LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : La fausse querelle de Wade à la RADDHO

Publié le jeudi 6 octobre 2011 à 01h17min

PARTAGER :                          

La Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (RADDHO) est dans la ligne de mire des partisans du chef de l’Etat sénégalais, Me Abdoulaye Wade. Ils tiennent à l’empêcher d’observer l’élection présidentielle de 2012. Une menace, qui, si elle était mise à exécution, constituerait un recul démocratique grave. La RADDHO constitue en effet l’une des organisations les plus engagées contre une troisième candidature d’Abdoulaye Wade. Selon elle, cette candidature est "inconstitutionnelle". La RADDHO aurait-elle vraiment péché en s’alignant derrière les opposants lors des dernières manifestations anti-gouvernementales ? Se serait-elle autant exposée en allant au front ?

Et quels critères sont-ils pertinents pour être observateur à ces prochaines élections ? Pour la présidence sénégalaise, l’organisation a une prise de position qui l’engage politiquement et cela est de trop. Alioune Tine, le président de la RADDHO, estime au contraire, que son organisation est dans son cadre d’action habituel. Selon lui, elle mène à l’heure actuelle au Sénégal le même combat que celui qu’elle a toujours mené en Afrique. En effet, il paraît exagéré de s’en prendre à la RADDHO qui partage les points de vue du Mouvement du 23 juin (M23), lequel n’a de cesse de dénoncer une situation qui empoisonne la vie sociopolitique au Sénégal. C’est bien légitime de sa part de faire des critiques à l’endroit des pouvoirs publics.

Jusqu’à preuve du contraire, ces manifestations participent de la défense et de l’approfondissement de la démocratie. Le travail d’un bon observateur est vérifiable. Il ne peut rien inventer. Les irrégularités sont tout autant des phénomènes observables sur le terrain. Et, de plus en plus, on cherche à valoriser le travail des nationaux, notamment les observateurs issus de la société civile. Cela d’autant que les observateurs internationaux sont très critiqués pour leur manque d’audace et de discernement. La plupart sont très peu vigilants, contrairement aux observateurs nationaux. L’engagement de ces derniers est en effet à la mesure de leur intérêt pour l’avancée démocratique, préalable à tout changement socio-économique attendu depuis fort longtemps par les populations africaines. Dans cette perspective, l’implication de la RADDHO est très importante.

Elle s’impose d’elle-même. Il n’y a pas matière à lui contester ce droit qui s’exerce au nom de la liberté, et conformément à la Constitution sénégalaise. Du reste, le président Wade et ses partisans semblent avoir la mémoire courte. Ou du moins, ils sont conscients qu’il vaut mieux avoir la RADDHO avec soi que contre soi. En effet, les caciques du PDS savent quelle est la force de frappe de la RADDHO, pour avoir profité de cet appui fort important dans l’opinion sénégalaise. Par le passé, les défenseurs des droits humains avaient appuyé l’actuel chef de l’Etat dans ses démêlés avec son prédécesseur Abdou Diouf. Mais alors, pourquoi s’en prendre tant à la RADDHO et à son chef ? Aujourd’hui, les critiques fusent de toutes parts après deux mandats consécutifs de Me Wade à la tête du Sénégal.

Très critique à l’égard des précurseurs du "Sopi", la RADDHO en fait bien souvent les frais. Il y a quelques mois, son président, Me Alioune Tine, s’était retrouvé à l’hôpital, copieusement molesté pour avoir osé s’aligner derrière les manifestants anti-Wade. Mais pourquoi donc craindre la grande mobilisation de ses adversaires ? Pourtant, la société civile et l’opposition peuvent légitimement s’associer dans le cadre d’une alliance stratégique. Surtout quand l’avenir de la démocratie et la question des droits humains sont en jeu. Ce genre d’attelage est circonstanciel. Il vise généralement un objectif bien précis. C’est que face à une puissante ONG comme la RADDHO, le régime en place risque gros. De sérieuses difficultés sont à envisager lors des prochaines compétitions électorales. Me Wade et ses partisans se conduisent donc comme s’ils avaient peur de perdre prochainement le pouvoir.

Il est vrai que face à des gens aussi organisés que ceux de la société civile qui ne le soutiennent plus, le président Wade aura fort à faire pour remporter le prochain scrutin. L’homme semble donc prendre ses dispositions. Comment comprendre autrement ceux qui, autour du chef de l’Etat sénégalais, s’échinent à indexer la RADDHO, et cherchent ouvertement à la neutraliser ? Veulent-ils enterrer la démocratie sénégalaise qui, en dépit de tout, a tant donné à ce continent ? A moins de se trouver en situation de règlements de comptes, auxquels d’ailleurs on ne comprendrait rien, on justifierait difficilement une mise à l’écart éventuelle de la RADDHO. Ceux qui poussent Me Wade à réprimer, ont sans doute intérêt à le faire passer pour un antidémocrate notoire.

Parce qu’ils ont perdu foi en son régime et ne croient plus pouvoir l’emporter comme les précédentes fois. Ils jouent un autre jeu, celui des intérêts personnels, après avoir bien profité de ses largesses. Car, la RADDHO ne vise pas le pouvoir d’Etat. Elle tient par contre à faire respecter la Constitution. Elle est dans son rôle lorsqu’elle défend les principes démocratiques et interpelle ceux qui s’acharnent à ne pas les respecter. La fébrilité qui gagne les rangs des partisans de l’actuel chef de l’Etat sénégalais traduit une peur évidente de l’inconnu. Il y a un acharnement à diaboliser la société civile autant que l’adversaire politique. Cela n’a rien d’élégant. Me Wade doit éviter de verser dans la polémique stérile.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 6 octobre 2011 à 13:42, par Gjau En réponse à : PRESIDENTIELLE SENEGALAISE : La fausse querelle de Wade à la RADDHO

    Ah oui bon article car on sent de la démocratie à la "sopi" dot l’instigateur est l’actuel président Sénégalais Abdoulaye Wade.En effet,une organisation civile si importante comme la RADDHO ne saurait être en marge du processus électoral.Conscient de son impopularité de plus en plus manifeste,le président Wade et ses accolytes sont entrain de vouloir préparer un old up électoral.Wade gagnerait à 91 ans à prendre une retaite bien méritée que de vouloir s’accrocher au pouvoir.Le vent du printemps arabe devrait être le thermomètre qui puisse réguler les ardeurs de certains présidents au sud du sahara, aveuglés par la soif du pouvoir.Vivement que la démocratie du peuple l’emporte sur la démocratie du sopi.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique