocher qui retombe systématiquement.

Les innombrables plans échafaudés pour sauver la Grèce, sommée de partout de se dégraisser ? Flop ! Athènes s’enfonce inexorablement dans la récession, menace de faire défaut et l’euro s’approche chaque jour du gouffre.

Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) né dans l’urgence en mai dernier pour éviter la contagion ? Apparemment un cautère sur une jambe de bois. L’Italie, troisième puissance économique de l’Union européenne, convulse à son tour. Avec une dette publique estimée à 1900 milliards d’euros, soit 120% de son PIB, la santé financière de Rome est préoccupante.

Alors, aux grands maux les grands remèdes. Après plusieurs jours de résistance, le Premier ministre grec, George Papandréou, cède son fauteuil à un technocrate grand teint, Lucas Papadémous, vice-président de la banque centrale européenne. En Italie, même traitement de cheval : le président du Conseil, Sylvio Berlusconi, le Cavaliere, est renvoyé à ses minettes, avec lesquelles il pourra enfin s’adonner en paix aux soirées « bunga bunga ».

C’est dans ce contexte de Grande Peur que la France a vécu, la semaine dernière, sa part de grande frayeur : en effet, un message de l’agence de notation Standard and Poor’s, mais vite démenti, annonçait la perte par l’Hexagone de son triple A.

Ballon d’essai, erreur de manipulation ou rumeur malveillante, la « fausse nouvelle » est considérée par certains comme le signe prémonitoire des sombres prophéties des Cassandre qui ne vendent plus cher la peau du coq gaulois. Tant malgré le train des mesures d’austérité, les indicateurs de performance économique français virent inexorablement de l’orange au rouge.

De l’autre côté de l’Atlantique et des rives du Yang-tseu-kiang, Américains et Chinois suivent, la peur au ventre, le navire Europe en proie à la lame de fond et s’exaspèrent des « lenteurs européennes qui font chuter les marchés ». C’est que, dans ce village planétaire où un simple bogue à Oulan-Bator (capitale de la Mongolie) peut tétaniser la Bourse de Tokyo, le Pays de l’Oncle Sam et l’Empire du milieu savent qu’ils ne sont pas du tout à l’abri de toute contagion. Alors s’invitent-ils dans la crise européenne tout en multipliant les signes de mesures préventives internes. Ne dit-on pas que gouverner, c’est prévenir ?

Alors qu’en est-il de l’Afrique ? Silence radio, douce insouciance. « C’est l’homme qui a peur sinon y a rien » semble être l’état d’esprit le mieux répandu sur le continent noir. Et pourtant ! Dans le contexte économique mondial actuel dominé par le spectre de la récession, c’est plutôt l’homme qui n’a rien qui doit avoir le plus peur, et le continent le plus vulnérable qui subira davantage les effets d’une éventuelle crise dont on ignore jusque-là l’étendue et la profondeur.

Alors que l’Europe se serre la ceinture en procédant à des coupes claires sur ses dépenses publiques, alors que les autres puissances économiques commencent à désherber devant leurs portes pour éviter ou minimiser la propagation de l’incendie qui lèche les finances de la zone euro, en Afrique, on entend peu ou pas parler de mesures de prévention. Signe du sentiment d’assurance ou d’insouciance de nos gouvernants ? La question reste posée.

Mais pour sûr, aussi minime soit la place du continent noir dans la finance internationale ou dans le commerce mondial, nul doute que les effets directs ou indirects de la crise européenne affecteront, peu ou prou, la vie, déjà pas reluisante, des Africains. Ce n’est pas de la prédiction mais du réalisme que dicte le monde d’aujourd’hui : l’interdépendance économique due à la mondialisation.

Selon la Banque africaine de développement (BAD), plus de la moitié des exportations africaines vont actuellement vers l’Europe et les Etats-Unis. Qu’adviendra-t-il de nos recettes commerciales si jamais la récession finissait par s’installer chez nos principaux partenaires économiques ? La Chine pour les remplacer ? Peut-être. Mais à quel prix ? Foin des règles de bonne gouvernance et du respect des droits de l’homme, faisons le commerce, tel est le mot d’ordre de l’Ogre chinois.

En outre, avec plus de 50 milliards d’euros par an, l’Union européenne (Etats membres et la Commission de Bruxelles) contribue à elle seule à près de 56% de l’aide publique au développement dont l’Afrique est la principale bénéficiaire. Cet effort de solidarité résistera-t-il à la grave crise qui guette nos généreux donateurs ?

Et last but not least, quel avenir pour le franc CFA, arrimé à l’euro, aujourd’hui à la croisée des chemins ?

Autant de lancinantes questions au regard du silence et de l’indolence des dirigeants africains face à la crise européenne.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 14 novembre 2011 à 10:30 En réponse à : Crise financière en Europe : L’Afrique entre assurance et insouciance

    Circulez, il n’ya rien à voir ; nous laissent croire nos dirigeants africains.
    Assurance par manque de clairvoyance et de vision et insouciance par irresponsabilité.
    Le peuple comprendra qu’ils n’en sont pas responsables.Et s’en rematta à dieu au nom de la PAIX.

  • Le 14 novembre 2011 à 11:59, par RAWA En réponse à : Crise financière en Europe : L’Afrique entre assurance et insouciance

    C’est peut être l’occasion pour l’afrique de prendre son indépendance financière.L’état, c’est comme un être humain. C’est souvent quand on a le dos au mûr que l’on se découvre des capacités. Si l’euro se cherche, le francs cfa se verra obligé de se chercher aussi.La france sera préocupée à régler ses propres problèmes et nous, nous serons obligés de cesser notre mandicité et nos gérémiades pour prendre le taureau par les cornes

  • Le 14 novembre 2011 à 12:15, par RESPECT En réponse à : Crise financière en Europe : L’Afrique entre assurance et insouciance

    Nous dévons prendre au sérieux cette menace.L’histoire nous apprend que la crise économique de 1929 a eu des impacts négatifs en AFRIQUE.En effet,nous avions eu des difficultés à nos exportations qui, étaient et sont encore essentiellement constituées de matières premières (donc sans valeur ajoutéé).Reveillez vous donc dirigeants sommollants !

  • Le 14 novembre 2011 à 12:33, par le bon citoyen En réponse à : Crise financière en Europe : L’Afrique entre assurance et insouciance

    Bonjour,
    Le silence des africains s’explique par 4 raisons :
    1) La situation économique des pays : la plus part de nos pays fonctionnent avec un déficit permanent depuis des décennies. Nous vivons depuis longtemps ce qui fait courir les occidentaux. Et comme au Gondwana, le père fondateur dira « Eh qu’est ce qui fait courir ces gens là. Un budget c’est une prévision et si on n’arrive pas à l’équilibrer laissons-le comme ça. Dieu fera le reste ». je demande à nos journalistes d’enquêter sur la situation du Burkina et vous verrez que nous avons une situation pire que la Grèce et l’Italie.

    2) Prévision n’est pas nègre : le nègre préfère attendre le problème que d’anticiper. Et nos dirigeants ne peuvent pas comprendre que des gens les empêchent de dormir pour des problèmes qui ne sont pas encore arrivés. Ils se disent quand ça va venir, nous allons réunir les coutumiers et les religieux pour prier. Dieu ferra descendre des EURO ou des Dollars pour nous. Le 1er ministre grecque a refusé d’endetter son pays pour des générations. Alors on l’a poussé à la porte. C’est ce que font nos dirigeants actuels. Pourvu que je garde mon fauteuil.

    3) La dépendance monétaire de nos pays : Nous n’avons jamais été les vrais pilotes de notre monnaie. Qu’avons-nous à dire quand ta monnaie appartient à quelqu’un d’autre qui le gère comme bon lui semble. Quand la France a proposé la taxation sur les transactions, aucun dirigeant de la zone CFA n’a réagit alors qu’on sait qu’on paiera à la France toutes nos transactions car notre monnaie s’y trouve.

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