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Léontine Lompo, coordinatrice technique nationale du programme qualité UEMOA : « Nous avons contribué à l’expertise nationale par la formation de plus de 200 spécialistes »

Publié le lundi 22 août 2011 à 02h37min

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Mise en œuvre depuis 2002 au Burkina et dans d’autres pays ouest-africains, il constitue l’une des importantes trouvailles de l’Union économique et monétaire ouest-africaine pour accompagner ses Etats membres sur la voie de la compétitivité, plus que nécessaire dans un monde de globalisation des échanges. Il s’agit du programme qualité UEMOA. A quelques mois de sa fin, la coordinatrice technique nationale, Léontine Lompo, aborde, dans l’entretien que nous lui avons accordé, les acquis et les perspectives dudit programme qui, à l’en croire, a permis de doter l’espace communautaire de structures fonctionnelles en matière de normes de produits et services, de renforcer les capacités des animateurs, et de sensibiliser de nombreux acteurs socioéconomiques sur la problématique de la qualité.

Lefaso.net : Présentez-nous, brièvement, le programme dont vous êtes la coordinatrice au niveau national ?

Léontine Lompo : Le programme qualité UEMOA, en fait, n’est qu’une composante d’un programme plus élargi au niveau régional, c’est-à-dire l’Afrique de l’Ouest, dénommé « Appui à la compétitivité et à l’harmonisation des normes SPS (Sanitaires et phytosanitaires) et OTC (Obstacles techniques au commerce) ». Le programme traduit la volonté des Etats membres de l’Union de promouvoir le développement régional, dans le cadre de la mise en œuvre de la Politique industrielle commune (PIC). La mise en œuvre a été possible grâce à l’appui des partenaires comme l’Union européenne et l’Organisation des nations unies pour le développement industriel (ONUDI). Le programme vise une meilleure intégration des Etats et une plus grande participation des Etats membres au commerce régional et international.

Quels sont les enjeux de la qualité pour un pays comme le Burkina ?

Les enjeux de la qualité sont très importants pour un pays comme le nôtre qui veut participer à l’économie régionale et mondiale. Pour ce faire, il est donc primordial qu’un accent soit mis sur la qualité des produits et services pour plus de compétitivité sur le marché régional et international. Parce que quand un produit est certifié, il supporte mieux la concurrence et est facilement exportable.

Peut-on savoir les domaines d’intervention du programme ?

Le programme intervient dans trois domaines. Nous avons d’abord l’appui direct aux entreprises pour les aider à réaliser des services et produits conformes aux normes internationales en vigueur. Ensuite, il y a le soutien aux structures nationales et régionales de la promotion de la qualité. Enfin, nous avons l’appui à la qualité elle-même.

Que doit-on comprendre au juste par qualité ?

Lorsque nous parlons de qualité, il faut surtout voir des normes à respecter dans la réalisation des produits et services pour que ceux-ci soient compétitifs par rapport à un certain nombre de paramètres, notamment de sécurité pour le consommateur ou la nature. Quand on prend des denrées alimentaires comme l’eau ou l’huile, il existe des critères internationalement reconnus auxquels elles doivent répondre dans leur composition pour qu’elles puissent être sainement consommées, sans risques sanitaires pour les consommateurs. Et lorsqu’on parle d’huiles frelatées ou d’eau non potable, c’est que les normes ou standards internationaux en la matière ne sont pas du tout respectés dans ces cas.

Le programme touche à sa fin. A ce jour, quels résultats peut-on, globalement, retenir de sa mise en œuvre au niveau national ?

En ce qui concerne l’appui direct, nous avons accompagné et continuons d’accompagner un certain nombre d’entreprises à la démarche qualité en vue de leur certification au système ISO9001, ISO22000, ou au système de traçabilité. Présentement, nous appuyons cinq entreprises dans la certification ISO9001, version 2008. Une de ces entreprises a reçu sa certification à l’ISO9001 depuis le mois de juillet. Nous accompagnons cinq autres entreprises au système de management et de sécurité de denrées alimentaires. Ces structures sont actuellement en phase d’audit à blanc et seront bientôt certifiées. Toujours dans le soutien direct aux entreprises, nous accompagnons l’organisation de formations, de séminaires d’information et de sensibilisation des entreprises sur les différentes normes.

Concernant les acquis en matière le soutien aux structures nationales et régionales de la promotion de la qualité, nous avons appuyé et continuons d’appuyer des laboratoires d’analyse, d’essai et d’étalonnage en vue de l’accréditation à la norme ISO17025. Nous avons accompagné précisément trois laboratoires dont le Laboratoire du département de technologies alimentaires et le Laboratoire national de santé publique. De même, nous appuyons les organismes nationaux d’inspection à travers notamment le renforcement des capacités des inspecteurs et contrôleurs phytosanitaires sur les méthodes d’inspection, les techniques d’échantillonnage et la traçabilité ; la dotation de trois structures d’inspection en matériel d’inspection et la formation des inspecteurs et contrôleurs phytosanitaires sur l’utilisation des équipements reçus ; l’accompagnement à l’harmonisation des systèmes documentaires de la direction de la protection des végétaux et de la direction des services vétérinaires, conformément à la réglementation internationale notamment la norme ISO 17020.

En outre, nous soutenons les organismes de normalisation et de certification par l’appui à la formation en normalisation et participation aux activités internationales de normalisation ; l’adoption de normes régionales et fourniture de normes internationales ; par le renforcement des capacités nationales et régionales en matière de certification des produits.

Bon an mal an, en matière de constitution d’expertise nationale, nous avons contribué à former plus de 200 personnes, essentiellement des consultants et auditeurs capables d’accompagner les entreprises, les laboratoires et les services à la démarche qualité.

Pour ce qui concerne le volet appui à la qualité, nous avons également contribué à beaucoup de choses. Nous avons appuyé l’élaboration d’une politique nationale qualité ; l’organisation des journées nationales qualité ; l’étude sur l’état des lieux de la mise en œuvre des critères et référentiels harmonisés des prix nationaux de la qualité adoptés lors de la première édition du Prix UEMOA de la qualité. En outre, nous avons contribué à l’organisation en 2010 de la deuxième édition du Prix burkinabè de la qualité en vue de la participation au Prix UEMOA de la qualité et nous avons appuyé la participation du Burkina au prix UEMOA de la Qualité 2010. Bref, le programme a contribué à plusieurs choses sur la question de la qualité au Burkina.

En tout cas, avec l’engagement des uns et des autres, les choses ont démarré. Les gens sont initiés à la qualité, des entreprises sont certifiées. Et très bientôt, des laboratoires seront accrédités à la norme 17025. Ce qui est très important pour notre pays, en ce sens que cela permettra d’attester sur le plan international de la bonne qualité des produits du Burkina Faso ; et donc contribuer à booster les exportations du Burkina.

Vous semblez satisfaite des réalisations du programme, à vous entendre. Doit-on alors conclure que ces résultats sont suffisants pour pérenniser la démarche qualité dans le pays ?

Certes, nos réalisations sont significatives. L’infrastructure nationale qualité est en cours de mise en œuvre actuellement. Mais, quand le programme commençait, les gens ne savaient pas ce que c’est que la qualité lorsqu’on leur en parlait. Aujourd’hui, on voit qu’il y a de plus en plus la culture qualité au sein des entreprises burkinabè. Toutefois, nous ne pouvons pas pour autant affirmer que la pérennisation de la démarché qualité est assurée. Des chefs d’entreprises burkinabè connaissent maintenant la qualité, mais les principes de la qualité ne sont pas toujours mis en pratique dans les organisations. Il y a toujours un travail de sensibilisation à faire.

Certains n’hésitent pas à invoquer le coût pour ne pas faire la qualité. La qualité est peut-être coûteuse, mais c’est un investissement nécessaire si l’on veut être compétitif. Par ailleurs, la qualité par définition étant un processus d’amélioration continu, il y a donc, toujours lieu pour les acteurs déjà initiés de poursuivre les efforts et d’être de bons exemples pour les autres acteurs encore à la traîne. Dans la perspective de la pérennisation des acquis, il importe pour les structures déjà engagées de poursuivre l’amélioration de l’infrastructure de la qualité, surtout dans le contexte actuel marqué, par le renforcement progressif de l’intégration régionale et de la globalisation croissante des économies et des opérateurs économiques ouest-africains sur le marché international. Agir dans ce sens, c’est créer les conditions durables d’une compétitivité globale de l’appareil productif du Burkina Faso dans le commerce régional et mondial.

Propos recueillis par Grégoire B. BAZIE

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