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Excision et commercialisation de clitoris : Daouda va en prison pour trois ans

Publié le lundi 19 septembre 2011 à 02h36min

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Parmi les dossiers qui devaient être jugés le mardi 6 septembre 2011 par le tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso figurait celui de Daouda Konaté et de ses quatre complices. Il s’agissait bien entendu d’excision que lui et les parents des victimes ont commise le 18 août dernier au secteur 17 (ex-Sarfalao) sur de jeunes filles. Interrogé ce mardi, Daouda n’a pas nié son acte. Il avoue qu’il a effectivement porté atteinte aux organes génitaux des quatre filles dont l’âge est compris entre 1 et 3 ans. Mieux, qu’il avait l’intention de commercialiser chaque clitoris à 150 000F. Parce que sa grande mère lui aurait confié que le clitoris attirait de l’or lorsqu’on le met dans une mine d’or.

De la circoncision il passe immédiatement à l’excision. En janvier 2011 à Bio dans le département de Karangasso-Vigué, ces premières victimes sont quatre filles. Au regard de la complexité de l’affaire, excision interdite, puis pratiquée par un homme, le dossier a été renvoyé au vendredi 16 septembre pour poursuite complémentaire.

La même méthode, comme on coupe le prépuce

Le vendredi 16 septembre, la salle d’audience du tribunal correctionnel n’a pas du tout manqué de public. Parents, amis, connaissances et surtout quelques membres du secrétariat permanent du comité de lutte contre la pratique de l’excision ont investi les lieux, attendant avec impatience l’appel à la barre de Daouda Konaté (l’auteur), Hyacinthe Ouédraogo, Salimata Kinda, Kassoum Kinda, et Kouanda Mariam (les complices et parents des filles excisées). A la barre, Daouda tient la même version, mais cette fois-ci avec beaucoup d’incohérences. Il dit s’être inspiré de la même manière dont il coupe les prépuces pour couper les clitoris, soit avec une lame, ou avec un couteau.

Daouda n’ignore pas aussi que l’excision est interdite. « Je l’ai écouté à la radio et vu à la télé. Mais si quelque chose doit t’arriver, tu ne peut t’échapper », expliquait-il au tribunal. Il va également soutenir que sa grand-mère, une ex-exciseuse l’avait informé de la commercialisation des clitoris aux orpailleurs car cela attire l’or. C’est ainsi qu’il proposait ses « faux services » à Bio et à Bobo entre janvier et juin afin de s’approvisionner en clitoris et se faire de l’argent. Toutefois, Daouda déclarait que c’est plutôt sa grand-mère qui avait excisé ses quatre filles à Bio en 2011, et gardé par devers elle les clitoris.

Une vieille qui n’est pourtant plus de ce monde depuis 2010. Se confondant par moment, Daouda finira pat avouer en disant que c’est bien lui qui a porté atteinte à l’intégrité physique des quatre fillettes à Bio et à Bobo. A la question de savoir s’il a, lui des filles et qui ont subi l’excision il a répondu : « Jamais je n’ai accepté qu’elles en soient victimes ». Il reconnait également n’avoir jamais vu ni entendu qu’un homme excisait au Burkina Faso. Pour cela, il dit ne pas mériter le pardon, mais plutôt une sanction.

Parce que l’excision préserve le conjoint

Les parents des fillettes, sont bien conscients de l’interdiction de l’excision sur le territoire burkinabé. Mais, disent-ils : « c’est la tradition qui veut qu’on excise les filles. Seul moyen de préserver et de protéger la vie du conjoint de la femme ». « J’ai accepté de donner les filles parce que leur grandes sœurs non excisées sont devenues frivoles. Elles ont toutes eu des enfants hors mariage », expliquait Kassoum aux juges.

Une peine exemplaire

Ce fut le souhait ardent du parquet dès l’entame de son réquisitoire. En effet, toute personne qui tente de porter atteinte à l’organe génital de la femme est passible d’une peine allant de 6 mois à 3 ans de prison ferme et une amende de 150 000F à 900 000F, conformément à l’article 380 du code pénal. A entendre le substitut du procureur, l’infraction est totalement caractérisée à l’encontre de Daouda et ses quatre complices. Ils doivent donc encourir des peines. C’est la toute première fois que l’on voit un homme exciseur à la barre d’un tribunal. C’est pourquoi, le parquet a demandé au tribunal de sortir de sa torpeur en donnant la peine exemplaire de 3 ans fermes pour Daouda et 12 mois fermes pour les quatre autres. Le tribunal après délibération les a reconnus coupables en condamnant Daouda à trois ans fermes et 6 mois fermes pour les parents.

A la suite du procès, une conférence a été animée par Ibrahim Tall, directeur du suivi et évaluation du comité de lutte contre la pratique de l’excision à la direction provinciale de l’action social et de la solidarité nationale. Il a été question du renforcement des stratégies de lutte afin d’éradiquer l’excision d’ici à 2013.

Bassératou KINDO

L’Express du Faso

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Vos commentaires

  • Le 19 septembre 2011 à 11:16, par Jamanatigui En réponse à : Excision et commercialisation de clitoris : Daouda va en prison pour trois ans

    Ce procès est celui d’un trafiquant d’organe et non un exciseur par conséquent sa peine devrait refléter son acte.
    Quand à la lutte contre contre cette pratique ignoble, le bout du tunnel est encore loin. Vouloir éradiquer cette pratique séculaire d’ici 2013 ne peut être que des illusions des dirigeants sans vision. Tant que le Burkina comptera 60% d’analphabète l’excision aura des beaux jours devant elle.
    Voici des parents qui refusent d’accepter qu’ils ont échouer dans l’éducation de leurs enfants et pensent que c’est l’excision qui fera l’affaire à leur place. En quoi exciser une fille peut l’empêcher de tomber en grossesse hors mariages ? Le con^troles des organes de sens ne se fait pas par mutilation mais par une éducation à se maitriser. Un enfant psychologiquement fort deviendra un adulte responsable et conscient.

  • Le 19 septembre 2011 à 13:17 En réponse à : Excision et commercialisation de clitoris : Daouda va en prison pour trois ans

    Monsieur le Journaliste, pourriez avoir la délicatesse de mentionner le nom complet du coupable présumée ? Daouda est un prénom assez répandu et ça sonne très mal tout seul dans votre titre.

    Merci.

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