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Séka Séka et l’affaire Kieffer : A table avec le juge Ramaël

Publié le vendredi 4 novembre 2011 à 00h13min

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L’affaire Guy André Kieffer ; un bien triste feuilleton de disparition de journaliste que nous suivons depuis un certain temps, et sur lequel on reviendra très certainement encore, tant l’épais brouillard qui l’entoure tarde à se dissiper. Pour camper le sujet, disons que, le 16 avril 2004, Guy- André Kieffer, journaliste franco-canadien spécialisé dans les matières premières et les affaires économiques et financières, alors âgé de 54 ans et qui vivait depuis plusieurs années en Côte d’Ivoire, est kidnappé par un commando dans un parking d’un supermarché d’Abidjan.

Il aurait été attiré dans un piège subtilement tendu par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, alors première dame, et Jean-Tony Oulai, qui serait un officier de l’armée ivoirienne. Le commandant Anselme Séka Yapo, ex-chef de la sécurité de l’épouse de Laurent Koudou Gbagbo, aurait partie liée avec les organisateurs de ce rapt.

Depuis, personne n’a encore revu ce journaliste, même passé de vie à trépas. Disparu comme par enchantement !

Et comme on le sait, le commandant Séka Yapo, qui s’était réfugié au Ghana pour échapper à la justice de son pays, s’est fait prendre tel un novice entre les mailles des filets des fins limiers ivoiriens, le samedi 15 octobre 2011 à l’aéroport Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan, alors qu’il était en transit pour Conakry. C’est cet homme-clé dans la manifestation de la vérité sur l’affaire André-Guy Kieffer que le juge français Patrick Ramaël est allé entendre à Abidjan, où il doit passer deux semaines. Parce que ce témoin-clé, qui était au centre des coups bas, des rapts, des assassinats et exactions du régime Gbagbo, a été invité à se mettre à table, des noms devraient être sortis, dont on imagine difficilement l’absence de celui d’une certaine dame, nommée Simone Gbagbo. C’est dire que l’ex-première dame a bien des soucis à se faire tant les tuiles semblent s’amonceler sur sa tête.

Et, véritablement, on comprendrait difficilement que l’ex-patronne du groupe parlementaire du FPI puisse sortir indemne de cette affaire, tant son nom y revient de manière itérative. On se souvient des propos d’un repenti, Alain Gossé qu’il dit s’appeler, qui, interrogé sur France 3, avait estimé que Simone n’était pas trop impliquée dans ce dossier et que ce serait plutôt sa garde rapprochée qui aurait fait le « travail ».

Et bien de personnes bien au fait des arcanes de la politique ivoirienne à cette époque récente se demandèrent comment l’entourage immédiat de Simone Gbagbo pourrait avoir fait le sale boulot sans que leur patronne en ait été informée ou ait donné son quitus.

Et si tel était le cas, elle aurait pu tout au moins se séparer de ces « incontrôlables proches » que sont Séka Yapo et autres, afin qu’ils répondent devant la justice tous seuls !

Sous l’ère Gbagbo, on s’arc-boutait sur une défense en ligne qui, jusque-là également, avait démenti avec la dernière énergie toute implication de l’épouse Gbagbo dans ce terrible drame.

Depuis la disparition de notre confrère, qui fouinait un peu trop dans le nauséabond dossier du cacao ivoirien - ce qui, on l’imagine, n’était pas du goût de tous - ses parents avaient remué ciel et terre pour savoir s’il était encore vivant et, si tel n’était pas le cas, qu’on daignât leur présenter au moins sa sépulture. Et, hormis quelques timides rebondissements qui ont eu à peine l’effet d’un pet de souris, c’était la loi du silence qui régnait du côté de la lagune Ebrié. Avec la mise en réserve de la république de Gbagbo et de son clan, c’est la fin de l’omerta. Le juge Ramaël devrait enfin pouvoir démêler cet écheveau. Et Séka Yapo doit enfin parler ; dire la vérité et toute la vérité sur l’affaire André-Guy Kieffer

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga

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