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Présidentielles au Mali : Soumaïla Cissé vers un destin national ?

Publié le lundi 19 septembre 2011 à 02h34min

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Après avoir fini son bail à la tête de l’UEMOA où il a peaufiné son image de gestionnaire compétent et rigoureux et étoffé sa stature de présidentiable, Soumaïla Cissé est rentré au bercail pour se lancer à la conquête du fauteuil présidentiel ; et le dimanche 17 septembre 2011, il a été investi par l’Union pour la République et la Démocratie pour être son candidat à l’élection présidentielle de 2012.

Cette seconde tentative sera-t-elle la bonne ? En 2002, Soumaïla Cissé était le favori dans la conquête du palais de la colline de Koulouba, mais contre toute attente, il avait essuyé une déculottée face au candidat indépendant Amadou Toumani Touré (ATT). Il faut dire que le technocrate tombé en politique voyait l’issue de cette élection en rose, son parti l’Adema s’est chargé de déniaiser l’ingénu en lui faisant faux bond ; il a, depuis lors, compris que ce sont les lunettes qu’il avait chaussées qui étaient roses mais pas la réalité politique qui est bien sombre et fangeuse. Ulcéré par cette forfaiture, le natif de Nianfouké a viré sa cuti et quitté le parti d’Alpha Oumar Konaré avec amis et bagages et une inextinguible soif de revanche pour fonder l’URD et en faire en quelques années, la deuxième force politique du Mali, bien implantée dans le pays et même à l’extérieur.

Si 2002 semblait vraiment une occasion gâchée tant le siège présidentiel semblait à portée de Soumaïla Cissé, en 2012 cependant, le parcours paraît plus jalonné d’écueils et de glissades car trop de grosses pointures sont déjà en lice : Cheick Boukadary Traoré, fils de l’ancien président Moussa Traoré, Cheick Modibo Diarra, le Monsieur Microsoft Afrique, Modibo Sidibé, ancien Premier ministre d’ATT, Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) du Rassemblement pour le Mali, etc.

Même au sein de son propre parti, on préjugeait la bataille du leadership, acharnée avec Oumar Ibrahima Touré, 2e vice-président de la formation qui pouvait vouloir l’adoubement du parti mais il est actuellement sous une procédure judiciaire dans le cadre de détournements de près de 3 milliards de FCFA des caisses du Fonds mondial. Coup de pouce de destin qui vient briser le signe indien de 2002 ? Certainement quand on sait que l’URD se met en ordre de bataille derrière son candidat tandis qu’au sein de l’Adema, il y a une demi-douzaine de candidats à la candidature. Les choses semblent s’ordonner pour l’irrésistible ascension du porte-étendard de l’URD.

Mais il est bien difficile de supputer sur l’issue de cette prochaine présidentielle malienne tant l’échiquier politique au pays de Soundjata ressemble à un panier de crabes, les alliances se faisant et se défaisant au gré des humeurs des caciques et des marchandages improbables qui aboutissent à des mariages de la carpe et du lapin. Si l’Adema, cette formidable machine à gagner les élections s’est défaussée à la dernière présidentielle, transformant la possible victoire de son poulain en une Bérézina, il n’est pas interdit de croire au théorème de l’éternel retour de Nietzsche, c’est-à-dire que ce qui a déjà eu lieu en 2002 est susceptible de se répéter en 2012 avec des acteurs différents, certes.

Et si ATT, le président sortant, comme l’a fait Konaré en son temps, décidait en sous-main d’apporter sa caution à Soumaïla Cissé, son challenger de 2002, cela ne surprendrait pas les observateurs de la scène politique malienne ! Mais ce coup de pouce sera, à n’en pas douter, un formidable téléphérique pour transporter rapidement sur la colline de Koulouba le président sortant de la Commission de l’UEMOA.

Saïdou Alcény Barry

L’Observateur Paalga

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