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ACCES A L’ENERGIE MECANIQUE AU BURKINA : Quels enjeux ?

Publié le mercredi 17 août 2011 à 02h18min

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L’auteur des lignes ci-dessus pose la problématique de l’accès à l’énergie mécanique au Bukina. Lisez plutôt pour en savoir davantage.
L’Homme transforme l’énergie produite par la nature en énergie directement utilisable (électricité, chaleur, combustible). Elles (énergies) sont inépuisables, mais leur développement se heurte toutefois à certains facteurs. Exploitées depuis l’antiquité et longtemps délaissées, les énergies renouvelables pourraient garantir une part plus importante de nos besoins. Le soleil est la principale source des différentes formes d’énergies renouvelables utilisables directement ou indirectement.

Les combustibles ne sont pas des énergies renouvelables et sont consommés à une vitesse bien supérieure à la vitesse à laquelle ils sont naturellement créés ou rendus disponibles. L’énergie solaire thermique peut être utilisée pour éclairer et chauffer les locaux ou de l’eau (panneaux solaires chauffants et chauffe-eau-solaire), mais aussi pour la cuisine. La cuisine solaire consiste à préparer des mets à l’aide d’un cuiseur ou d’un four solaire. La civilisation moderne est très dépendante de l’énergie et spécialement des énergies non renouvelables qui s’épuiseront tôt ou tard. Passer donc d’une ressource actuellement non renouvelable à une ressource renouvelable suscite des espoirs.

L’énergie renouvelable a un rôle central dans les trois dimensions du développement durable : la dimension sociale (lutte contre la pauvreté), la dimension économique (sécurité d’approvisionnement) et la dimension environnementale (protection de l’environnement). Au Burkina Faso, près de 80% de la population vit en milieu rural. 46,4% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté absolu estimé à 82 672 F CFA par an et par adulte (moins d’un dollar par jour). Les habitants en zone rurale sont privés d’accès à l’électricité et aux services énergétiques modernes. Les besoins en énergie sont couverts par les combustibles traditionnels dont le bois constitue l’essentiel (environ 85%) ; les produits pétroliers faiblement utilisés et l’électricité qui ne couvre qu’une frange infime de la population. Les principaux combustibles utilisés au Burkina sont :
- Le bois et le charbon de bois fournis par les forêts dont l’exploitation non rationnelle, le plus souvent incontrôlée, conduit à la dégradation végétale ;
- Les résidus agricoles particulièrement utilisés en milieu rural qui pourrait se traduire par une aggravation de la réduction de la fertilité des sols avec comme conséquence la persistance de l’insécurité alimentaire ;
- Les combustibles de substitution comme le pétrole lampant, le gaz butane et, dans une moindre mesure, l’électricité ne sont utilisés que par une frange minime de la population constituée des ménages ayant des revenus relativement élevés. La pauvreté en milieu rural se manifeste par l’insuffisance d’accès aux services de base comme l’eau potable, la santé, l’éducation, etc.

La pauvreté monétaire quant à elle se manifeste par un manque de revenus pour bien se nourrir et se payer des services pouvant libérer du temps et de l’énergie. Les populations rurales ont besoin d’énergie pour la satisfaction des besoins domestiques (cuisson, chauffage, éclairage, …), sociaux (santé, éducation) et commerciaux (mouture, …). Les besoins énergétiques liés à l’usage domestique sont considérés comme les plus importants. Les ménages consacrent un temps et/ou un budget considérable à la satisfaction de ces besoins énergétiques essentiels. Le pays a également d’importants besoins en éclairage et réfrigération, notamment en milieu rural, pour les usages tels que l’équipement des dispensaires, pour la conservation des produits pharmaceutiques, la petite chirurgie et l’éclairage des maternités et d’écoles. Malgré le gisement solaire considérable, cette énergie, renouvelable par excellence, est très peu valorisée. Grâce aux énergies renouvelables, il est possible de réduire les factures d’énergie, de fournir aux populations un meilleur niveau de vie tout en préservant l’environnement.

Les plaques solaires transforment directement le rayonnement solaire en électricité. L’installation photovoltaïque utilise l’énergie solaire qui est gratuite et inépuisable. Elle peut contribuer de manière positive aux développements socio-économiques des populations. Le soleil nous offre gratuitement bien plus d’énergie que nous ne pourrons jamais en finir de consommer. La lutte contre la pauvreté et la préservation de l’environnement contre toutes formes de déforestations et de pollutions constitue un atout pour la promotion de cette énergie qui a des avantages telle l’utilisation des cuiseurs solaires, des fours, des chauffes eaux, des séchoirs, … On parle chaque jour de lutte contre la déforestation, d’utilisation des foyers améliorés ; mais comment lutter concrètement contre la déforestation ? L’utilisation des foyers améliorés est une bonne initiative mais les foyers améliorés utilisent toujours du bois de chauffe provenant de nos forêts.

Certes, la quantité de bois utilisée par ménage est réduite, mais avec la démographie galopante, on reviendra à la case départ. Nous devons rechercher des systèmes et/ou des mécanismes n’utilisant qu’une quantité très réduite ou n’utilisant même pas du bois de chauffe et/ ou du charbon de bois. Avec les cuiseurs solaires, nos mères et nos sœurs, non seulement préserveront leur santé, mais contribueront effectivement et efficacement à la lutte contre la coupe abusive du bois donc à la déforestation. Le développement des zones rurales s’inscrivant dans cette lutte, la prise en compte de l’énergie solaire présente des avantages certains pour l’amélioration du cadre de vie des populations et constitue un facteur de développement qui permettra aux populations d’exercer des activités génératrices de revenus (AGR) tels le commerce, les transformations agro-alimentaires ainsi que des loisirs créant des cadres d’épanouissement des populations surtout jeunes.

Afin de limiter les conséquences de la désertification et de contribuer à l’amélioration des conditions de vie des populations, le pays doit développer l’utilisation de l’énergie solaire photovoltaïque pour améliorer l’accès à l’eau potable des populations du monde rural, améliorer les conditions de santé des populations, fournir de l’électricité pour répondre aux besoins des ménages, des centres communautaires (dispensaires, écoles, centre de formation et d’alphabétisation) et de la petite irrigation, et protéger et restaurer l’environnement. Il est inadmissible que les sages-femmes et autres personnels de santé continuent d’exercer leur métier les nuits avec des torches ou des bougies en ce XXIe siècle dans certains villages, alors que nous disposons gratuitement des rayonnements solaires que nous pouvons exploiter. Un forage équipé de système photovoltaïque (plaque solaire) donne un débit nettement plus important qu’un forage traditionnel et peut alimenter plusieurs points de distribution publics.

Un forage équipé de système photovoltaïque peut donc alimenter tout un village grâce aux points de distribution d’eau. Cela serait un ouf de soulagement pour les femmes qui pourront économiser leurs forces et leur temps. Il est donc temps de doter chaque village de système solaire à même d’éclairer les lieux publics et d’équiper un forage. Notre pays dépense chaque année des milliards de francs pour importer l’électricité aux pays voisins, qui reste toujours insuffisant ou qui ne sert qu’alimenter les grands centres (villes) et quelques petites localités ; les villages étant oubliés et/ ou laissés à leur propre compte. La dépendance du Burkina par rapport aux sources d’énergies importées constitue un frein considérable au développement social et économique.

L’interconnexion électrique avec la Côte d’Ivoire nous semblait une garantie, mais la crise qu’a traversée ce pays frère et voisin montre qu’il est préférable d’être indépendant. A nouveau, nous nous tournons vers un autre pays voisin pour solliciter de l’électricité ; c’est une décision pour satisfaire les besoins actuels en électricité. Espérons que ces pays resteront et demeureront dans une stabilité pacifique aussi longtemps, nous permettant de bien jouir de ce partenariat. Autrement, nous allons revivre des moments de coupure de courant nous empêchant de travailler et d’exercer certaines activités. N’est-il pas temps de se pencher réellement sur une indépendance énergétique ? Le moment n’est il pas venu pour nous d’équiper tous nos villages d’énergie renouvelable ? Quand allons-nous permettre aux populations des villages de bénéficier des nouvelles technologies ?

Ou allons-nous laisser cette tâche à nos enfants ? Je crois que c’est le moment pour nos autorités de faire violence sur elles-mêmes, de prendre leur courage à deux mains et, avec ou sans aides / subventions extérieures, de prendre des décisions concrètes et applicables pour atteindre cette indépendance en énergie mécanique. Les énergies renouvelables sont une source de sécurité dans les domaines économiques, sociaux et environnementaux. Elles diminuent la dépendance aux ressources fossiles, améliorent l’indépendance énergétique et participent à la protection de l’environnement et à la lutte contre la pauvreté.

BOUDA Kouca Samuel

Le Pays

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