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Insécurité routière : Les vieux démons de la tracasserie tardent à quitter la Côte d’Ivoire

Publié le jeudi 10 novembre 2011 à 02h15min

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La paix est-elle seulement un mot du côté de la Lagune Ebrié ? Est-on tenté de se demander. En tout cas, pour qui emprunte le trajet Bobo-Abidjan. Des barrages qui n’en finissent pas et à chaque arrêt, il faut payer des sommes d’argent même munie d’une carte d’identité. Sauf bien sûr ceux qui détiennent celle de la Côte d’Ivoire.
« Les pièces, les pièces. Montrez vos pièces, rapidement », disait un agent des Forces républicains de la Côte d’Ivoire (ce sont les forces nouvelles) dans la première localité après la frontière du Burkina. « Toi, il faut donner 500 F, (celui qui tenait la nouvelle pièce d’identité du Burkina), toi, tu donne 1000 F (un autre qui tenait la pièce d’identité délivré aux Burkinabé en Côte d’ivoire). Faites vite, je suis pressé », s’empressait-il à dire aux passagers à destination d’Abidjan ce dimanche 6 novembre.

Plus loin encore, et moins de 50 kilomètres, un autre barrage avec le même scénario. Mais cette fois, il a fallut payer 200 F chacun. Parmi les passagers, se trouvaient de jeunes ivoiriens, à qui les FRCI, à vue d’œil, n’osaient demander les pièces. A la question de savoir pourquoi, un des leurs nous répondait : « On se connait. Nous sommes des frères d’arme. » Un autre, un peu plus âgé, tenait, lui, la « carte de démobilisation ». A l’écouter, il s’agit d’une carte qui a été délivré aux « ex-rebelles » après la crise politico-militaire qui a secoué la Côte d’Ivoire pendant des années, histoire de témoigner une reconnaissance pour le service rendu à la nation ivoirienne.

Jusqu’à Bouaké, telle était la scène qui se jouait à chaque barrage. Des hommes habillés en tenue militaire, quelques uns assis sur des chaises à l’intérieur des huttes, et d’autres en garde attendant patiemment « les proies ». « Pourtant on avait dit que tout cela était terminer ? », demandait un passager au chauffeur. « C’est comme ça, surtout qu’aujourd’hui (dimanche 6 novembre, ndrl), c’est la Tabaski, ils veulent de l’argent pour bien fêter ». Le convoyeur, étant lui-même las de l’attitude des agents de FRCI, demandait aux passagers de cotiser chacun 200 F qu’il rassemblait pour leur donner à chaque barrage. Cette proposition sera rejetée, par les frères d’armes qui ont estimé que c’était le chauffeur qui devait payer et non les passagers. Ce qui fut fait à partir de Bouaké jusqu’à Abidjan.

L’on pouvait alors dire ouf ! Mais c’était se tromper car même à Abidjan, dans le taxi, les pièces d’identités ont été demandées. N’eut été l’intervention d’un autre « frère d’arme », des sommes d’argent allaient encore être déboursés. Ces contrôles se sont déroulés dans le quartier Yopougon, à l’entrée même de la ville d’Abidjan. « Ce sont uniquement les nuits qu’il le font », explique le chauffeur de taxi.


Ce ne sont pas les tactiques qui leur manquent !

Tous les moyens peuvent être bons pour atteindre des objectifs. En tout cas, certains ivoiriens usent des moyens, même risqués pour parvenir à leurs fins. Ainsi, donnent-ils des commissions (attiéké, beurre de karité, lettre...) à certains voyageurs en avion pour tel ami, tel parent ou tel frère. « Ne vous inquiétez pas, ça ne pèse pas beaucoup. Vous n’allez rien payer à l’enregistrement. Le propriétaire viendra vous attendre à l’aéroport. Je lui dirai comment vous êtes habillé », rassurent-ils les mandataires. Comme un jeu d’enfant, pourra-t-on dire. Mais ça marche, car les intéressés viennent effectivement attendre à l’aéroport et vous reconnaissent tel qu’on vous a décrit. Ainsi rentrent-ils en possession de leur du.

Elle a pourtant bloqué le colis

Lui ayant confié un sachet blanc contenant du beurre de karité et de l’attiéké, et un autre colis, cette jeune dame ne s’est pas gênée de bloquer le sachet. « Il a dit qu’une des filles tient un sachet blanc qui m’appartient », disait celle qui l’attendait à l’aéroport. « Non, le sachet m’appartient », répliquait la jeune dame avant de donner dos. Elle va alors appeler à Abidjan pour s’assurer, mais c’était trop tard car son mandataire s’était déjà éclipsé.

« Je suis un djosseur... »

Ils semblent qu’ils sont nombreux, les jeunes venant des pays d’Afrique de l’Ouest à travailler à Tunis. Ils sont pour la plus part des immigrés d’Europe et des victimes des « démarcheurs » qui leur promettent des visas pour entrer dans des pays d’Europe. Par la tactique de commission, deux ont du trouver une famille pour rester. L’un d’entre eux est devenu chauffeur et l’autre, « djosseur ». Accompagné de sa copine, il ne se gène pas du tout à dire qu’il est un djosseur. « Est-ce que vous comprenez le mot djosseur ?, n’étant pas rassuré que l’on l’a compris. « Je veux dire que j’essuie les véhicules et bien d’autres » s’explique-t-il. Il le dit le faire en vue de récolter d’autres sous pour l’Eldorado.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 10 novembre 2011 à 08:55, par DWART En réponse à : Insécurité routière : Les vieux démons de la tracasserie tardent à quitter la Côte d’Ivoire

    Bel article ! félicitation et courage à toi KINDO.
    Reconnaissons quand même que les frères Burkinabé s’attendaient à l’irréalisable et à l’insensé : l’elimination pur et simple des frontières.

  • Le 10 novembre 2011 à 10:52, par Lucie En réponse à : Insécurité routière : Les vieux démons de la tracasserie tardent à quitter la Côte d’Ivoire

    On a crié victoire quand Gbagbo est tombé pensant que Alassane et ses ouailles sont des anges. L’ivoirien, quel qu’il soit, a toujours meprisé le burkinabé. Meme du temps de Houphouet, le racquet avait cours. On allait jusqu’à demander la carte du PDCI. A qui la faute ? a notre pauvre complexe d’inferiorité. Sinon pourquoi nos autorités ne mettent-ils pas le holà ?

  • Le 13 novembre 2011 à 11:39, par Amélie Yah En réponse à : Insécurité routière : Les vieux démons de la tracasserie tardent à quitter la Côte d’Ivoire

    Vous les Mossis , vous n’avez encore rien vu . Ouattara vous a utilisés et maintenant vos malheurs commencent avec les Rackets et bientôt les Cartes de séjour puis les expulsions. Mais comment peut-on être aussi bête en croyant qu’en aidant la France et les rebelles à chasser Gbagbo par les armes on pouvait se comporter en Côte D’Ivoire comme un Moro-Naba ? Mais soyez patients car nous sommes patients. Donnons-nous rendez-vous en 2012, après la défaite et le départ de Sarkozy.
    La deuxième mi-temps sera jouée . Qui vivra , vera !

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