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Démonétisation : Discorde entre les opérateurs économiques et la BCEAO

Publié le jeudi 7 octobre 2004 à 09h51min

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Une semaine après une première rencontre, le gouvernement , la BCEAO et les opérateurs économiques se sont retrouvés à la Chambre de commerce le mardi 5 août 2004. Au menu des débats les difficultés nées de l’opération de démonétisation entreprise depuis la mi-septembre 2004.

La rencontre du mardi dernier s’est voulue une réponse des représentants du gouvernement Seydou Bouda de l’Economie et Benoît Ouattara du Commerce aux opérateurs économiques.

Et cela à la suite de l’entretien qu’ils ont eu avec le Premier ministre Paramanga Ernest Yonli. "Les opérations de démonétisation se suivent mais ne se ressemblent pas", a fait remarquer le ministre Bouda. Les difficultés relevées par les commerçants à la rencontre précédente étaient perceptibles lors des opérations de dépôts, de transferts de fonds et de transactions dans les yaars. Une situation peu confortable due, selon Seydou Bouda, aux fossoyeurs et aux attaques perpétrées sur les agences de la BCEAO en Côte d’Ivoire.

Avec le partenariat financier entre les deux pays, il est normal que les billets ivoiriens étiquetés "A" entrent à 50% sur le territoire burkinabè.

Le Directeur national de la BCEAO M. Célestin Zallé absent à la rencontre du 28 septembre a tenu à s’expliquer. Il a tout d’abord présenté ses excuses aux opérateurs économiques pour les désagréments engendrés par cette opération de démonétisation.

La BCEAO s’explique

Tout comme M. Bouda, il est revenu sur la complexité de l’opération au Burkina.

Il soutient que le Conseil des ministres de l’UEMOA a demandé à la BCEAO de déceler le recyclage des billets suspects afin d’éviter une éventuelle inflation. C’est l’explication, selon lui, des contrôles effectués dans les institutions bancaires de la place. "Nous avons diffusé le numéro des billets concernés dans les institutions d’échanges, malheureusement ces numéros destinés aux seuls spécialistes, sont tombés dans les mains de la population, suscitant la psychose", a justifié M. Zallé.

Pour le cas des transferts, affirme-t-il, il appartient aux opérateurs de se justifier. La "Réglementation d’échanges" mise en place, n’autorise que les transferts qui répondent à un besoin intérieur du pays.

L’objectif étant de diminuer les placements à l’extérieur pour alimenter les Banques étrangères.

"Toutes ces mesures visent à termes la protection de nos économies", a—il relevé .

Cependant, M. Célestin Zallé reconnaît que "la manière a manqué" et qu’il y a eu un déficit de communication". Le chef du gouvernement qui a interpellé la Banque centrale sur la question est également de cet avis. Des instructions portant sur le renforcement des campagnes de communication, la rencontre avec les banques , le Trésor, la Poste en vue d’éviter les désagréments, ont été données. Dans cette optique le directeur national dit avoir mis en place dans les agences de la BCEAO Ouaga et Bobo, des cellules de veille pour informer et écouter les clients. En plus, des équipes mobiles sillonnent le pays pour informer et sensibiliser a-t-il ajouté. Il poursuit que la BCEAO a saisi la police judiciaire et son conseil pour que tous les cas pendants puissent être examinés dans les meilleurs délais.

Oui mais...

Ces déclarations de la BCEAO n’ont pas rassuré les opérateurs économiques. Par la voix du vice-président de la Chambre de commerce M. Laciné Diawara, ils sont revenus à la charge. M. Diawara a rappelé que les commerçants sont des opportunistes qui vont là où ils peuvent faire de bonnes affaires, en Côte d’Ivoire par exemple. Il est tout à fait légitime qu’ils aient des billets de la série "A".

Il a en outre regretté une fois de plus la présence de gendarmes et d’huissiers dans les banques. Peut-être qu’il faut plus de discrétion, a-t-il souhaité. Au niveau des transferts, les problèmes subsistent. L’impression des opérateurs reste que "la BCEAO a perdu d’importantes sommes d’argent et elle veut coûte que coûte les rattraper sur les hommes d’affaires". Elle aurait dû s’y prendre tôt, estiment certains. Des mesures exceptionnelles ont été demandées par les opérateurs pour leur permettre de se préparer convenablement pour le Sommet de la Francophonie de novembre prochain.

Alassane KARAMA
Sidwaya

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