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Semences améliorées : Plus de 50 tonnes d’invendues stockées dans les magasins

Publié le vendredi 21 octobre 2011 à 02h21min

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Le ministre de la Recherche scientifique et de l’innovation, Gnissa Isaïe Konaté, a visité la station de production de semences améliorées de Saria, dans le Centre-Ouest, le 18 octobre 2011. Il y a découvert plus de cinquante (50) tonnes d’invendues, dans les magasins, soit 50% de la production des semences de base.

Suite à un partenariat avec l’Union des producteurs sémenciers et la nécessité de répondre à leur besoin pressant, la station de Saria a suffisamment produit de semences améliorées qui se sont heurtées à la mévente. " Les techniques se plaignaient du manque de semences améliorées et nous en avons produites en grande quantité... et actuellement, au moins 50% de la production est toujours stocké dans nos magasins", a expliqué le directeur régional de la Recherche environnementale et agricole du Centre, Niéyidouda Lamien. Celui-ci a révélé que plus on garde les semences améliorées, plus le taux de germination baisse.

Il a également souligné que si l’on cesse la production compte tenu de la mévente, il n’y aurait pas de semences améliorées, à la longue. Déplorant une telle situation, il a indiqué que désormais les besoins exprimés de semenciers seront d’abord évalués pour ne produire que sur mesure.
La visite du ministre et de son staff à la station de Saria a été une aubaine pour eux de voir les champs de variétés de sorgho, niébé et coton en expérimentation. Selon, M. Korodjoma Ouattara, ce sont sept (7) variétés de sorgho soumises à dix (10) niveaux de fertilisation.

Une telle méthode, d’après lui, permettra de connaître les variétés les plus aptes à l’intensification agricole. Les visiteurs ont su faire la différence entre les épis de sorgho des champs sans apport de fertilisants et avec fertilisants ; de même qu’entre les champs où sont utilisés respectivement la fumure minérale, chimique, etc. "Avec les fertilisants, le cycle de production se raccourcit" a affirmé M. Ouattara.

L’apport des excréta humains

Les visiteurs se sont également rendus sur un terrain d’expérimentation de l’arbre à Karité dont des plants sont destinés au greffage. Ils y ont constaté trois rangées de jeunes plants ayant seulement trois années d’existence.
La première rangée comporte des plants sans apport d’eau contrairement, à la deuxième qui voit ses pertes en eau compensées à 50%. Quant à la troisième rangée, les pertes en eau sont compensées à 100% et dans ce dernier cas, il y a déjà eu la floraison. L’un de ces karités a même donné du fruit.

Plus loin, les visiteurs ont eu droit au constat du comportement lié au sol en cas d’utilisation des fertilisants Ecossan. C’est sur une parcelle en expérimentation depuis cinquante (50) ans. "Pendant 50 ans, il n’y a eu que du sorgho sur cette parcelle ; de l’autre côté, nous alternons le sorgho et le niébié ; par là, nous faisons la rotation sorgho-coton", a dit Martin Sanon en délimitant gestuellement la vaste étendue qui s’offrait à la vue de la délégation. Il a soutenu que l’utilisation conjointe de l’engrais minéral et chimique rend les champs plus rentables tandis qu’en utilisant uniquement l’engrais minéral, on appauvrit le champs au bout de dix ans. "Nous utilisons quarante tonnes de fumier, tous les deux ans" a-t-il confié aux visiteurs, tout en insistant que les excréta humains, augmentent le rendement du sol.

Des plants à caractère utilitaire en pépinière dont le "Zabné" (un met prisé lors des festivités), ont retenu l’attention du ministre et sa suite. A cela, s’ajoute une expérimentation d’embauche ovine où ils se sont attardés pour en savoir d’avantage.
A l’issue de la visite, le ministre a salué le courage et la détermination du monde de la recherche. "Je repars satisfait, c’est vraiment une expérience originale. Des initiatives de ce genre méritent un publi-reportage de quelques minutes à la télévision. ça permettra à la population de savoir ce qui se fait à Saria", a-t-il souhaité. Il a particulièrement félicité le personnel de la station de Saria. "Ils font leur possible pour mettre à la disposition du secteur agricole, les ingrédients nécessaires pour nos besoins alimentaires...", s’est-il exclamé.

Il a alors rassuré les chercheurs que le gouvernement a travaillé à mettre en place un moyen de financement pour accompagner la recherche. Ce Fonds sera ouvert à ceux qui font la recherche et pour en bénéficier, il faudra soumettre un projet qui sera évalué par des experts. Ceux qui bénéficieront de ce fonds, seront suivis dans l’exécution de leurs travaux. Revenant sur les cinquante (50) tonnes d’invendues, il a affirmé que le fait qu’il ait été témoin du stock dans les magasins visités, est une interpellation. " Les variétés améliorées sont incontournables mais leur production n’est pas bien organisée dans notre pays", a-t-il reconnu.

Aimée Florentine KABORE

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 21 octobre 2011 à 11:11 En réponse à : Semences améliorées : Plus de 50 tonnes d’invendues stockées dans les magasins

    C’est sur une parcelle en expérimentation depuis cinquante (50) ans. "Pendant 50 ans, il n’y a eu que du sorgho sur cette parcelle ; de l’autre côté, nous alternons le sorgho et le niébié ; par là, nous faisons la rotation sorgho-coton", a dit Martin Sanon en délimitant gestuellement la vaste étendue qui s’offrait à la vue de la délégation.
    C’est une aberration agronomique de vouloir faire que du sorgho pendant 50 ans sur la même parcelle. Que de pertes de temps et d’argent pour faire une telle expérimentation aberrante ! Il faut pratiquer la rotation sur les parcelles cultivées. Pourquoi des rotations de 2 cultures seulement sur les mêmes parcelles qui ne sont guère meilleures ? Décidément, on ne peut pas dire que notre recherche est au top. Et, le pire, c’est que le peu de résultats ne servent à rien puisque les semences améliorées ne sont mêmes pas diffusés sur le territoire. Comment un paysan situé à Kantchari, sans moyens, peut se financer un déplacement pour acheter des bonnes semences à Saria ? Il y a un problème d’organisation dans ce pays au niveau de l’agriculture et aucun lien avec la recherche !

    • Le 22 octobre 2011 à 00:02, par Positif En réponse à : Semences améliorées : Plus de 50 tonnes d’invendues stockées dans les magasins

      En entendant que les chercheurs concernés par l’activité vous répondent pour mieux vous éclairer, soyez d’accord avec Eggel qui dit que "ce qui est familier n’est pas pour autant connu".
      Si vous êtes un scientifique, vous devez savoir que l’évident ne devient vérité qu’après vérication, confirmation.

  • Le 22 octobre 2011 à 10:29 En réponse à : Semences améliorées : Plus de 50 tonnes d’invendues stockées dans les magasins

    Cher ami, il y a bien une organisation dans ce pays.Les semences ne sont pas seulement vendues à Saria.Avec l’Union nationale des producteurs semenciers, il y a moyen de se procurer de semences améliorées dans toutes les régions du Faso.Comme certainement vous n’êtes pas un producteur agricole, beaucoup de facteurs vous échappent. Prenez la peine de vous renseigner, de vous informer.

  • Le 18 novembre 2011 à 09:27 En réponse à : Semences améliorées : Plus de 50 tonnes d’invendues stockées dans les magasins

    Bjr,je viens de visiter votre forum.En fait ma préocupation réside à un autre niveau.En effet,je travaille actuellement dans le cadre d’un mémoire de maitrise en sociologie sur le Thème:Innovation Technologique et Développement rural:Analyse participative des opportunités et des contraintes d’accès aux semences améliorées dans la sissili.La station de Saria pourrait-elle me donner des infos.Merci d’avance

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