CAMEROUN : Une vraie fausse mutinerie ?
Que s’est-il passé hier sur le pont du Wouri à Douala ? On se perd en conjectures après les incidents survenus dans la capitale économique camerounaise. Les versions divergent sur le nombre de personnes en cause, mais toutes s’accordent sur un point : des hommes en tenue ont brandi une banderole sur laquelle ils s’en prennent vertement à Paul Biya. Mutinerie organisée, acte isolé d’individus ou même mise en scène de la part du pouvoir ? Au Cameroun, ce pays sous la férule d’un dictateur au pouvoir depuis 29 ans, où le gangstérisme politique comme crapuleux ont pignon sur rue, tout est possible. Coup monté ou pas, une évidence saute à l’oeil : le Cameroun est malade de l’immobilisme politique qui le gouverne.
A 78 ans, et après 29 ans de règne sans partage, Paul Biya va imposer sa silhouette traînante pendant encore sept ans aux Camerounais. Une vraie catastrophe, au regard des gaffes que commet chaque jour un président plus occupé à préserver son fauteuil qu’à gouverner. Jusque-là, la campagne pour la présidentielle du 9 octobre se tenait dans une ambiance morose, en raison d’un scrutin sans enjeu. Les événements d’hier vont-ils réveiller les candidats et les électeurs endormis ? On peut imaginer en effet que les opposants de Biya s’en saisissent comme thème de campagne. Du pain bénit, en quelque sorte, qui viendrait confirmer leurs inquiétudes sur l’avenir du Cameroun sous Biya.
Car si l’armée qui a toujours constitué le socle du pouvoir de Biya et le garant de l’unité nationale, se met à manifester, il y a de quoi se poser des questions sur la capacité de Biya à diriger le pays. Mais il s’agit d’un sujet sensible, dans un pays sous le joug de l’autoritarisme. Les opposants de Biya oseront-ils s’approprier un tel thème ? Pourvu seulement qu’ils ne soient pas le prétexte d’une purge, tant au sein de l’armée que de la classe politique et de la société civile. Car un pouvoir usé et sclérosé comme celui de Biya cherche des trampolines politiques pour rebondir. Quitte à en fabriquer. Face à la menace, il se présenterait alors comme l’ultime recours. Il ne faut pas oublier que Biya surfe sur la paix et la stabilité du Cameroun, qui seraient sa marque de fabrique.
Il peut en effet se prévaloir d’avoir pu éviter, depuis des décennies, des putschs à son pays. Mais à quel prix ? Le Cameroun se sentirait sans doute mieux avec un nouveau dirigeant démocratiquement élu. Sauf que du côté de l’opposition, le nombrilisme a fait perdre aux différents leaders le sens de la patrie. D’où cette multitude de candidatures qui, au mieux baisseront le score de Biya, et au pire lui accorderont la légitimité. Avec une telle opposition, il va sans dire que les Camerounais devront supporter encore longtemps Biya. Leur seul recours serait alors d’attendre que le temps fasse son œuvre. A moins que les militaires n’en décident autrement…
Mahorou KANAZOE
Le Pays
Vos commentaires
1. Le 4 octobre 2011 à 13:55, par Gustave En réponse à : CAMEROUN : Une vraie fausse mutinerie ?
Tout ce qui importe en ce moment c’est que notre nos forces armées ont démontré une fois de plus qu’ils assurent avec fermeté la sécurité de tous et en tous temps et toutes circonstance,.