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Antoine Ouédraogo, Haut-commissaire de la Kossi : « …entre 2007 et 2010, la province a enregistré plus de 500 enfants victimes de traite »

Publié le jeudi 18 août 2011 à 01h34min

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De par sa position frontalière, la province de la Kossi est une localité où la traite des enfants est très développée. Conscient de la situation, le haut-commissaire a initié un mois de l’enfant pour interpeller l’ensemble des populations. Il nous parle ici du mois de l’enfant ainsi que des projets engagés pour une cohabitation paisible avec les populations frontalières.

Pouvez-vous, présenter à nos lecteurs la province de la Kossi ?

De façon brève, la province de la Kossi a vu le jour à la faveur de l’ordonnance N° 84/055/CNR/Presse du 15 août 1984, portant découpage du territoire national en 30 provinces et en 250 départements. La province est limitée au Nord et l’Ouest par la république du Mali. Au Sud par la province des Banwa et à l’Est par les provinces du Mouhoun et du Sourou. Elle couvre une superficie de 7 484 km2, ce qui représente 21% du territoire régional, ce qui veut dire que c’est la province la plus vaste de la Boucle du Mouhoun. Au terme du recensement de la population et de l’habitat de 2006, la province compte 274 233 habitants et réparti dans 10 communes.

Depuis quelle année vous présidez aux destinées de cette province et quelles sont les chantiers sur lesquels vous avez été le plus sollicités par vos administrés ?

Je suis à la tête de cette province depuis le 4 novembre 2009, ce qui fait à peu près 20 mois que je préside aux destinées de cette province. Il faut dire que la province de la Kossi est une localité calme. Même lors de la crise qui a secoué notre pays, notre province est restée calme. Parce que les manifestations qui ont été enregistrées, ont été pacifiques. Même aucune branche d’un arbre n’a été dérangée dans la province durant cette manifestation là. Nous avons une population dont le sens élevé de responsabilité est très grand. En ce qui concerne les chantiers, avec la république sœur du Mali, nous avons un projet qui est la gestion des ressources transfrontalières entre la province de la Kossi et le cercle de Tominion au Mali.

Avec cette circonscription étrangère voisine, nous sommes en train de mener des activités qui entrent dans le cadre d’une gestion paisible et durable des ressources transfrontalières. Dans ce projet, il y a la réalisation d’un hôpital, un centre de santé transfrontalier qui est en train de s’effectuer en territoire burkinabè. Suite aux affrontements sanglants qui ont opposé des populations voisines de Wanion au Mali et de Warakuy au Burkina Faso. C’est donc pour raffermir la cohabitation paisible entre les deux parties que ce projet a été initié.

Monsieur le haut-commissaire, vous avez certes présenté la province de la Kossi à nos lecteurs. Pouvez-vous nous parler des potentialités économiques et culturelles de la Kossi ?

En termes de potentialités économiques, il faut dire que la province regorge des richesses à ce niveau. Quand vous suivez l’actualité de cette province, chaque année, il y a des foires qui sont organisées. Il y a la foire du sésame qui se tient à Bomborokuy et c’est une initiative de l’association pour le développement dudit village. Il y a également la foire du sésame qui se tient chaque année à Nouna. Il y a également la foire du mil qui se tient dans le département de Djibasso. En termes de potentialités culturelles, il y a le festival hippique et culturel de Barani (FECHIBA), qui est à sa 10ème édition si je ne m’abuse. Ces différentes manifestations témoignent vraiment de la richesse économique et culturelle de la province.

Parlons d’autres choses maintenant. Pourquoi avoir lancé un mois de l’enfant dans votre province ?

Effectivement, le 4 août 2011, le mois de l’enfant a été lancé pour la première fois dans la province. A titre de rappel selon le rapport intitulé la situation des enfants en 2008, il est demandé au gouvernement, à la société civile, aux partenaires et aux autres donateurs de s’investir en faveur de la survie des enfants et de travailler pour l’atteinte des objectifs du millénaire (OMD) et plus particulièrement ceux relatifs à l’éducation et à la santé. Vous comprenez que cette question est d’actualité surtout pour notre pays qui a connu des mouvements qui ont mis en péril la paix. Vous conviendrez avec moi que dans un tel contexte, les enfants sont les plus exposés, ils payent le plus lourd tribut et c’est toute chose qui nous interpelle quant à la promotion et à la protection des droits des enfants.

Quand je prends l’exemple de la province de la Kossi sur le plan de l’éducation, en 2009-2010, la province a enregistré 42% de succès de filles au certificat d’études primaires contre 52% pour les garçons. Au cours de la même année, le taux brut de scolarisation était de 60% pour les filles et 63% pour les garçons. Cette année la province a enregistré 64% de succès au certificat, avec 54% pour les filles, 72% pour les garçons. Quand je prends le cas de la lutte contre la traite des enfants, entre 2007 et 2010, la province de la Kossi a enregistré plus de 500 enfants victimes de traite. Du fait de notre position à la frontière, la province s’est très tôt orientée vers le Mali et je précise que nous partageons 150 km de frontière avec les cercles de Tominion et de Bankassi au Mali.

Les nombreux fléaux sociaux relatifs aux enfants, je parle des enfants qui sont sans actes de naissance, les cas d’enfants abandonnés, les cas de refus de paternité, les cas de mariage forcé…font que les enfants doivent être au centre de notre combat. Je précise que le taux de malnutrition dans notre province tourne autour de 4%. Toutes ces statiques montrent que les enfants souffrent de problèmes de santé, de sous alimentation, de manque de scolarité, du trafic voire des violences faites aux enfants. Ce qui constitue un blocage à leur épanouissement et à la jouissance de leurs droits fondamentaux reconnus. C’est pourquoi, la province de la Kossi en partenariat avec l’UNICEF a organisé le mois de l’enfant, dont l’objectif est d’obtenir l’engagement des leaders d’opinion et les autorités politiques, administratives et coutumières en faveur de l’épanouissement des enfants.

Vos collègues du Mali sont-ils impliqués dans les activités prévues au cours du mois de l’enfant ?

Mes collègues du Mali à proprement dits ne sont pas impliqués. Mais lors d’un entretien que j’ai eu avec mon frère et ami du Mali du cercle de Tominion, je lui ai dit que mon souhait est de pouvoir fédérer nos efforts afin d’atteindre les objectifs recherchés par ce projet. Je lui ai parlé du mois de l’enfant et les objectifs recherchés. Il m’a fait savoir que ce mois est la bienvenue et qu’il allait travailler à son niveau pour qu’ensemble les deux parties puissent en profiter. Car beaucoup d’enfants ont été victimes de traite et convoyés vers ce pays frère et il est arrivé des moments que nous avons uni nos efforts pour faire revenir du Mali des enfants victimes et vice-versa.

Quelles sont les activités prévues au cours du mois de l’enfant ?

Les activités prévues sont essentiellement celles de plaidoyer. Il s’agit à la faveur des cérémonies de lancement et de clôture, de sensibiliser les populations, les décideurs politiques, les ONG, les autorités religieuse et coutumières, etc. sur la promotion et la protection des droits des enfants dans notre province. Ces activités de plaidoyer consistent par ailleurs à des conférences débats dont le thème est, « quelle stratégie de lutte contre la traite et pure forme de travail des enfants ». La présentation de ce premier thème sera faite par le directeur provincial de l’action sociale et de la solidarité nationale. Un autre thème est « éducation des enfants et paix » qui sera présenté par le direction provinciale de l’Education nationale et de l’Alphabétisation, il y a un autre thème qui traitera de l’impacte de la malnutrition sur la santé des enfants.

Ce thème sera traité par le district sanitaire de Nouna. Il y aura également des jeux radiophoniques pour faire mieux connaître les droits des enfants.

Quel appel pour clore cet entretien ?

A l’endroit de mes administrés, je voudrais réitérer l’appel que j’ai lancé lors de la cérémonie du lancement du mois qui consiste à les inviter à vraiment s’intéresser à protéger les droits des enfants. C’est comme je l’ai déjà dit il faut que l’ensemble de la population s’intéresse à la protection des droits des enfants. A nos frères maliens, je vais les informer du démarrage des activités entrant dans le cadre du mois de l’enfant. Je profite de l’occasion souhaiter un bon mois de carême aux musulmans de la province et souhaiter une bonne campagne agricole dans la province de la Kossi.

Interview réalisée par Souro DAO

L’Express du Faso

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