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Accusations mauritaniennes et ivoiriennes : vérité, où es-tu ?

Publié le mardi 12 octobre 2004 à 09h57min

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H. Yaméogo

L’opinion burkinabè et même internationale ne sait plus à quel saint se vouer quant aux accusations mauritaniennes sur une implication du Burkina dans la dernière tentative de déstabilisation de ce pays.

Elle est d’autant plus perturbée que ces accusations arrivent deux ans après celles des autorités d’Abidjan à propos de l’implication du Burkina dans la crise ivoirienne. Des accusations qui ont suivi la plongée burkinabè dans l’imbroglio libérien d’où ont découlé d’autres accusations, guinéennes cette fois, sur une tentative de déstabilisation du pays de Sékou Touré. On en viendrait à parler aujourd’hui de la présence de légionnaires burkinabè aux portes du Pentagone que l’opinion ne serait guère surprise.

En effet, s’il est vrai que "cabri mort n’a pas peur de couteau", ces dénonciations en série placent les autorités burkinabè entre deux chaises. S’il était avéré que le pays des Hommes intègres s’était intégré dans les secousses politiques en Côte-d’Ivoire et en Mauritanie, l’opinion internationale risquerait de ne pas continuer à garder le silence.

Ce qui rend plus opaque l’implication du Burkina dans la crise ivoirienne et la présumée tentative de coup d’État en Mauritanie, c’est l’excitation dans le camp UNDD. Là, de petits faits troublants tendraient à blanchir les autorités de Ouagadougou. Car, dans tous les pays, il existe des services de renseignements - performants ou non - avec des indicateurs qui deviennent plus actifs en période de turbulences.

Dans un article du journal ivoirien Le Patriote publié par notre confrère Sidwaya sous le titre "Accusations du pouvoir d’Abidjan contre le Burkina, voici l’espion burkinabè de Gbagbo", des détails troublants sont exposés. Maître Hermann Yaméogo et son frère Noël Yaméogo auraient séjourné du 25 au 28 septembre 2004 dernier sur les bords de la lagune Ébrié, occupant respectivement les chambres 219 et 202 de l’hôtel Ibis-Plateau où ils auraient pris leurs quartiers.

Le frangin du président de l’UNDD, au frais à la Sûreté, a été alpagué avec un document compromettant. Ce papier aurait servi au pouvoir d’Abidjan pour étayer la nouvelle accusation de déstabilisation portée contre le Burkina et les Forces nouvelles. Un document brouillon dans lequel des indications de virements bancaires et d’entraînements de troupes dans les Banwa ont suffi à Laurent Gbagbo pour saisir le président en exercice de la CEDEAO, lui indiquant qu’un énième coup d’État était en préparation contre lui.

Troublant également, le fait que le président de l’UNDD flirte avec les autorités de Nouakchott. Si rien n’oppose l’UNDD et le régime Ould Taya, rien non plus n’explique un flirt, sinon que peut-être "des Burkinabè complotent contre le Burkina", pour reprendre les termes du ministre Djibril Bassolet de la Sécurité.

Pour résister, Me Hermann Yaméogo argue que le cachet de l’aéroport de Nouakchott ne figure pas sur son passeport. Or, on sait que pour plusieurs raisons, comme celle qui aurait conduit le président de l’UNDD en Mauritanie, les hôtes de marque ne montrent pas pattes blanches en passant par les salons d’honneur.

Quoi qu’il en soit, plus que des fax, le gouvernement burkinabè a aujourd’hui le devoir de fournir d’autres explications. Des explications à même de convaincre l’opinion nationale et internationale de sa bonne foi déclarée. Au-delà des points de presse au cours desquels quelques "preuvettes" sont distribuées, il faut trouver d’autres éléments, supports d’innocence qu’on posera sur la table de l’Union Africaine et des Nations unies avant de porter plainte pour diffamation diplomatique.

Si ces éléments font défaut, si les autorités burkinabè ne trouvent rien pour montrer que des puissances étrangères veulent salir le pays, alors Laurent Gbagbo et Ould Taya - deux hommes aux démocraties plus que frileuses - auront raison. Il est facile de détruire un homme ou un pays. Effectivement, les deux plus grands malades politiques de l’Afrique de l’Ouest boiraient du petit lait dès lors que seraient avancées des preuves formelles pour accréditer la thèse de l’implication du Burkina dans les crises ivoirienne et mauritanienne.

En attendant, c’est le noir complet et tout le monde y va de sa trompette, l’occasion faisant le larron. Il n’y a pas de débat politique sur le sujet. Non ! Il n’y a que des saillies désordonnées du pouvoir et des partis d’opposition. Les observateurs doivent sourire en regardant la scène. Mais l’important, c’est l’incrédulité montante de l’opinion nationale devant des hommes politiques bégayant. De là naîtra le discrédit.

Le plus curieux dans cette affaire, c’est que le Burkina tente de s’expliquer et qu’en face on trouve des Burkinabè main dans la main avec les accusateurs qui s’emploient à plonger le pays dans l’eau boueuse des États mercenaires.

En tout cas, un problème existe et rien ne dit aujourd’hui que le Burkina est si propre qu’il le prétend. A moins que le pays soit resté à cette étape de nation-bébé qui prête toujours le flanc. L’opinion nationale attend la vérité, rien que la vérité.

M. J. Mimtiiri
Journal du jeudi

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Vos commentaires

  • Le 12 octobre 2004 à 12:51, par Bangada En réponse à : > Accusations mauritaniennes et ivoiriennes : vérité, où es-tu ?

    Oui on attend la verité même si quelqu’un doit cesser d’être deputé et aller croupir en prison. Cette personne que je nomme Hermann YAMEOGO.

    Je pense que Hermann n’aime pas son pays. C’est un pauvre mendiant qui ne pense qu’à s’enrichir. Mais cette fois ci, j’espère que le Burkina mettra tous les moyens en oeuvre pour t’isoler.

    • Le 12 octobre 2004 à 19:41 En réponse à : Déclaration du Forum des Libertés relative a l’Affaire député Hermann Yaméogo

      Le Forum des Libertés est un groupe de pression politique basé à Londres dont l’objectif est la lutte pour l’avancée de la démocratie, le respect des droits de l’homme et le respect des institutions républicaines en Afrique.

      Après investigations tant au Burkina Faso que dans les différents pays cités dans l’affaire qui oppose l’Honorable Hermann Yaméogo, député à l’Assemblée Nationale, au pouvoir du président Blaise Compaoré, qu’il convient d’appeler l’« affaire Hermann Yaméogo », le Forum des Libertés constate que le régime Compaoré, resté intrinsèquement militaire, tributaire d’une vision globalisante et unanimiste de la vie politique, a tout simplement fait le dos rond face aux réformes politiques qui s’imposent pour l’avènement d’une démocratie vraie au Burkina Faso ; il a su réaliser une monopolisation et une confusion de tous les pouvoirs à forces de fraudes, de violence, de manipulations, de chantages…

      Cette attitude du pouvoir burkinabé aux comportements rétrogrades a suscité la présente déclaration :

      Les faits

      Dans une interview accordée au quotidien gouvernemental Sidwaya dans sa livraison du mardi 28 septembre 2004, M. Djibril Bassolé, ministre de la Sécurité, affirmait "qu’il y a une volonté de nuire de la part de certaines puissances étrangères hostiles au Burkina Faso (..) qui bénéficient du concours d’illustres Burkinabé .. » dont Me Hermann Yaméogo, « qui a fait envoyer au journal San Finna, un article depuis Nouakchott où il a été reçu le mercredi 22 septembre à la Présidence en provenance d’Abidjan... ».

      Le même après-midi, Me Hermann Yaméogo, président de l’Union Nationale pour la Démocratie et le Développement (UNDD), député à l’Assemblée nationale, membre du Groupe parlementaire Justice et Démocratie était interpellé à sa descente d’avion en provenance d’Abidjan et gardé pendant plus de deux heures à l’aéroport de Ouagadougou où il a fait l’objet d’un long interrogatoire de la police. Il a finalement été relâché après que le Président de l’Assemblée nationale soit intervenu auprès du Directeur général de la police nationale, tandis que son compagnon de voyage, M. Noël Yaméogo, est transféré à la Direction de la Sûreté de l’Etat où il sera rejoint le lendemain par Monsieur Mathieu N’do, Secrétaire à l’information de l’UNDD et Directeur gérant du journal hebdomadaire burkinabé San Finna qui y aura passé toute la journée.

      Pour le pouvoir burkinabé, ils ont travaillé en intelligence avec des puissances étrangères (la Guinée, la Côte d’Ivoire et la Mauritanie) et Reporters Sans Frontières RSF organisation internationale de défense de la liberté de la presse, notamment en leur monnayant de fausses informations pour qu’elles déstabilisent le Burkina Faso. En soutien à ses accusations, le pouvoir affirme qu’un tract saisi sur Noël Yaméogo aurait inspiré des correspondances du président Laurent Gbagbo à certaines personnalités dont le président John Kufuor. C’est seulement, et seulement, ce tract qui constitue le « corps du délit ».

      Le même soir du 28 septembre, le député Hermann Yaméogo portait devant la presse nationale un démenti formel aux allégations du Ministre de la Sécurité en indiquant n’avoir jamais été en Mauritanie, encore moins avoir été reçu par le Chef d’Etat de ce pays le 22 septembre, date à laquelle il était lui-même en Guinée.

      Alors que les velléités sur la levée de l’immunité parlementaire du député s’activent, le 8 Octobre 2004 depuis paris, Reporters Sans Frontière (RSF), dément l’affirmation du Ministre Djibril Bassolé selon laquelle RSF aurait reçu des informations du député Hermann Yaméogo.

      Analyses

      Pour le Forum des Libertés, l’acharnement dont est victime l’opposant Hermann Yaméogo importe d’être souligné par-delà le fait particulier de ces accusations.

      Le Forum des Libertés constate :

      a) que de façon récurrente, Me Hermann Yaméogo, député à l’Assemblée Nationale du Burkina Faso, fait l’objet d’interpellations ou d’arrestations par les forces de police au grand mépris des article 95 et 96 de la Constitution relatifs à l’immunité (notamment l’inviolabilité) des parlementaires, des conditions de leur interpellation, de leur arrestation et de leurs poursuites ; en l’occurrence la saisine du Bureau de l’Assemblée nationale comme condition sine qua non.

      b) qu’à l’occasion de la manifestation des commerçants du grand marché incendié de Ouagadougou, le député Hermann Yaméogo avait été une fois de plus interpellé et accusé d’avoir non seulement organisé les casses occasionnées par les manifestants mais également de menées subversives de la commande d’importantes quantités d’armes, sans qu’aucune preuve ne soit venue étayer de telles accusations ;

      c) que dans l’affaire du prétendu coup d’Etat d’octobre 2003, des conjurés ont été incités, sans succès, à soutenir l’implication du député Hermann Yaméogo dans l’opération ;

      d) que 2 faits marquants sont à relever :
      D’une part, alors que le pouvoir Comparé fait mains et pieds pour mettre en marche la machine de l’intoxication et de la manipulation de l’information en vu de lever l’immunité de Me Yaméogo, RSF apporte un démenti catégorique au Ministre qui accusait « l’opposant d’être à l’origine ‘d’informations mensongères transmises aux autorités ivoiriennes, guinéennes, mauritaniennes et à Reporters sans frontières’ sur l’existence de prétendus camps d’entraînement au Burkina à des mercenaires avec pour ‘mission de déstabiliser la Côte d’Ivoire et la Mauritanie ‘ »..

      D’autre part, la thèse de la présence de Me Yaméogo à la Présidence mauritanienne est fausse. Le député mis en cause n’est jamais allé en Mauritanie. Il a donné des détails sur son séjour guinéen qui montrent qu’à moins d’avoir le don d’ubiquité, il ne pouvait pas être à la fois à Conakry et à Nouakchott.

      De ce qui précède, le Forum des Libertés retiendra que Me Hermann Yaméogo est arbitrairement accusé de menées subversives, de collusion avec des présumées puissances étrangères. Confronté aux faits, les allégations du camp Compaoré ne résistent pas à l’analyse, encore moins à la réalité.

      De façon plus générales, les leaders du Collectif des organisations de masse et de partis politiques ont eu également leur lot de tracasseries et d’humiliations de la part du pouvoir :
      - Me Sankara, président de l’UNIR-MS, est régulièrement harcelé ;
      - quant à Norbert Tiendrébéogo, Président du FFS, sur la base de simples présomptions, il a passé 6 mois en détention pour être totalement blanchi le jour de son procès.

      Par ailleurs, les partis politiques de l’opposition non administrative, regroupés dans le R 17, ont dénoncé l’ingérence de Blaise Compaoré dans les affaires des pays de la sous-region ouest africaine. Ils ont amorcé un mouvement unitaire puissant, appelé à la constitution, le 14 avril 2004, d’une commission d’enquête internationale sur les ingérences et les crimes impunis du régime Compaoré. Cette attitude de l’opposition déplaît fortement au pouvoir qui a décidé d’accroître la pression sur elle, de la diviser, d’embastiller ses membres. Il s’est d’autant plus décidé à sévir que le mécontentement gronde partout, au plan interne. Cela, conjugué aux retombées de l’usure du pouvoir, aux conséquences désastreuses de sa politique interventionniste, ne fait que conforter l’instauration d’une réelle dictature dans ce pays.

      Le fait de casser des partis, ne suffit manifestement pas à lui garantir le succès car l’opposition véritable donne, depuis les dernières législatives de mai 2002, des gages d’une volonté d’union sacrée pour l’alternance alternative. Et surtout le peuple, longtemps muselé, aspire impatiemment au changement démocratique. Alors, choisissant « d’appliquer les grands remèdes aux grands maux », Compaoré et sa soldatesque décident de lever l’immunité parlementaire du député Hermann Yaméogo pour le condamner afin de l’écarter, à n’en point douter, de la course à la Présidence.

      Ce régime ne fait donc que parodier la démocratie et viole constamment les droits élémentaires de l’homme. Ainsi, Blaise Compaoré a-t-il charcuté l’article 37 de la Constitution qui limitait le mandat présidentiel pour assurer sa pérennisation au pouvoir. Ainsi, a-t-il également charcuté la loi électorale, fruit d’un consensus politique national, pour pouvoir assurer sa victoire aux prochaines élections. Tout cela sans grande émotion de la part de certains pays de grande tradition démocratique. Ce sont les mêmes soutiens qui lui ont permis, sans conséquence politique ou judiciaire, d’intervenir au Liberia, en Sierra Leone, en Guinée, en Côte d’Ivoire...aujourd’hui en Mauritanie , de se livrer en dépit des embargos à des commerces illicites dans les pays en conflit.

      Position

      • Le groupe de pression Forum des Libertés :

      • voudrait ici et maintenant élever une vive protestation contre l’acharnement du pouvoir Burkinabé contre la personne du député Hermann Yaméogo, attitude qui ressemble plus à un complot pour son assassinat pur et simple qu’à un chantage.

      • s’insurge contre cette pratique dictatoriale de Blaise Compaoré et ses sbires qui consiste à comploter pour bouter hors de compétition ses adversaires les plus irréductibles.

      • condamne le pouvoir burkinabé qui invoque, et sans en fournir la moindre preuve, des motifs de sûreté de l’Etat pour violer de façon flagrante et à répétition la Constitution dont il est le garant ;

      • dénonce avec la dernière énergie cette situation d’ingérence systématique dans les affaires des pays de la sous région, dont Blaise Compaoré est passé maître.

      • demande la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale sur les ingérences et les crimes impunis du régime Compaoré.

      Fait à Londres 12 Octobre 2004

      Pour le Forum des Libertés,

      Le Président Narcisse Nabo, journaliste

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