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Au cœur du parlement : Un silence-radio à l’Assemblée nationale

Publié le mercredi 31 août 2011 à 02h06min

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Bientôt deux mois qu’aucune activité n’est visible à l’hémicycle. Entre deux sessions, certains députés vont
au charbon, à la rencontre de leurs électeurs ou posent des actions de développement. Ces actions posées ça et
là suffisent-elles pour dire que nos élus travaillent ?

Depuis la fin de la session extraordinaire, le 5 juillet 2011, il y a un silence-radio au parlement burkinabè. Plus de lois votées, plus de travaux dans la plupart des commissions. Les députés sont-ils en vacances ou, chacun mène-t-il ses activités personnelles ? Les députés en cette période de trêve ne dorment pas. De façon collective ou individuelle, ils ont pour obligation de se rendre sur le terrain, afin de constater l’application effective des textes et lois en vigueur ou d’effectuer des missions d’information auprès de leurs électeurs. Reboisement de bosquet, mission de terrain, adoption de l’avant-projet du budget de l’Assemblée… voilà autant d’actions réalisées par quelques commissions, ces temps-ci.

Le président de la Commission des affaires générales, institutionnelles, et des droits humains (CAGIDH), Etienne Bado a dirigé, pendant cette intersession, une mission dans la province du Ziro afin d’être au parfum de la mise en application de la loi 034 portant sur le foncier rural. C’est la toute première sortie concernant le foncier rural. Selon lui, le constat fait par les élus nationaux sur la mise en œuvre de cette loi, n’est pas reluisant dans cette partie du Burkina Faso. " La loi en elle est irréprochable. Mais c’est sa mise en œuvre qui pose problème », souligne-t-il. La pagaille constatée dans cette zone montre que rien n’est fait. Manque de ressources financières, de personnel adéquat et de matériel constituent autant de difficultés rencontrées dans l’application de la loi.

Les parlementaires, à travers cette visite, se sont rendu compte que la loi 034 a permis à des individus de devenir propriétaire de grandes superficies de terres s’étalant souvent à des centaines d’hectares. Mais le hic dans cette situation est que les paysans se retrouveront dans le futur sans espaces cultivables, ce qui pourrait être la source d’une crise. En guise de réponse à ceux qui voient en ces sorties comme des promenades de santé pour les députés, M. Bado rassure qu’un document est en phase de réalisation, afin de situer les responsabilités et proposer des solutions.

« A l’issue de cette sortie, nous allons élaborer un rapport qui sera transmis au gouvernement. Nous sommes obligés de rester dans la limite de nos moyens », souligne le député Bado. Individuellement, des députés comme Bassière Nestor de l’Union de la renaissance/Parti sankariste (UNIR/PS), met à profit cette période, entre deux sessions, pour repartir à la source, dans la région des Hauts-Bassins pour rendre compte et s’imprégner des problèmes des électeurs. En outre, à Toussiana, Péni, Karangasso-Vigué, Padéma, Bama, Bobo-Dioulasso, les électeurs de M. Bassière ont eu droit à des explications sur la situation nationale. « Quand je me retrouve avec les populations, je leur explique pourquoi nous avons voté pour ou contre une loi, discuter des décisions concernant la Taxe de développement communal (TDC), la subvention accordée aux produits de grande consommation », soutient le député Bassière. Il semble ne pas être le seul à mener des actions de ce genre au profit de ses électeurs. Amadou Diemdioda Dicko, député de la région du Sahel (Gorom-Gorom) au titre de la Convention des forces démocratiques du Burkina, affirme faire autant.

En cette période, il mène des actions de reboisement à Gorom-Gorom sur un terrain de 10 hectares. Aussi, M. Dicko meuble les vacances des élèves à travers un tournoi de Maracana. « Ce mois, je pars dans ma localité pour la troisième fois. Très honnêtement, je n’ai pas encore expliqué la teneur d’une loi aux populations. Mais nous avons mis à profit ce temps pour tenir à Gorom-Gorom, trois conférences sur les conclusions du Conseil consultatif sur les réformes politiques (CCRP) », affirme le député Dicko. Ces activités entreprises ça et là par les uns et les autres rencontrent des difficultés. Les députés Bado, Bassière et Dicko disent ne rien recevoir comme financement de la part de l’hémicycle pour mener leurs actions. Ils soutiennent tous puiser dans leurs émoluments pour réaliser leurs activités. En outre, l’état des routes en cette saison pluvieuse ne facilite pas l’accessibilité aux zones rurales. « Les paysans sont pour la plupart dans les champs. Il est impossible de les toucher directement », conclut M. Dicko.

Ozias KIEMTORE (kizozias@yahoo.fr)


- Nos députés préparent leur chien le jour de la chasse

L’intersession dure au minimum deux mois. Cette période est censée être propice pour les élus nationaux de retourner à la base, afin d’expliquer, à ceux qui ont placé leur confiance en eux, les textes et lois votés. Aussi, ce temps leur permet de mener des activités pour le développement de leur région et partant du pays. Il est évident que parmi les 111 députés que compte le Burkina Faso, il y a certains qui mettent vraiment à profit cette trêve pour se rendre utiles. Mais l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Au vu de l’ignorance affichée des populations sur l’existence de la presque totalité des lois et textes existants, on est tenté de se poser des questions : les députés jouent-t-ils vraiment leur rôle de pont entre le peuple et le gouvernement ? Donnent-ils des explications sur les textes et lois adoptés à leurs électeurs, surtout pendant l’intersession ? Il faut reconnaître que cette période est prise pour une bonne partie des élus comme des vacances.

O.K.

- Salvador Yaméogo, président du RDF député AMP :
"Je me positionne au sein du groupe ADF/RDA"

A quelques mois de la fin du mandat des députés burkinabè, Salvador Yaméogo, président du Rassemblement des démocrates du Faso (RDF), membre de l’Alliance des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle (AMP), a quitté le groupe parlementaire Convention des forces républicaines (CFR) pour celui de l’ADF/RDA. Quelles sont ses motivations ? Que peuvent être les enjeux de ce ralliement ? Dans cet entretien, il justifie son acte et s’exprime sur la situation nationale ainsi que ses relations avec son grand frère, Me Hermann Yaméogo.

Sidwaya (S.) : Pourquoi aviez-vous quitté le groupe CFR ?

Salvador Yaméogo (S.Y.) : Mon appartenance au groupe parlementaire Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) est effective. Sa réalisation a exigé un certain temps, du fait de contingences internes à l’Assemblée nationale, liées à la constitution des groupes parlementaires et à mon souci de ne pas porter atteinte à l’intégrité du groupe parlementaire Convention des forces républicaines (CFR). Mon inscription à ce groupe a progressivement procédé d’une nécessité maintes fois ressentie et soulignée par le bureau exécutif national de mon parti. C’est-à-dire, celle de trouver au sein du parlement, un autre cadre d’expression et d’action plus en phase avec la feuille de route du RDF, l’analyse des problèmes politiques, dont ceux du moment, à savoir la crise multiforme, les réformes politiques, les élections couplées et la recherche des réponses à y apporter. Mon arrivée au groupe ADF/RDA reste conforme au règlement intérieur de notre institution qui stipule que les députés se regroupent par affinités. Elle n’est pas davantage en désaccord avec la charte des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle, qui laisse à tout parti membre, la latitude de nouer des relations avec toute autre formation de la majorité présidentielle. Et comme l’ADF/RDA est de la majorité présidentielle et non pas de l’opposition, il y a des passerelles qui autorisent le député que je suis, à faire ce mouvement du groupe CFR vers le groupe parlementaire ADF/RDA. Elle est en phase avec les fondements de notre parti, c’est-à-dire, le libéralisme, sans parler des récentes circonstances, qui présagent probablement, une recomposition prochaine de notre paysage politique.

S. : Que reprochez-vous au groupe CFR ?

S.Y. : Quand vous êtes dans un groupe, il faut pouvoir vous exprimer comme vous le souhaitiez. Le sentiment de ne pas tous « ramer dans la même direction », peut faire naître des problèmes de communication, tout comme l’absence de concertation, pour une lecture politique commune des situations, dont celle nationale, à l’effet de proposer des solutions communes. A défaut de tout ce qui précède, je ne vois pas bien l’intérêt de rester dans ce groupe.

En tant que structure organisée, le groupe parlementaire CFR est resté en marge du débat politique, depuis la crise que le pays a traversée et même avant. Il est resté étonnement aphone, à l’instar de l’AMP, mais il est vrai, dans une moindre mesure, concernant cette dernière. Sans vouloir jeter l’anathème sur mes anciens camarades du groupe, j’ai estimé, en mon âme et conscience, après une longue réflexion, qu’il était préférable que je me positionne au sein du groupe ADF/RDA. C’est pour vous dire, que ce n’est pas une question de calcul pour des postes. Je l’ai fait au moment où il n’y avait aucun enjeu de ce point de vue.
Mon départ correspond simplement à un besoin de trouver un ancrage qui me permette, pour la fin de la législature, de travailler sur le plan politique et sur le terrain. Nous restons néanmoins partenaires au sein de l’AMP et je souhaite, pour ma part, conserver dans nos rapports avec les collègues du groupe, la même cordialité.

S. : Peut-on s’attendre un jour à un fusionnement du RDF à l’ADF/RDA ?

S.Y. : Pour l’heure, en tant que député, je procède à un apparentement au groupe parlementaire ADF/RDA, en plein accord avec le bureau exécutif national de mon parti. Ce qui ne signifie pas que le RDF a fusionné avec l’ADF/RDA. A titre de rappel, l’ADF/RDA était dans l’opposition. Après son entrée au gouvernement, elle a décliné le statut de chef de file de l’opposition, puis s’est déclarée de la majorité parlementaire. A partir de ce moment, il n’y a plus grand-chose qui nous sépare. Le fait de s’apparenter au groupe ADF/RDA a donc pour motif, clairement, des raisons de convenance personnelle, mais aussi la recherche de synergies possibles en matière d’actions. Cela n’exclut pas le principe qu’on puisse, un jour , aller ensemble à des élections.

S. : Comment le groupe ADF/RDA vous a accueilli ?

S.Y. : Les députés m’ont réservé un bon accueil à la première réunion à laquelle j’ai participé. Pour certains, c’est un retour dans la maison, car je n’arrive pas en terrain inconnu. C’est vrai que l’ADF/RDA de 2011 n’a rien avoir avec celle de 2000, au moment où j’y étais. L’ADF/RDA et son groupe ont une longue histoire. Ce dernier offre un cadre organisationnel plus homogène, de par la taille de la formation politique qui en constitue l’ossature et objectivement plus dynamique de par la vision prospective et l’action de terrain. Qui plus est, l’ADF/RDA partageant désormais les fondements essentiels de l’AMP, il est évident que tout cela augure de possibles synergies d’actions, sans même parler de lisibilité ou de visibilité du groupe parlementaire.

S. : Quelle lecture faites-vous de la situation nationale ?

S.Y. : Au plus fort de la crise, la déclaration du RDF rappelait les événements malheureux de Koudougou dont je suis originaire. Elle déplorait cette situation dramatique et relevait la volonté clairement réitérée par le Premier ministre d’alors, Tertius Zongo, dans sa déclaration de politique générale, de traiter la question avec autorité et diligence, notamment à son volet judiciaire. Le RDF encourageait le gouvernement à situer les parts de responsabilité dans cette crise et invitait enfin toutes les parties, à préserver à tout prix la paix. Nous pensons avoir été entendus, puisque le débat sur les réformes politiques a pu se tenir. A l’heure où nous parlons, outre la relance de notre économie, il reste à parachever le processus, c’est-à-dire, le briefing des régions et des assises nationales. La dynamique opérationnelle des réformes, les élections couplées, restent les chantiers majeurs dont le succès conditionnera la sortie de crise définitive que nous appelons de tous nos vœux.
La question des réformes, à tort ou à raison, s’est longtemps focalisée autour de celle de la révision ou non de l’article 37 de notre Constitution. Nous savons aujourd’hui, au vu du travail abattu par le CCRP, que ce fut à tort. Notre contribution à ce débat, stipulait que l’article querellé ne devait, en aucun cas, être élucidé. Le RDF restait dans l’esprit du document de contribution de l’AMP en son point précis, faisant état de la nécessité de « se conformer aux aspirations de notre peuple ».

S. : Votre frère, Hermann Yaméogo, a été débarqué de la tête de l’ADF/RDA et vous y revenez….

S.Y. : Cela va immanquablement susciter des questions et des interprétations. Pour ceux qui ont la bonne lecture de mon cheminement et de notre contexte partisan, c’est une option possible et défendable.
Effectivement, j’ai appartenu à l’ADF/RDA à l’époque où Me Hermann Yaméogo en était le président. L’ADF/RDA de l’époque a été victime d’une « OPA hostile » et Me Gilbert Noël Ouédraogo en a pris le contrôle. Avec le grand frère, nous avons réveillé l’UNDD, puis j’ai quitté cette structure pour créer ma propre formation. Objectivement, au vu de nos trajectoires respectives et de l’actualité récente, il y a un peu « prescription des faits ». Je pense que c’est un épiphénomène par rapport à ce que le pays a traversé, même si cela, n’empêchera nullement des spéculations. Je pense aussi que dans ce pays, il y a des partis qui peuvent se réclamer d’une même famille politique. Si vous prenez les statuts, le règlement intérieur, les manifestes de l’ADF/RDA, de l’UNDD, et même du RDF, vous verrez des similitudes évidentes, qui sont la trace de personnes qui, par le passé, ont collaboré.

Le plus important, c’est de savoir si dans la dynamique de regroupement des partis, il n’est pas possible que ces grandes familles se retrouvent ? Peut être, serai-je un précurseur en la matière. Mais ce n’est pas avec des calculs politiciens comme peuvent l’imaginer certains. Aujourd’hui, à l’ADF/RDA, à l’UNDD et au RDF chacun suit son chemin ou trace sa route. J’ai estimé, après quatre ans de cette législature, qu’il valait mieux, par rapport à l’intérêt du débat politique, que j’aille m’apparenter à l’ADF/RDA plutôt que de rester dans le groupe parlementaire CFR.

S. : Comment sont vos relations avec Me Hermann Yaméogo ?

S.Y. : La nouvelle du drame familial que nous avons vécu m’est parvenue à l’étranger. Au grand frère, que j’ai eu au téléphone dès l’annonce du décès de son épouse, j’ai bien entendu dire toute ma peine et tout mon soutien. En la circonstance, je l’ai prié d’accepter de taire à jamais notre différend, sans autre forme de procès, regrettant que Marie Claude n’ait pu être témoin de nos retrouvailles annoncées. Maintes personnes, le chef de Nanoro en tête, y avaient discrètement contribué et en réalité, celles-ci n’avaient été retardées que par la crise que notre pays a traversée. Me Yaméogo a marqué son accord. Voilà pour le volet familial, avec si vous me le permettez, une mention personnelle de profonde gratitude pour le soutien inestimable dont Me Hermann Yaméogo et sa famille ont été l’objet, de la part des plus hautes autorités de ce pays comme des citoyens les plus anonymes.

Il n’y a plus de différend familial entre les deux frères Yaméogo. Au plan politique enfin, en tant qu’élu de la nation, responsable de parti, membre de l’AMP , je suis avec beaucoup d’intérêt, après sa croisade pour la refondation, le travail du président de l’UNDD pour « ancrer » le projet d’un « pacte transversal », comme ce fut, jadis, le cas pour celui de « démocratie consensuelle ». J’avoue, du reste, ne pas bouder mon plaisir de voir remises au goût du jour, ces positions autrefois partagées. J’observe enfin que la notion de « transversalité » qui donne corps et force au concept, trouve tout son sens dans l’idée que, tout un chacun, de son ancrage originel, adhère à une démarche républicaine et patriotique commune, propre à sortir le pays de l’ornière et baliser l’avenir. Et le RDF ne s’est jamais écarté d’une telle ligne.

S. : Après la crise, comment voyez-vous l’image du Burkina ?

S.Y. : Depuis la crise que notre pays a traversée, le hasard a voulu que dans le cadre du parlement, j’effectue de nombreuses missions à l’étranger qui m’ont amené à mesurer l’extraordinaire capital de crédibilité, de confiance et de sympathie dont le Burkina jouissait hors de ses frontières. En quelques semaines, cette image a été gravement écornée. Sans être dans les dénis des fondements objectifs de cette crise, nous devons tous mesurer le poids et l’urgence de la « reconstruction » qui a commencé. Ceci me revient alors de mémoire : « Ce qui importe dans une course, disait le président Houphouët Boigny, ce n’est pas le départ, c’est l’arrivée… ». Je souhaite inviter tous mes compatriotes à méditer cette pensée valable pour chacun d’entre nous et pour la nation entière, avec le secret espoir et la conviction résolue qu’en unissant nos énergies, d’où qu’elles proviennent, à l’arrivée, notre pays sera devant.

Boureima SANGA( bsanga2003@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 31 août 2011 à 11:50, par OVERLOAD En réponse à : Au cœur du parlement : Un silence-radio à l’Assemblée nationale

    Salvador,
    Bien venu dans la famille de l’ADF RDA, tu connais la maison, fais comme chez toi...

  • Le 31 août 2011 à 13:36 En réponse à : Au cœur du parlement : Un silence-radio à l’Assemblée nationale

    Ce monsieur est devenu un vrai nomade.Il me fait pitié !!! Son grand frère Hermann la lâché mais lui je le au moins il vaut mieux que son grand frère Hermann qui passe tout son temps à trahir. Salvador n’est pas au bout de sa peine parce qu’a l’ADF RDA il risque de connaitre le même sort que son grand frère Hermann !!! c’est un nid de traitres !!!

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