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Emigration clandestine : Ces burkinabè qui meurent sur le chemin de l’Afrique centrale

Publié le lundi 29 août 2011 à 03h21min

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Le président des ressortissants burkinabé, Alassane Ouédraogo interpelle l'Etat pour l'émigration clandestine des burkinabé vers l'Afrique centraleLe pays de Yayi Boni constitue le point de départ de bon nombre de jeunes burkinabè qui ont faits des pays de l’Afrique centrale comme la Centrafrique, la Guinée Equatoriale …, leur eldorado. Victimes de l’escroquerie de démarcheurs nigérians dans l’établissement des documents, certains ont pu se faire une place et beaucoup d’autres périssent sur la mer à bord des pirogues de fortunes.

Dans le cadre du voyage d’étude du Réseau d’initiatives de journalistes (RIJ) à Cotonou au Bénin, le président des ressortissants burkinabé dudit pays, Alassane Ouédraogo, a rassuré la dizaine de journalistes, avec à leur tête le coordonnateur, Fabrice Yi-Bour Bazié, du climat paisible et sociable qui règne entre eux et les Béninois. Cette rencontre tenue au consulat du Burkina dans la matinée du lundi 22 août a connu la présence de l’assistante du consul et d’autres personnalités. Selon donc le président de l’association des ressortissants burkinabé au Bénin, environ 500 000 Burkinabè vivent sur le territoire béninois. La grande majorité se trouve vers le Nord. S’ajoutent des étudiants et élèves qui y séjournent chaque année pour d’éventuelles études.

La plupart des élèves sont à la recherche du Bac F4 (un bac électronique) qui n’existe pas dans notre pays Malheureusement, déplore le président, sur 145 candidats burkinabè présentés cette année, seulement 35 ont été admis. Pourtant, a-t-il signifié « la scolarité coûte à peu près 600 000 F CFA sans compter les autres dépenses ». Pire, des élèves se laissent emporter par certains maux tels que le viol. « Au plus récent, ils ont été arrêtés et écroués pendant trois mois ». Nonobstant ces quelques cas, Alassane Ouédraogo rassure que l’intégration est assez flexible et beaucoup de burkinabè ont réussi dans les domaines de l’agricole et de l’élevage. Des difficultés existent, mais celui-ci estime qu’on ne puisse l’inscrire au compte de l’intégration. Au titre des tracasseries sur la route de Cotonou, Alassane Ouédraogo a affirmé qu’ils ont plusieurs fois interpellé aussi bien les autorités béninoises que burkinabè sur la question.

Le ministre des transports burkinabè serait venu s’imprégner de la réalité et au terme de ladite visite, il aurait promis que tout cela va prendre fin. « C’est par la suite qu’on nous informait que la présence des forces de l’ordre et de sécurité répondait au souci de l’insécurité sur la route ». Les débats sont toujours en cours, et le président de confier aux journalistes qu’un commissaire de police à Porga a été limogé rien que la semaine dernière pour avoir rançonné des burkinabè.

L’Afrique centrale ou l’Eldorado

Le président des ressortissants burkinabé, Alassane Ouédraogo interpelle l’Etat pour l’émigration clandestine des burkinabé vers l’Afrique centrale

C’est un problème très sérieux, cette émigration des burkinabè vers l’Afrique centrale. Et c’est par le Bénin que ces derniers transitent pour y accéder. Cela, parce qu’il n’y a pas un consulat de la Guinée Equatoriale au Burkina et celui du Gabon est en Côte d’Ivoire. Ainsi, par ce manque de consulat, le transit par le Bénin est devenu un business pour d’autres personnes en l’occurrence des nigérians mais également des frères burkinabè. Ils passent donc par des « managers » ou démarcheurs dans l’espoir d’avoir des documents à raison de 500 000 à 700 000 F CFA. Une fois là-bas, ils sont rapatriés ou mis en « tôle » pour falsification de documents. Par exemple en 2010, confie le président, le consulat a accueillis plus de 200 Burkinabè rapatriés de la Guinée Equatoriale. Malgré tout, poursuit-il, ils n’entendent pas abandonner encore moins retourner au pays.

Pourtant, souligne le président des ressortissants burkinabè au Bénin, leur rapatriement entrave beaucoup le consulat qui prend en charge les dépenses remboursable par l’Etat. A l’époque, a-t-il dit, le problème a été soumis à l’ex Premier ministre Alain Yoda, mais rien n’a été fait. En plus d’être victimes d’escroquerie des démarcheurs nigérians et de leurs propres frères burkinabè, ils ne partiront qu’en pirogue en lieu et place de l’avion après une période d’attente de 3 à 6 mois pour l’établissement de faux visas. L’on ne peut chiffrer le nombre de burkinabè noyés dans la mer. C’est pourquoi, il estime qu’il faut une vraie sensibilisation des jeunes burkinabè qui portent leur espoir sur d’autres pays.

Car, si l’on peut économiser 1,5 million de F CFA pour aller en Centrafrique, c’est dire qu’on peut bien rester au pays pour l’investir dans un quelconque domaine. En outre et à titre d’exemple, en cette matinée du lundi 22 août, un groupe de 35 personnes présents au consulat attendaient de partir dans leur Eldorado. Un véritable problème qu’il faudra réellement prendre au sérieux.
Se conformer pour être béninois

S’installer au Bénin, de l’avis du président Alassane Ouédraogo n’est pas chose facile, mais des burkinabè ne l’ont toujours pas compris. De nombreux burkinabè sont au Benin depuis plus de 15 ans mais ne sont pas à jour des procédures judiciaires ou administratives afin d’être considérés comme des Béninois. Le consulat n’est pourtant pas en mesure d’établir de documents administratifs béninois si ce ne sont les légalisations. Il faut noter qu’un seul burkinabè est incarcéré à Cotonou pour des raisons d’escroquerie et quelques uns à Parakou.

Bassératou KINDO

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