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Jean-Claude Dioma, président du comité d’organisation du 8e SITHO : « Il faut qu’on apprenne nous-mêmes à découvrir notre pays »

Publié le jeudi 29 septembre 2011 à 01h42min

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La 8e édition du salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) ouvre ses portes ce jeudi 29 septembre 2011. Jusqu’au 02 octobre, professionnels du tourisme et grand public vont se côtoyer sur le site du SIAO. Occasion de découvrir quelques pans de la culture burkinabè. Conférences-débats, formations des acteurs du secteur de tourisme et de l’hôtellerie, excursions grand public pour découvrir le potentiel touristique du Faso sont au menu de cette édition. Tout est fin prêt pour un salon réussi, nous a dit le président du comité d’organisation, Jean-Claude Dioma, dans cet entretien qu’il nous a accordé à la veille de l’ouverture officielle du SITHO 2011.

Lefaso.net : A la veille de l’ouverture du SITHO, peut-on dire que tout est fin prêt pour un salon réussi ?

Jean-Claude Dioma : A la veille de l’évènement, je peux dire qu’on est fin prêt. D’un point de vue de la mobilisation de nos invités, il y a neuf (9) pays qui ont déjà confirmé leur participation. Nous avons le Tchad, le Benin, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Mali, le Niger, la Mauritanie et le Ghana (invité d’honneur).

D’un point de vue des préparatifs à proprement parler, il y a eu un certain nombre de commissions dans la réalisation de ce salon. C’est notamment la commission stand et exposition qui est chargée de la confection des stands et de recenser tous les exposants qui vont venir animer ces stands. Cette commission est à pieds d’œuvre et au moment où je vous parle, nous avons enregistré plus de 123 inscrits. Quand vous savez qu’un stand peut contenir plusieurs exposants, il est à noter que le nombre d’exposants est à multiplier par cinq ou plus.
La responsable vient de nous dire qu’on été obligé d’arrêter tellement il y a la demande à la dernière minute. A ce niveau, les choses avancent bien. Depuis hier, les stands étaient réalisés et ils doivent être disponibles ce matin (ndlr : mercredi) pour que les exposants puissent commencer la décoration.

Au niveau de l’animation, le comité a déjà fait la sélection. Le podium est déjà dressé. De façon globale, nous pouvons dire que les choses sont assez bien maîtrisées et que chaque commission a joué sa partition.

Lefaso.net : Quelles sont les innovations pour cette 8e édition ?

Jean-Claude Dioma : Pour le biotope, généralement, c’était l’occasion de faire venir des animaux vivants qu’on présentait au public. Mais, on s’est rendu compte que c’était assez contraignant. Les animaux en pâtissent beaucoup. Donc, nous avons décidé de les maintenir dans leur site naturel et d’organiser des circuits de visite à Bangr-Wéoogo, au parc animalier de Ziniaré. Donc le biotope va être matérialisé cette année par des représentations plastiques. C’est vraiment l’innovation majeure.

La formation des acteurs du secteur du tourisme avait été mise en berne. Elle reprend cette année. On peut donc la considérer comme une activité innovatrice. Ensuite, nous avons réduit le temps du salon. D’une semaine, nous sommes à quatre jours pour nous conformer avec la pratique internationale. Un salon qui perdure peut ne plus être si professionnel que ça. Quatre jours, ça paraît être quelque chose de nettement mieux. On se conforme ainsi avec l’organisation des autres salons.
Il y a également des jeux concours que nous allons organiser pour permettre à un plus large public de participer et de découvrir notre pays à travers les médias.

Cette année, nous allons demander au public de contribuer pour 100f pour la visite des différents stands.
Lefaso.net : Pour l’entrée à la porte principale ou dans les pavillons ?
Jean-Claude Dioma : L’entrée à la porte principale est libre. Mais c’est aux portes des pavillons que nous allons demander une contribution de 100f par visiteur.

Lefaso.net : Quelles sont les autres activités au programme ?

Jean-Claude Dioma ; Contrairement à l’année dernière, c’est le pavillon jaune qui va accueillir les professionnels et les stands des pays. Le pavillon marron va accueillir les exposants dans le domaine de l’artisanat, et le biotope. On a inversé parce que les conditions d’exposition sont nettement meilleures dans le pavillon jaune.
Comme de coutume, nous avons commencé par l’Educ’tour. C’est le circuit qu’on organise à l’endroit des tours Opérateurs que nous pouvons qualifier de producteurs de voyage en Europe et qui viennent découvrir de nouvelles destinations, de nouveaux circuits et qu’ils sont à même de vendre à des touristes une fois chez eux. L’Educ’Tour a commencé depuis le 25 septembre. Ils ont fait la région de l’Ouest, du Sud-Ouest et des Cascades.

Il y aura aussi des conférences-débats autour du thème « tourisme et développement durable ». En plus de cela, il y a les formations des acteurs du secteur sur des thèmes diversifiés pour permettre aux gens de se rencontrer et de discuter. Les animations culturelles prévues vont permettre de tenir en haleine les différents visiteurs et les exposants tout au long du salon.
Il y a des sorties grand public également au programme. Elles consistent à mettre à la disposition du grand public des cars pour faire le tour du circuit qu’on a prévu pour eux (Bangr-Wéoogo, Parc animalier de Ziniaré et site de Laongo).

Lefaso.net : Combien de participants attendez-vous pour cette édition ?

Jean-Claude Dioma : En termes d’exposants, nous sommes presqu’à 150. Une première. C’est déjà un beau monde.
Mais, le SITHO est également ouvert au grand public. Il y a les maquis, restaurants et autres espaces gastronomiques que les gens louent pour permettre au public de pouvoir se rafraîchir et vivre l’évènement. En termes de participants, il faudra attendre à la fin pour voir. C’est justement pour avoir une évaluation assez précise que le ticket d’entrée peut être utile. Je ne dis pas que c’est ça l’explication réelle de son instauration mais il permettra d’avoir des statistiques assez fiables quant au taux de fréquentation de nos différents stands et pavillons.

Lefaso.net : Cette année, le thème est tourisme et développement durable, qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

Jean-Claude Dioma : La question de l’environnement et de sa protection est aujourd’hui un thème d’actualité. Vous savez que le tourisme s’applique sur des espaces, sur des aires, sur la nature. Nécessairement, c’est une pratique qui a un effet sur l’environnement. Retenir ce thème, c’est attirer l’attention des gens sur le fait que nous devons avoir une nouvelle approche, une approche d’un nouveau type de tourisme qui tient compte de l’environnement, de la nature, mais un tourisme qui tient compte également des cultures.

On a par exemple le tourisme cynégétique. Il n’est pas bon d’en abuser, surtout dans des pays comme le nôtre où la population faunique n’est pas si importante que ça et qu’il faut préserver. C’est donc attirer l’attention des gens sur ce type de tourisme qui doit être respectueux de la nature mais également des hommes, de leur culture, de leurs us et coutumes.

Lefaso.net : L’invité d’honneur, c’est le Ghana, pourquoi le choix s’est porté sur ce pays anglophone ?

Jean-Claude Dioma : Notre approche en créant le salon, c’est de faire en sorte qu’à un moment donné, les autres pays puissent converger vers Ouagadougou, se rencontrer entre eux, échanger les produits et les expériences, mais également rencontrer des tours Operateurs qui puissent découvrir de nouvelles destinations à travers notre salon. Chaque année, nous mettons en exergue un des pays pour permettre pendant toute une journée de focaliser toutes les attentions sur ce pays qui a la latitude de montrer quel est son potentiel touristique, quel est son potentiel culturel et artistique. C’est vraiment un honneur que nous avons opté de faire pour chacun de nos pays voisins à chaque édition.

Les éditions passées ont surtout fait la part belle aux pays francophones. Cette année, nous avons voulu faire un clin d’œil à un pays anglophone. C’est le début d’une ouverture aux autres pays, les pays anglophones cette fois-ci. C’est pourquoi le choix s’est porté sur le Ghana pour être l’invité d’honneur cette année.

Lefaso.net : En quoi, le Burkina peut-il s’inspirer du Ghana dans le domaine du tourisme ?

Jean-Claude Dioma : Les réalités, bien sûr, ne sont pas les mêmes. Le Ghana a un débouché sur la mer. Il a donc des plages. C’est également un pays historique qui regorge de sites touristiques assez importants. Mais chaque pays fait avec son potentiel touristique. Il y a beaucoup de choses au Ghana certes, mais au Burkina, on a aussi nos particularités. On exploite ce qu’on a de meilleur chez soi. L’inspiration que nous pourrons tirer du Ghana, c’est au niveau même de la qualité de prestation, des investissements qu’ils ont dû faire. C’est aussi l’importance que le décideur public a accordé à cette activité qui n’est pas des moindres dans le développement économique d’un pays. Ce dont on peut s’inspirer, c’est également l’organisation et le cheminement qu’il a eu à emprunter pour arriver au stade où il est aujourd’hui. Ça pourra également permettre à tous qui sont présent de s’en inspirer.

Lefaso.net : La crise militaire qu’a vécue le Burkina en début d’année n’a-t-elle pas rejailli négativement sur l’organisation de ce salon ?

Jean-Claude Dioma : Avec les évènements que nous avons vécu, le Burkina avait été considéré comme une destination très peu recommandée, dangereuse d’ailleurs. A un moment donné, les choses ont commencé à rentrer dans l’ordre. La preuve : il y a eu une grande rencontre à caractère internationale qui a réuni ici de grandes structures de gestion de tourisme. C’était la CAF. Cette rencontre a été un succès. C’était la preuve que les gens se sont rassurés rapidement que la stabilité est revenue.

Pour le SITHO, il n’y a pas eu de gens qui se sont manifestés et qui ont désisté par la suite. C’est la preuve que les gens ont repris confiance. Mais, on ne peut pas occulter cette crise. Il y a des gens qui sont toujours dans la psychose. Mais, cela n’a pas eu d’impact négatif sur l’organisation du salon.

Lefaso.net : Auriez-vous un appel à lancer ?

Jean-Claude Dioma : Le burkinabè ne s’intéresse pas au tourisme comme si ça allait de soi. Pourtant, découvrir son pays est quelque chose d’extrêmement important. Pour peu qu’on s’y intéresse, on se rend compte qu’on peut utilement occuper ses vacances ou ses temps libres. Il y a des contraintes économiques certes, mais il faut qu’on apprenne nous-mêmes à découvrir notre pays. Voir ce que c’est qu’une agence de voyage, comment tout ce monde travaille ensemble, ce que c’est qu’un guide touristique, quel est le potentiel touristique que nous avons dans notre pays, autant de chose qui font qu’en visitant les stands, ça peut vous donner l’envie de découvrir. Donc, nous demandons au public de faire le déplacement sur le site du SIAO.

Entretien réalisé par Moussa Diallo

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