LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Métier de plastification : Le nouveau visage d’une vieille pratique

Publié le vendredi 19 août 2011 à 01h54min

PARTAGER :                          

Traditionnellement réservée aux documents papiers, la plastification a, depuis un certain temps, étendu son champ d’action à d’autres objets parmi lesquels les téléphones portables et de plus en plus les motocycles. L’activité se pratique de façon ambulante ou en lieu fixe autour de kiosques ou de tables. Halte sur une pratique qui a le vent en poupe mais peu connue.

Saïdou Sawadogo vit d’un métier quelque peu original. Il s’agit de la plastification des motos. Son métier, il l’exerce au bord de la rue Sœur Martine Toé, installé en face d’une boutique de vente de motos au cœur de la capitale. Ce jour 27 juillet 2011, penché sur le côté, la sueur perlant sur le front et l’attention toute captivée, il s’attelle aux dernières touches sur une moto. L’opération consiste à revêtir entièrement ou partiellement la moto avec du plastique collant. Pour ce faire, Saïdou a juste besoin d’une table pour déposer le plastique, une paire de ciseaux pour la coupure, un briquet pour arrondir les angles, une lame pour la touche finale et le tour est joué.

Le choix de l’emplacement de ce qu’il convient d’appeler "son bureau" n’est donc pas fortuit. « En accord avec le patron des lieux, je propose mes services à ceux qui viennent acheter des motos à cet endroit », explique-t-il.

Le coût de ses prestations varie de 1 500F CFA à 3 000F CFA et Saïdou plastifie en moyenne deux à trois motos par jour. « Je fais actuellement entre deux et trois motos par jour mais avec la sortie des élèves fonctionnaires j’espère en avoir plus. Le jour que ça marche, je peux empocher 5 000F ou 10 000F CFA », confie-t-il. Pour la petite histoire, c’est à la suite d’une rencontre avec un calligraphe à Bobo Dioulasso en 1997 que Saïdou aurait appris le métier. Il ne travaillait à l’époque que sur des documents papiers (CIB, passeport, permis de conduire, etc.).Son coup d’essai a été un coup de maître. « La première fois fut sur une moto de marque NINJA, le travail a beaucoup plu au client, ce qui m’a encouragé à me lancer dans cette activité », raconte-t-il. En dehors de Saïdou qui est âgé de 38 ans, les plasticiens, qu’ils soient fixes ou ambulants, sont majoritairement jeunes.

Ils travaillent généralement de 8h à 18h pour la plupart et sont toujours disposés à vous plastifier téléphones portables, motos, ordinateurs, documents, papiers, bref, tout ce qui peut l’être pourvu que vous vous accordiez sur la contrepartie financière liée au service.
Contrairement à Saïdou qui a plusieurs années d’expérience en la matière et installé à son propre compte, le jeune Alassane travaille avec un patron. Agé de 21 ans, il est installé à proximité du commissariat central de police. Cela fait deux ans qu’il exerce ce métier. Il tenait une boutique dans un quartier de la périphérie mais depuis que son commerce a commencé à battre de l’aile, il a préféré changer son fusil d’épaule.

Il a ainsi appris auprès de plus expérimenté que lui, à plastifier de main de maître, des objets de tout genre. En plus des motos, Alassane et son patron plastifient également des téléphones portables et des ordinateurs. L’affluence est grande en ce matin du 27 juillet autour de leur table de service. « Nous plastifions cinq à six motos par jour et un nombre important d’autres objets », fait savoir Alassane.

Les raisons d’un tel engouement

Sur conseils de ses amis et de son commerçant, Alassane Semdé est venu faire plastifier sa moto nouvellement acquise. Pour lui, comme pour plusieurs autres clients rencontrés sur place, la plastification est utile et très importante. « J’ai donné ma moto pour plastification parce que généralement après un an ou deux on constate des rayures à différents endroits sur l’engin. Egalement la couleur de la moto change. Ceci est dû à l’eau et surtout au savon en poudre que l’on utilise pour le lavage », explique M. Semdé. Appréciant le coût de la prestation, il ajoute : « je trouve que le prix est abordable ».
Un avis que ne partage pas François Kamboulé, un autre client. François dit avoir payé 2 500 F CFA pour sa moto. Il reconnaît la bonne qualité du travail effectué sur son engin, mais estime que c’est cher payé.

En ce qui concerne Yacouba Diasso, admirant son téléphone portable plastifié à 300F CFA, il importe de relativiser. Selon lui, « 300F CFA c’est beaucoup mais compte tenu du plastique et de la main d’œuvre je crois que c’est abordable parce qu’avec cette couverture si la pluie te bat il n’y a pas trop de souci à se faire pour son appareil ».

Des obstacles mais aussi de l’espoir

Si du côté des nombreux clients la satisfaction semble être le sentiment le mieux partagé, tout n’est cependant pas rose pour les praticiens. Comme dans toute activité humaine, les difficultés ne manquent pas. A les écouter, le gros de leurs problèmes serait lié au manque d’organisation du secteur. En effet, en l’absence de structures qui réuniraient les acteurs autour d’intérêts communs, c’est le « chacun pour soi » qui prend le dessus. Dans cette gymnastique, certains ne manquent pas de piétiner les intérêts des autres. L’accroissement de leur nombre en général et celui des prestataires ambulants en particulier, contribue à réduire considérablement la marge de gain de certains acteurs qui font du « sur place ».

C’est le cas de Issa Ouédraogo dit "éléphant",patron de "Faso plastification" situé en face du commissariat central de police. Issa est âgé de 40 ans et emploie cinq personnes avec lesquelles il partage la recette journalière. A ce problème de recettes qui s’amenuisent s’ajoute celui engendré par l’avènement de la Carte nationale d’Identité burkinabè (CNIB). Selon Issa, ceci constitue une source de revenus en moins quand on sait que la CNIB n’a pas besoin d’être plastifiée. Qu’à cela ne tienne, il ne désespère pas pour autant car en 15 ans de métier il aura appris que dans ce domaine lorsqu’une porte se ferme il y’en a une autre qui s’ouvre.

Voro KORAHIRE (Stagiaire)

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Burkina : Une économie en hausse en février 2024 (Rapport)