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Affaire Kpatcha :Chez les Eyadéma, le linge sale se lave en public

Publié le mercredi 31 août 2011 à 02h06min

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Kpatcha Gnassingbé, demi-frère du président togolais, ex-ministre de la Défense, a-t-il ourdi un coup d’Etat le 13 avril 2009 contre le chef de l’Etat ? Son procès, qui s’ouvre en principe ce matin 31 août 2011 permettra peut-être d’y répondre.
Arrêté dans sa résidence du quartier résidentiel de Kegué de Lomé, Kpatcha a été embastillé avec plusieurs autres dont des parents de la nombreuse fratrie Gnassingbé.

En vérité, les préparatifs du coup d’Etat et son étouffement dans l’œuf constituent le paroxysme de la crise de succession qui faisait rage au Togo : le patriarche mort, ses petits, qui ne regardaient pas forcément dans la même direction, allaient se livrer une guerre sans merci.

En effet, lorsqu’entre ciel et terre tunisiens Eyadéma rendit l’âme, le 5 février 2005, et que les militaires remirent 48 heures plus tard le sceptre à Faure, Kpatcha sentit la moutarde lui monter au nez : pourquoi pas lui pour succéder au baobab de Pya ?
D’aucuns pensent que c’est à partir de ce jour-là que ce féru de films de guerre et de voitures américaines caressa l’idée de devenir Calife à la place du Calife.

Mais, dans l’urgence, il fallait sauver la maison Eyadéma, qui menaçait de s’écrouler sous les coups de boutoir d’une opposition qui a longtemps rongé son frein en attendant le grand jour, qu’elle crut percevoir dans la présidentielle du 24 mars 2005. Las d’ailleurs !
Absous par les urnes, Faure fit de ce demi-frère ambitieux son ministre de la Défense, contre l’avis d’Olesegun Obasanjo, alors président du Nigeria et de l’UA, et du Burkinabè Blaise Compaoré, facilitateur dans la crise togolaise. Tous estimèrent que la cohabitation serait orageuse, voire impossible.

Très vite, les dissensions réapparaîtront, et la guerre feutrée entre les frères ennemis s’étalera au grand jour. Excepté lors des séances de Conseil de ministres, le chef de l’Etat et son ministre de la Défense se disaient à peine bonjour.
Président de la République, Faure voulait délimiter son pouvoir, avoir les coudées franches (ce qui est normal pour un n°1) et surtout opérer une certaine rupture avec le régime de son père.

Kpatcha, très proche de certains hauts gradés de la grande muette, multipliaient les largesses et n’était pas insensible à ceux qui lui faisaient croire qu’il est l’hériter naturel de l’homme du 13-Janvier.

De là à ce qu’il fourbisse un putsch contre son frère, il n’y a que le procès qui puisse nous situer :
- Kpatcha a-t-il voulu vraiment instaurer un Comité national de rectification et de réconciliation (CNRR) à la tête duquel il imposerait le comandant Abi Atti, ex-patron des Forces spéciales de gendarmerie ?

- D’anciens mentors des généraux de l’armée notamment lui ont-ils apporté leur caution morale ?
- Enfin l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique de l’époque a-t-il effectivement reçu Kpatcha et lui aurait-il donné son feu orange ?
Peu ou prou, ce procès, c’est aussi le linge sale du clan Eyadéma qui se lavera en public. On imagine que l’accusé en sait des choses et c’est un Gnassingbé ! Car quelle que soit l’issue de ce jugement, le président Faure n’en sortira pas indemne. La famille est désormais divisée, et bien qu’il ait pu dézinguer Kpatcha de l’armée, il lui faudra agir avec tact avec ce corps qui n’a pas toujours montré une neutralité républicaine au Togo. En clair, c’est le procès de tous les dangers pour le pouvoir dans ce pays.

Par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur Paalga

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