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Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

Publié le lundi 10 octobre 2011 à 02h45min

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Sécurité alimentaire et nutrition, un luxe pour la majeure partie de la population de notre pays. Elle s’accommode plus de leurs contraires : insécurité alimentaire et malnutrition. La réalité est dure, souvent inacceptable. Mais elle est sous nos yeux. La misère émerge. Davantage. Le Burkina Faso a mal à nourrir convenablement ses rejetons, avenir et espoir du pays pourtant. Constat à seulement 70 km de Ouagadougou. Arbolé dans la province du Passoré, "notre corne de l’Afrique" ?
Arbolé ce vendredi 7 octobre 2011.

Il est environ 11 heures quand l’équipe de journalistes convoyée par le PAM (Programme Alimentaire Mondial) arrive au CSPS (Centre de Santé et de Promotion Sociale) de cette commune rurale de la province du Passoré. Le grand monde trouvé sur les lieux laisserait penser à un jour de marché. La seule différence c’est qu’ici, toutes les femmes présentes ont des bébés. Un, deux, et même souvent trois nourrissons entre les mains d’une femme. Sous un grand hangar en tôle, la chaleur tape en ce début de saison sèche. L’ambiance est rythmée par les pleurs et cris des enfants. Les femmes ne sont là ni pour vendre, ni pour acheter ; mais plutôt pour écouter, dépister ou se faire dépister et recevoir gracieusement. L’avenir et le bien- être de leurs progénitures en dépendent.

Si pour les visiteurs c’est un spectacle peu ordinaire qui s’offre à leurs yeux, ce n’est pas le cas du chef du CSPS d’Arbollé. « C’est une activité ordinaire que nous avons l’habitude de mener. Il s’agit du suivi des enfants qui consiste à suivre l’évolution de leurs poids, leur état nutritionnel », affirme Jonathan Kaboré, infirmier d’Etat. C’est aussi l’avis du chargé de mission sécurité alimentaire auprès du bureau PAM du Burkina Faso, Stéphane Degueurce : « Nous sommes relativement habitués à organiser ce genre d’activités à travers nos programmes de nutrition notamment dans les zones définies comme étant plus à risque ». Sous le hangar, la chargée de nutrition du CSPS, haut- parleur à la main sensibilise ses sœurs aux bonnes pratiques nutritionnelles et d’hygiène.

Après la sensibilisation vient la phase de dépistage de la malnutrition (modérée ou sévère). Pesée et prise de la taille de l’enfant puis le verdict tombe. S’il est malnutri, il bénéficie de l’appui du PAM ; sinon il est conseillé à la mère de l’enfant d’appliquer les conseils nutritionnels et d’hygiène reçus. Les mamans aussi sont soumises aux mêmes exercices que leurs enfants : pesée, prise de la taille et orientation selon le diagnostic. Le dispositif, le monde qui afflue, l’état de certains enfants, les pleurs, etc. tout reconstitue parfaitement le puzzle d’un camp de réfugiés. A 70 Km de Ouagadougou. « Quand vous quittez le confort de Ouaga, vous comprenez la réalité sur le terrain, la malnutrition existe aussi dans notre pays, pas seulement dans la corne de l’Afrique », lâche le chef du sous bureau PAM de la région du Nord.

La présente phase de suivi et de prise en charge par le PAM des enfants malnutris a démarré en août 2010. « Depuis cette période, près de 630 enfants ont été traités et parmi eux il y a plus de 300 enfants qui ont déjà été guéris », nous confie l’infirmier chef du CSPS d’Arbolé.
Le CSPS d’Arbolé existe depuis 1955 et les bâtiments qui l’abritent de nos jours ont été érigés en 1991. La population totale en 2011 de cette commune rurale est de 16 669 habitants dont 3 777 femmes en âge de procréer et 873 femmes déjà enceintes.

La situation peu reluisante de la campagne agricole de cette année donne des sueurs froides quant à la sécurité alimentaire des populations. De l’avis de Stéphane Degueurce, le PAM se prépare déjà à parer à toute éventualité. Une enquête sur la situation est en cours et les résultats permettront de mieux orienter les actions.

Cette sortie de l’équipe de journalistes au CSPS d’Arbolé fait suite à une formation des journalistes sur la sécurité alimentaire et la nutrition. Le PAM se donne ainsi pour objectif de permettre aux hommes et femmes de médias de connaître, comprendre et expliquer les concepts de base relatifs à la sécurité alimentaire et à la nutrition. Le rôle des journalistes est fondamental selon la directrice- représentante du PAM dans notre pays. « Une information peut contribuer à sauver des vies. C’est grâce aux articles des journalistes que nous arrivons souvent à convaincre les bailleurs de fonds », confesse Mme Angelline Rudakubana.

Pour le Programme Alimentaire Mondial, « la sécurité alimentaire est assurée quand tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active ». Y arriverons- nous un jour ? « Bien sûre ! Nous travaillons dans ce sens, mais c’est un travail de longue haleine qui nécessite des mesures précises et larges. Nous arriverons à relever la situation ensemble avec les gens eux- mêmes qui participent aussi à ce travail. Ce sera long mais on peut y arriver », répond Stéphane Degueurce. Certes, mais avons- nous la volonté politique ?

Koundjoro Gabriel Kambou

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 10 octobre 2011 à 11:36 En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

    Je préfère qu’on dépeint très souvent ces réalités quotidiennes pour faire comprendre à certaines personnes que les frontières du Burkina Faso ne s’articulent pas autour de Ouaga2000.A longueur de discours,dans les journaux,à la télé et à la radio,c’est toujours les mêmes refrains que ces menteurs du reste les vrais coupables de cette situation désastreuse nous servent,à savoir que le Burkina est un "pays émergent" ou pour un "pays émergent".Que du grand n’importe quoi.J’invite d’ailleurs les gens à lire le dernier rapport 2011-20012 du Forum Economique Mondial(WCF)et on verra que le Burkina se classe au stade de developpement "factordiver" autrement dit même pas en transition encore moins émergent.OUI en effet ce qui émerge au Burkina,c’est bien la misère,c’est malheureux à entendre mais c’est la triste réalité

    • Le 13 octobre 2011 à 02:22, par Kuiliga En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

      Le Burkina souffre de certaines de ses élites intellectuelles. On se demande souvent si certains décideurs pensent à l’intérêt général ou plutôt à celui individuel, particulier.
      Entre 2008 et 2010 la volonté (exprimée à travers des subventions)combinée avec les actions synergiques de la recherche agricole et l’innovation technologique, de la vulgarisation et le courage des agriculteurs et agricultrices ont permis l’accroissement de la production du riz, du maïs, du niébé.
      Pourquoi alors le MAH, le méga ministre court-il seul, maintenant qu’il y a un ministère plein de la recherche scientifique et de l’innovation ? Pourquoi ne pas travailler en complicité pour l’amélioration des conditions de vie de nos populations ?
      Il est temps de cesser de privilégier le folklore, de cesser de se faire trop voir et de travailler à faire de vrais impacts durables avec les autres qui sont aussi indispensables que vous.
      La réalité est tout autre que celle que vous présentez.
      Mr le MAH, vous ne pouvez pas tout faire vous seul. Les autres ont leur place également. Laissez la donc leurs. Les enfants du Burkina n’auront pas tant faim.

  • Le 10 octobre 2011 à 12:41, par un burkinabè de France En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

    Insécurité alimentaire ?Surtout au Passoré ?Fief électoral de crème du regime.Koi de plus normal.Quand en politique et pendant les campagnes éléctorales, on opte de blanchir l’argent du contribuable (volé à coup de milliards) dans la conception de tee-shirt et autres gadget ;au lieu d’investir dans le capital humain, on ne peut pas s’attendre à autre chose.En temps normal, cela devrait faire reflechir à plus d’un titre le bétail électoral.Mais que voulez vous, on est en Afrique.Sans ètre sankariste,le Président Thomas n’a t-il pas dit un jour que "l’exclave qui n’a pas le courage d’assumer sa revolte ne mérite pas qu’on s’appitoie sur son sort" ?.Wait and see

    • Le 10 octobre 2011 à 23:18 En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

      Honte à l’Afrique de nourrir ses bourreaux. Jamais la Françafrique, le plus extraordinaire pacte de corruption des élites françaises et africaines à l’échelle continental, n’a autant mérité son nom de « France à fric », une structure ad hoc pour pomper le fric par la vampirisation des Africains pour la satisfaction de la veulerie française. Aberrant et Odieux.
      Honte à l’Afrique. Cinq siècles d’esclavage pour un tel résultat. Pour continuer à entretenir à grands frais l’un de ses colonisateurs les plus implacables, la France, l’un de ses tortionnaires les plus effrontés, Jean Marie Le Pen. Sans la moindre pudeur pour les victimes de la traité négrière, de l’esclavage, des zoos ethnologiques… les bougnoules, les dogues noirs de la République ?
      Gabon, Congo, Cote d’Ivoire, Sénégal, Guinée équatoriale. Drôle de riposte que de cracher au bassinet lorsqu’on vous crache sur la gueule. Qu’il est loin le temps béni des Mau Mau du Kenya. Vivement son retour. A vomir ces rois fainéants, dictateurs de pacotille de pays de cocagne.
      La honte. Vénalité française et corruption africaine, combinaison corrosive, dégradante pour le donateur, avilissante pour le bénéficiaire : Quatre cent milliards de dollars (400 milliards) évaporés en 35 ans du continent africain vers des lieux paradisiaques, de 1970 à 2005, selon les estimations de la CNUCED
      René NABA /Source Inversalis

  • Le 10 octobre 2011 à 21:13, par citoyen En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

    Merci à vous auteur de l’article de sensibiliser en peignant, un tant soit peu, les réalités vécues au détour d’une mission. Mais votre message gagnerait davantage en réception si vous le mettiez en rapport direct avec l’actualité en la matière ces jours-ci au Burkina. Relater c’est bien mais sachez bousculer les lignes par des analyses suffisamment critques, maintenant pour que les choses changent !Et chacun qui qu’il soit, où qu’il soit devrait concrètement chercher et apporter "les meilleures pierres" qu’il puisse trouver pour l’édification de notre maison commune. Après cinquante ans d’indépendance, comme cela a été proclamé et célébré hier et aujourd’hui, sachons en conséquence nous "laver" nous-memes "notre dos". Merci au PAM pour son action !!!

  • Le 10 octobre 2011 à 21:37, par citoyen En réponse à : Sécurité alimentaire au Burkina : L’émergence de la réalité inquiète

    Merci à vous auteur de l’article de sensibiliser en peignant, un tant soit peu, les réalités vécues au détour d’une mission. Cependant, votre message gagnerait davantage en réception si vous le mettiez en rapport direct avec l’actualité en la matière ces jours-ci au Burkina. Relater c’est bien mais sachez bousculer les lignes par des analyses suffisamment critques, maintenant pour que les choses changent !( En insistant par exemple sur l’autoresponsabilisation, une gestion toujours plus maitrisée des ressources disponibles dans le temps. Et chacun,qui qu’il soit, où qu’il soit devrait concrètement travailler à apporter "les meilleures pierres" qu’il puisse trouver pour l’édification de notre maison commune, Le FASO. Après cinquante ans d’indépendance, comme cela a été proclamé et célébré hier et aujourd’hui, sachons en conséquence nous "laver" nous-memes "notre dos". Merci au PAM pour son action !!!

    P.S. : Merci d’enlever la photo proposer à titre d’illustration de l’activité. Elle ne fait pas jolie jolie eu égard aux questions traitées : nutrition, hygiène,santé...

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