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13es journées de la commune burkinabè : Langage de vérité sur la décentralisation

Publié le lundi 26 septembre 2011 à 01h09min

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Dans le cadre de la 13e édition des Journées de la commune burkinabè (JCB), le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a échangé, le vendredi 22 septembre 2011 à Gaoua, avec les maires du Burkina Faso. Plusieurs questions ayant trait à la décentralisation ont été abordées, sans fioritures

D’entrée de jeu, le Premier ministre, Luc Adolphe Tiao, a signifié aux maires qu’il ne vient pas en donneur de leçons, mais plutôt pour « écouter leurs préoccupations et y apporter des réponses ». Entouré des ministres de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Sécurité, Jérôme Bougouma, de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Clémence Traoré/Somé et de celui délégué chargé des Collectivités territoriales, Toussaint Abel Coulibaly, il a rendu hommage aux élus locaux. Ces gestionnaires de cités, faut-il le rappeler, seront en fin de mandat le 31 décembre 2011, après la prolongation d’un an de leur mandature.

Très content de la démarche du chef du gouvernement, le président de l’Association des municipalités du Burkina Faso (AMBF) et maire de Ouagadougou, Simon Compaoré, l’a remercié pour cette marque d’attention, en dépit de son calendrier très chargé. Une introduction qui lui a permis de livrer les attentes des maires par rapport à cette rencontre qu’ils ont fortement appréciée. Le patron de l’AMBF a souhaité que le Premier ministre aborde plusieurs problèmes qui leur tiennent à cœur. Il s’agit, entre autres, des questions foncières, du faible transfert des ressources aux communes et du rôle des maires dans les préparatifs des élections municipales et législatives couplées de 2012.

Outre ces indications, la quintessence des échanges des maires sur le thème des 13e JCB : « Rôle et place des collectivités territoriales dans la mise en œuvre et le suivi de la Stratégie de croissance accélérée et de développement durable (SCADD) » a été portée à la connaissance du Premier ministre. Celui-ci a pu donc enquérir des nombreux constats et suggestions faits par les maires par rapport à leur rôle dans l’application de la SCADD et dans la conduite de la décentralisation. Après coup, le Premier ministre a donné la parole aux bourgmestres qui ont abordé des problèmes qu’ils partagent plus ou moins.

On retient pêle-mêle, la suspension des lotissements, le mode de sanction des maires, le manque de protection sociale à leur profit, les lenteurs dans le processus de passation des marchés publics et des transferts de ressources, le non-versement des recettes de la Taxe de développement communal (TDC), etc.

Pour ce qui est de la suspension des lotissements, le Premier ministre s’est voulu clair avec les maires. « Nous avons pris cette mesure radicale pour mettre fin au désordre qui régnait dans les opérations de lotissements et nous n’allons pas la lever de sitôt. Il faut que nous mettions un dispositif plus efficace en place », leur a-t-il dit.

Des réponses aux préoccupations des maires

Et le ministre de l’Administration territoriale, Jérôme Bougouma, d’ajouter : « Pour les questions d’urgence, les maires qui éprouvent la nécessité de poursuivre leurs lotissements, pour une raison ou une autre, peuvent demander l’autorisation au comité interministériel qui a été mis en place, pour la gestion des instances ». Sur la question du mode de sanction des maires, le Premier ministre a invité le ministre de l’Administration territoriale à répondre. Celui-ci a fait savoir aux maires qu’il est du rôle de l’Etat, lequel assure le tutorat des collectivités, de révoquer un maire quand il y a des dérives.

Néanmoins, il a reconnu que des réflexions peuvent être menées pour trouver une autre formule et pourquoi ne pas adopter une sanction provenant des conseils municipaux, comme le souhaitent bon nombre d’élus locaux. Le ministre en charge de l’Administration territoriale a aussi donné des éclairages sur le versement des recettes de la TDC aux communes qui devaient en être les bénéficiaires. « Il est vrai que cette taxe a été supprimée, mais le gouvernement a décidé d’allouer un milliard F CFA aux collectivités. Cette somme a même été répartie et sera mise à la disposition des communes sous peu », a-t-il affirmé. Le Premier ministre est revenu là-dessus, avant de se pencher sur les lourdeurs constatées dans le processus de passation des marchés publics, ce qui est préjudiciable à la réalisation de certains projets au profit des communes. Reconnaissant que cela est une réalité, Luc Adolphe Tiao a déploré le fait qu’au Burkina Faso, l’on met l’accent sur le contrôle des dépenses tout en oubliant qu’on veut des résultats, ce qui compromet certaines réalisations. « La bonne gestion doit rimer avec de bons résultats », a-t-il laissé entendre.

Au sujet du retard noté dans le transfert des ressources et compétences aux communes, le Premier ministre a dit être conscient que les choses ne bougent pas comme il se doit. Pour ce faire, il a promis s’atteler à résoudre ce problème qui peut être un frein à la décentralisation. En ce qui concerne le manque de protection sociale des maires, le chef du gouvernement a déploré la situation au même titre que les intéressés. Estimant que c’est une question sensible, il dit en avoir fait une priorité dans ses actions. Des élections municipales et législatives couplées de 2012, il en a été question avec le Premier ministre qui a invité les maires à s’impliquer pour leur réussite. Malgré son expérience en matière d’organisation d’élections, a-t-il rapporté, le Burkina Faso traine toujours des tares qui doivent être corrigées.

« Il est temps de travailler pour organiser des élections propres avec des documents fiables tels que la carte d’électeur », a soutenu le Premier ministre. Au-delà des questions, il y a eu des suggestions, comme celle apportée par un maire qui a souhaité que les grandes communes renoncent à l’appui financier de l’Etat au profit des collectivités moins nanties. A cette proposition qui a provoqué une hilarité dans la salle de rencontre, le ministre délégué chargé des Collectivités territoriales a répondu par la négative. « On ne peut pas priver les communes urbaines de soutien, sinon on créera un déséquilibre. Par exemple, le PNGT 2 travaille uniquement avec les 302 communes rurales et non avec les 49 communes urbaines.

Nous pouvons poursuivre cette politique de discrimination positive sans écarter les communes urbaines », a-t-il noté. La nécessité de reconstruction des commissariats détruits suite à la crise sociopolitique a également été évoquée par les maires. A propos, le Premier ministre a rappelé à ces interlocuteurs que c’est une question de moyens financiers et que cela ne se fera pas aussi facilement. Dans l’ensemble, le Premier ministre dit avoir pris bonne note des préoccupations des maires, leur promettant alors de faire de son mieux pour que le processus de décentralisation soit bien conduit. « Dans les années à venir, un grand pas sera fait en matière de décentralisation, pour donner aux communes tout leur sens », a-t-il rassuré pour conclure.

Kader Patrick KARANTAO

Sidwaya

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