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Verdict du procès Kpatcha : Ce qui est attendu risque d’arriver

Publié le jeudi 15 septembre 2011 à 02h04min

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A moins d’un imprévu de dernière minute, on connaîtra enfin l’épilogue de l’affaire Kpatcha au pays des Gnassingbé. Le verdict du procès du désormais très fameux « putsch de Pâques » est attendu pour aujourd’hui. Il viendra mettre un terme à une bien malheureuse histoire de fratrie qui se déteste, se hait, se divise ; au point qu’elle est en passe de conduire le député Kpatcha à subir les rigueurs du cachot pour le restant de sa vie, et ce, sur demande instante de l’adversaire, Faure, par ailleurs chef de l’Etat et frère de l’illustre inculpé.

Car l’avocat général a été on ne peut plus impitoyable. Dans son réquisitoire il a demandé ni plus ni moins que la réclusion à perpétuité pour 8 des prévenus, Kpatcha en tête ; le neuvième inculpé encourt la peine de 1 à 12 mois de prison, dont 2 avec sursis.

Des derniers propos des prévenus, on retiendra que tous renient en bloc ce que leur reproche la cour. « Si vous me condamnez, vous condamnez un innocent » a même lâché Kpatcha lors de son mémoire en défense. Reste à savoir si la frustration qu’il ressent suffira à lui éviter une condamnation que de nombreux observateurs prévoient inévitable et lourde. Et ils ont de solides arguments qui laissent subodorer que la chose, plus que possible, est prévisible.

Faure a depuis longtemps, nourri un ressentiment certain à l’encontre de son frère ; il lui reproche de se trouver régulièrement au travers de son parcours ; maintenant qu’il a l’occasion rêvée de l’écarter définitivement hors de son chemin, il se peut qu’il se délecte de la prise et décide d’en finir une fois pour toutes avec ce frère qu’il a toujours considéré comme un sérieux empêcheur de gouverner en rond. Et alors, la cour ira à fond la caisse ; en suivant l’avocat général, à la virgule près.

Ou bien peut-être n’optera-t-elle pas pour la perpétuité requise ; et alors il se peut qu’elle inflige une peine moindre mais toutefois suffisamment lourde pour effacer toute velléité de trace future de Kpatcha de la vie du chef de l’Etat. Et alors c’en sera fini de la vie politique, sinon de la vie tout court du frère ennemi désormais condamné au bagne jusqu’à la fin de ses jours.

Tout comme il n’est pas exclu que l’on pense un autre scénario possible : Faure n’ignore pas les divisions dans lesquelles se trouve plongé le clan Gnassingbé ; il n’ignore pas les critiques acerbes dont lui-même est l’objet de la part de ceux, au sein de leur commune famille, qui prennent fait et cause le frère martyrisé, à leurs yeux sauvagement persécuté. Il n’est pas exclu que le chef d’Etat, par souci de réunification d’un clan divisé, choisisse, après condamnation par la cour, de gracier le frère « égaré », histoire d’administrer une leçon de pardon qui appelle à son tour le retour à la maison de l’enfant banni.

Toujours est-il que quelle que soit l’option choisie, cette sordide affaire qui a fini d’étaler toutes les haines et rancœurs que se vouent des fils d’un même père ne peut manquer de traîner des conséquences sur un long terme, et sur la fratrie Gnassingbé, et sur leur clan commun et sur l’ensemble du paysage politique togolais. Et c’est d’avance qu’il faut songer à la pirouette nécessaire pour rattraper ce qui peut encore l’être ; en supposant que tout ne soit pas encore perdu et que la chose soit encore possible.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga

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