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ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

Publié le vendredi 21 octobre 2011 à 02h26min

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Les experts s’entendent pour appeler « taux de croissance » un indicateur économique qui s’utilise pour mesurer la croissance de l’économie d’un pays d’une année sur l’autre. Interviennent alors dans l’appréciation de ce taux de croissance, différents paramètres dont les produits intérieurs bruts, les ressources naturelles (l’or, le coton, le cacao, le pétrole par exemple). Le drame est que les taux de croissance ne semblent pas coller avec la réalité de la vie chère. Dans des pays aussi pauvres que le Burkina Faso, les gymnastiques auxquelles se livrent les exégètes de l’économie et des finances, intéressent peu le profane. C’est qu’il a parfois le sentiment de se faire berner.

En effet, le discours officiel met généralement en relief les performances enregistrées par les pouvoirs publics, lesquels se focalisent sur les projections macro-économiques. Celles-ci visent toujours à attirer les investisseurs. "L’argent appelle l’argent », comme le soulignait le regretté poète chanteur congolais de Brazzaville, Pamelo Munka. Il ne croyait pas si bien dire, cet homme qui avait fait les beaux jours des non moins célèbres "Bantous de la capitale". Face aux banquiers du monde, il faut toujours savoir montrer patte blanche, étaler la preuve que l’on dispose d’une économie florissante, des textes de lois favorables et des mécanismes performants. Bref, la confiance est de mise, et les affaires sont… rentables !

Dans leur confort douillet, les gouvernants africains se préoccupent avant tout d’échafauder et de présenter un bilan à nul autre pareil. En fait, l’exercice auquel se livre la plupart des dirigeants africains, est surtout destiné à la consommation extérieure. Il faut bien faire la preuve que l’on gouverne bien, que l’on progresse sérieusement ! Les chiffres permettent alors de confirmer que l’on a atteint des performances jamais égalées auparavant. Les difficultés ? Il en existe sûrement. Le plus souvent, on les impute à des phénomènes extérieurs, toujours difficiles à maîtriser. Ainsi, nul n’a la maîtrise de l’inflation et la crise financière est mondiale. Quant aux prix en vigueur sur le marché international, leur contrôle échappe totalement à l’emprise de nos chers dirigeants. Il faut donc faire avec. Le plus curieux, c’est ce que l’on avance lorsqu’arrive le moment de tendre la sébile.

Demander et obtenir le soutien d’autres partenaires techniques et financiers, n’est pas non plus facile. A condition de savoir changer de style. On prend les mêmes chiffres, mais on inverse la tendance. Les taux de croissance se muent facilement en indicateurs sociaux ou de santé. On apprend alors que malgré les progrès qu’on réalise, les problèmes persistent, car les ressources font cruellement défaut. Non, elles ne sont ni dilapidées, ni dissipées ! Des catastrophes naturelles ont tout compromis, et les prévisions se sont métamorphosées un soir en un chapelet de problèmes à résoudre. En Afrique, l’économie est virtuelle. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les ouvrages du Programme des Nations unies pour le Développement (PNUD) qui insiste sur la nécessité de considérer l’indice de développement humain.

Des spécialistes travaillent chaque jour à masquer les dures réalités, au gré de politiques de développement inadéquates. Les taux de croissance auxquels se réfèrent constamment les acteurs politiques, ne reflètent donc pas la réalité. L’on peut observer par exemple, qu’au-delà des indicateurs macro-économiques, l’Afrique ploie sous le poids d’une énorme dette. Le chômage, surtout celui des jeunes, est à l’état endémique. Les indicateurs sociaux autant que les indicateurs de santé, sont plus qu’au rouge : les taux de mortalité et de morbidité sont insupportables dans les maternités et les hôpitaux. Lorsque l’école existe, elle se tient parfois sous un arbre par manque d’infrastructures. Parmi les enfants chanceux qui la fréquentent, on compte de nombreux cas de malnutrition.

La corruption et les détournements de biens sont scandaleux. Qui les intègre dans les indicateurs macro-économiques ? On parle de taux de croissance de plus en plus élevé, pendant que les matières premières sont exportées à l’état brut, vendues le plus souvent à des prix que le marché international nous impose, et qui sont rarement à notre avantage. Les petites et moyennes industries ferment leurs portes du fait de politiques désastreuses. Bref, après plus de cinquante ans d’indépendance, les économies continuent toujours de se livrer à la danse macabre du "surplace". En ce qui concerne le Burkina Faso, s’il veut vraiment "émerger", il lui faut renoncer à prendre pour boussole exclusive ces sempiternelles référence au taux de croissance. Celui-ci est sans commune mesure avec le vécu du citoyen moyen qui souffre plus que jamais des affres de la vie chère.

En ville comme en campagne. Il faut non seulement changer de cadres de références, mais surtout songer davantage à une juste répartition des fruits de cette fameuse croissance à laquelle on fait constamment allusion. Ces chiffres qu’on exhibe et ces exercices de style auxquels on soumet volontiers l’opinion nationale, n’ont pas grande signification pour la plupart des citoyens de ce pays. Cela, en raison même de la persistance de l’état d’indigence dans lequel ils végètent. Dans un contexte où déjà on meurt de faim, comment se satisfaire de taux de croissance même à plusieurs chiffres avant la virgule. Jamais il ne remplit le ventre !

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2011 à 04:03, par DIARRA En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    C’est qui est sûr, il faut d’abord faire de la "croissance économique" avant de parler de développement. la croissance est donc une condition nécessaire (même si elle n’est pas suffisante)pour le développement ! En plus, pour l’IDH dont vous parlez, son calcul intègre prioritairement le taux de croissance, en plus naturellement d’autres variables ! Notons que les taux de croissance que réalise le Burkina ( 5 à 6% ) ne suffisent pas à faire du pays une économie émergente ! Car pour réaliser cet objectif il faut des taux de croissance de deux chiffres (plus de 10%) sur une longue période (10 à 25 ans !)

    Par ailleurs, notre cher journaliste oublie (ignore) que le taux de chômage est la variable la plus importante en macroéconomie (et non pas le PIB). en effet toute politique économique doit concourir à la réduction du chomage ! c’est le minimum !

  • Le 21 octobre 2011 à 13:04, par KABIIGA En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Franchement mon cher journaliste, je crois que votre problème est que vous voulez commenter ce que vous ne comprenez pas du tout. Dans tous les documents basiques d’économie, on rappelle toujours que le PIB n’est pas un indicateur pertinent pour mesurer la santé économique d’un pays. Il y’a eu tellement d’écrits à ce sujet depuis plus d’une quarantaine d’année et d’autres indicateurs ont été proposé allant du PIB par tête à l’IDH en passant par le PIB vert.

    Et puis, si le gouvernement veut vous narguer avec son taux de croissance économique, narguez lui également en commentant le taux de mortalité, le taux de pauvreté, le taux de chômage des jeunes, le taux de scolarisation au secondaire etc. Votre travail en tant que journaliste est aussi de vous fonder sur des connaissances économiques basique pour destabiliser le gouvernement dans sa logique d’embrouiller le peuple. Conclusion : Vas suivre les cours de 1ière année économie à l’université. Tu n’as pas besoin de t’inscrire. L’amphi est grandement ouvert.

    • Le 21 octobre 2011 à 14:57, par odonel 1er En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

      cher KABIIGA. vous êtes trop dure avec le journaliste
      vous oublier que nos dirigent utilisent ces chiffres ( quant ils sont bien ) pour narguer le peuple que c’est leur explois .

      mon cher jounaliste du courage.

      pour éviter ces confusion adoptons comme le royaume du BOUtan en asie la notion de bohneur nationale brute .
      là on verra là où on est.

  • Le 21 octobre 2011 à 14:47 En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Mon cher Journaliste, ton commentaire est très hallucinant comme si la Direction Général de l’économie et de la Planification (DGEP)du MEF est inutile. Il y a des technicien bien qualifiés qui travaillent jours et nuit pour évaluer les performance de notre économie. A moins que vous ayez une autre méthode pour éclairer nos décideurs qui je reconnais ne sont pas toujours clean. Bref, je pense que vous utiliser les indicateurs pour parler d’autre chose à savoir la distribution des fruit de la richesse.

    • Le 21 octobre 2011 à 20:03 En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

      des techniciens de dgep compétents et travaillent jour et nuit ?je suis morte de rire.ta blague là est trop bonne mais tu aurais mieux de nous épargner tes sotises,on se connait bien ds ce pays

  • Le 21 octobre 2011 à 19:18 En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Mr le journaliste, je voulais aussi faire des commentaires sur le caractère lamentable de votre analyse mais mes prédécesseurs ont déjà dit assez. Ce que tu dois comprendre, c’est de faire la part des choses entre ceux qui travaillent sur ce que tu appelles "les variables macroéconomiques" et ceux qui l’utilisent à des fins politiques.
    En plus, comme on te l’a déjà dit, le taux de croissance n’est plus utilisé comme un indicateur pertinent de la santé économique d’un pays.

  • Le 22 octobre 2011 à 02:16 En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Je trouve que la plupart des intervenants font un mauvais procès au journaliste. Puisque vous savez tous que le taux de croissance n’est pas un indicateur économique... dites-le au gouvernement qui ne cesse d’en parler et qui a le culot de nous parler d’émergence dans un pays où la majorité n’arrive pas à bien se nourrir, se soigner et s’éduquer. Par ailleurs, vous pouvez aussi dire au journaliste comment il aurait dû traiter ce problème basic : nous rabâcher avec des indicateurs économiques plus ou moins bernes, quand dans le quotidien les gens vivent dans le rouge.

    J’ai du mal à comprendre pourquoi au Burkina, toute personne qui "ouvre sa bouche" doit toujours critiquer les autres. Ce n’est pas en critiquant qu’on montre qu’on est "quelqu’un". Si c’est ce qui vous préoccupe, vous y réussirez mieux en montrant en quoi le point de vue de celui que vous critiquer peut être amélioré.

  • Le 23 octobre 2011 à 18:25, par ARLO En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Salut, j’ai pour habitude de ne pas intervenir, mais je trouve que ces critiques acerbes à l’égard du journaliste ne sont pas digne d’être. Je crois que nous devions apprendre a voir le fond des problèmes plutôt que de nous borner sur la forme. Sincèrement je suis vraiment déçu de telle réaction puériles. Parfois il faut avoir l’amabilité de se remettre en cause.
    Le journaliste a juste voulu faire comprendre que le dada de nos gouvernement pour aguicher les investisseurs ne reflétait point la réalité du peuple.
    Juste un citoyen qui croit que le changement doit commencer par soi-même.
    Merci et désolé.

  • Le 25 octobre 2011 à 14:38, par Tonica En réponse à : ECONOMIE : On ne mange pas les taux de croissance !

    Il est vrai, les intervenants sont un peu trop durs envers le journaliste qui a rédigé cet article, mais il faut le reconnaître, dans toutes les rédactions dignes de ce nom, il existe plusieurs catégories de journalistes :

    - Le journaliste politique,

    - Le journaliste économique,

    - Le journaliste sportif, etc.

    Il faut donc comprendre que l’auteur de l’article n’est pas un spécialiste du domaine, raison pour laquelle il a simplement repris tout ce que les "spécialistes de faux chiffres" ont balancé dans l’air.

    C’est dommage car ainsi faisant, les données qu’on nous livre souvent ne sont pas en adéquation avec les réalités du terrain.

    Agréable journée à toutes et à tous

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