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Santé animale : La peste porcine africaine dans nos murs ?

Publié le jeudi 7 octobre 2004 à 10h00min

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Dans notre édition du 22 septembre 2004, Kantigui annonçait dans la rubrique "on murmure", sur la base d’informations reçues, qu’une maladie mystérieuse décimait les porcs dans la ville de Ouagadougou et ses environs. Kantigui avait également promis que Sidwaya suivrait de près l’évolution de la situation.

La situation est devenue alarmante et inquiète les autorités en charge de la santé animale et naturellement les éleveurs et les consommateurs.

La peste porcine africaine (PPA) serait-elle en train de sévir à Ouagadougou ? La question mérite d’être posée au regard de la très forte mortalité de cette espèce animale constatée ces derniers temps dans la capitale et ses environs. Depuis le 24 août 2004, date à laquelle les responsables de la santé animale ont été alertés 429 cas de mortalité ont été enregistrés.

Ces chiffres concernent le département de Saaba qui enregistre à lui seul 224 cas, les arrondissements de Nongremassom dans la ville de Ouagadougou avec 80 cas, Boulmiougou avec 33 cas, Bogodogo avec 85 cas et Baskuy avec 7 cas. Mais la réalité serait tout autre selon le directeur de la santé animale, le docteur Mamadou Paré que nous avons rencontré avec celui du laboratoire national d’élevage, le docteur Godéfroy Poda. "Ces cas nous ont été notifiés par des éleveurs mais il y a beaucoup d’entre eux qui ne nous font pas cas des pertes qu’ils subissent du fait de cette maladie. Nous sommes sûrs que ces données seraient largement supérieures si tous les éleveurs venaient déclarer les cas de mortalité...", souligne le docteur Paré.

Ouagadougou semble touché

Toute la ville de Ouagadougou semble être touchée par cette maladie mystérieuse qui frappe uniquement les porcs ? Nous disons "mystérieuseé", car jusque-là les autorités en charge de la santé animale n’ont pas encore identifié l’agent causal. "Nous suspectons la peste porcine africaine considérée au Burkina comme une des maladies prioritaires", affirme le docteur Paré. Cette suspicion serait fondée, à en croire celui-ci, en raison des signes observés qui s’apparentent à ceux de la poste porcine africaine et en raison également de la présence de la maladie à nos frontières, notamment au Ghana, au Togo et au Bénin.

Des prélèvements ont été effectués et expédiés à Abidjan en Côte d’Ivoire pour analyses dans un laboratoire équipé pour faire le diagnostic de la PPA, afin de confirmer ces soupçons. Les résultats des analyses se sont révélés négatifs. Mais en dépit de ces résultats négatifs (les résultats complets ont été reçus le 15 septembre 2004), les autorités sanitaires animales concentrent leurs efforts pour comprendre et identifier la ou les causes de cette maladie.

"Les conclusions que nous tirons de nos observations sur le terrain sont que la suspicion sur la peste porcine africaine reste très forte. Nous avons entrepris des démarches auprès d’un autre laboratoire de référence dans le monde, notamment en Afrique du Sud. Des prélèvement vont y être envoyés également pour analyses. Mais en attendant des éléments de réponse, la gravité de la situation nous commande une réaction urgente...", reconnait le docteur Paré.

Des mesures pour contrôler la maladie

Pour faire face à la situaton afin que la maladie ne se propage sur tout le territoire, les autorités de la santé animale ont convoqué le week end écoulé, une rencontre avec les éleveurs, cela en vue d’échanger sur une meilleure gestion de la crise.

La peste porcine africaine est une maladie très contagieuse. Elle peut entraîner 100 % de mortalité dans un élevage. Le virus vecteur du mal est très résistant dans les conditions normales. Il peut être transmis par les porcs vivants, les produits venant de ces porcs ou par le matériel et les équipements ayant été en contact avec des animaux malades. La ferme Abessou par exemple, une ferme moderne dans l’arrondissement de Boulmiougou, aurait été touchée par la maladie du fait que les responsables de la ferme ont sollicité, pour le transport d’aliments, un véhicule qui avait transporté des animaux malades.

A l’heure actuelle aucun traitement curatif, ni préventif n’existe. Les seuls moyens de contrôle de la maladie demeurent l’application et le respect des mesures de police sanitaire.

Au cours de la rencontre avec les éleveurs le samedi 2 octobre dernier, il leur a été fortement recommandé un certain nombre de mesures. Il leur est notamment interdit tout mouvement de porcins et de produits de Ouagadougou vers l’extérieur et vice-versa. Il leur est également recommandé l’isolement de tout porc présentant des signes de la maladie. Les visites sont interdites et il est indispensable d’avoir une solution à 1 % de Grésyl (deux cuillerées à soupe pour un litre d’eau) et son utilisation par tout intervenant pour la désinfection des mains et des pieds. En outre, les services d’élevage doivent être informés des manifestations pathologiques et des pertes éventuelles.

Des porcs malades mis à la consommation

Cette dernière mesure ne sera certainement pas appliquée à la lettre par nos éleveurs ; pas par certains d’entre eux en tout cas. Il nous est en efffet revenu au cours de nos investigations sur le terrain, que bon nombre d’éleveurs s’empressent de "liquider", et à vil prix, leurs bêtes à des vendeurs de porc au four dès qu’ils constatent que celles-ci commencent à se porter mal. Des cadavres de porcs auraient même été livrés à ces vendeurs de porc au four. Quelle cupidité ! La peste porcine africaine n’est pas, selon le docteur Paré, transmissible à l’homme, mais tout de même.

Les services d’élevage récupèrent les cadavres, s’ils sont informés pour les brûler. C’est ainsi que dans la journée du lundi 4 octobre, la direction provinciale des ressources animales du Kadiogo a effectué une sortie dans l’arrondissement du Boulmiougou pour récupérer des carcasses de porcs dans la ferme Abessou, afin de les incinérer à l’abattoir frigorifique de Ouagadougou. Les responsables de la ferme avaient déjà fait enterrer une partie des bêtes mortes. "Il faut éviter que les éleveurs ne jettent les cadavres dans la nature", a expliqué le directeur provincial, Philippe Herman Toé.

La ferme "Abessou" a presque tout perdu. Sur une population de 156 têtes, près de la moitié des porcs sont morts. "Il nous reste 82 porcelets. Les adultes (dont les reproducteurs) sont tous morts. Nous sommes convaincus que même les porcelets sont des porteurs sains...", nous confie, dépité, Alain Zongo, responsable de la ferme. Ils sont nombreux, les éleveurs comme Alain Zongo, à Ouagadougou, à avoir tout ou presque tout perdu.

En attendant que les résultats des analyses du laboratoire viennent confirmer ou infirmer la maladie suspectée, le respect des mesures prescrites demeure la seule possibilité de contrôler la maladie.

Etienne NASSA (nassa-parate@yahoo.fr)


Quelques signes manifestes de la PPA

La peste porcine africaine (PPA) se manifeste chez le porc atteint par plusieurs signes. Ces signes sont par exemple, la fièvre (40,5°C - 42°C), l’anorexie (manque d’appétit), une rougeur cutanée sur certaines parties du corps, notamment l’extrémité des oreilles, de la queue, la face ventrale du thorax et de l’abdomen. On peut constater également chez l’animal, une augmentation du pouls et de la fréquence respiratoire, des vomissements, de la diarrhée accompagnés souvent de sang, des écoulements occulaires peuvent aussi survenir. L’avortement est possible chez les femelles gravides. La mortalité est souvent proche de 100 % chez les porcs domestiques et elle survient dans les 6 à 13 jours qui suivent, au maximum dans les 20 jours. Les survivant sont porteurs du virus à vie.

La PPA se manifeste sous plusieurs formes. Les quelques signes énumérés ci-dessus sont ceux de sa forme aïgue dont le virus est hautement virulent.

E.N.
Source document DSA

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