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Procès Moubarak : La justice des vainqueurs dictera sa loi

Publié le mardi 16 août 2011 à 01h43min

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Le jugement du président égyptien renversé le 11 février de cette année, qui avait été ajourné, a repris le lundi 15 août 2011. Premier chef d’Etat du Moyen-Orient à se présenter devant un juge depuis le début du « printemps arabe », Hosni Moubarak, qui est aujourd’hui âgé de 83 ans, a été transporté en hélicoptère jusqu’à l’académie de police, qui a autrefois porté son nom.

C’est en ce lieu que siège le tribunal chargé de le juger pour corruption, détournement de fonds publics et homicides avec préméditation d’environ 850 personnes lors de la révolte populaire, débuté le 25 janvier passé.

La télévision nationale a diffusé des images d’un prévenu grabataire, sorti d’une ambulance sur un brancard équipé de roues ; sur une civière comme au premier jour de son procès, le 3 août dernier. Le président déchu a ensuite été placé, toujours couché, dans le box des accusés aux côtés de ses deux fils, Alaa et Gamal, auxquels il a brièvement parlé. Dehors, ouailles et opposants de l’ancien président se sont affrontés à coups de pierres.

Avec cette scène qui a fait le tour du monde entier, on se demande si les nouveaux maîtres du Caire n’ont pas voulu théâtraliser le « procès du siècle ». Cela ressemble à quelques détails près au scénario du retour au pays du dictateur chilien, Augusto Pinochet, accueilli par des milliers de ses partisans à l’aéroport de Santiago. Descendu de l’avion en fauteuil roulant, il s’était levé soudainement et est allé saluer ses fidèles, ce qui avait été considéré comme une provocation.

Au Caire, une heure après l’ouverture de l’audience, le juge Ahmed Refaat l’a suspendue pour, a-t-il dit, délibérations. Elle a par la suite été tout simplement ajournée au 5 septembre prochain, pour être jointe au procès de l’ex-ministre de l’intérieur de Moubarak, Habib el-Adli. Autre décision, qui n’a pas fait l’unanimité : la retransmission des audiences en direct à la télévision ne le sera plus, le tribunal préférant désormais le huit clos.

Les conclusions de ce fameux et historique procès, on peut affirmer sans trop se tromper qu’elles sont d’avance connues : la justice du vainqueur, qui est tout naturellement revancharde, passera par là. Elle dictera sa loi ; d’où la question de savoir s’il est vraiment sain et opportun que les puissants du moment au pays des Pharaons disent eux-mêmes le droit.

Moubarak ne gouvernait pas seul. Autour de lui gravitait une galaxie d’hommes forts et attachés à son régime, aujourd’hui toujours aux commandes : on pense aisément au maréchal Mohammed Hussein Tantaoui, ministre de la Défense du raïs pendant 20 ans et désormais chef d’Etat de facto.

A l’ouverture du jugement de son ancien maître, l’avocat d’Hosni Moubarak, Farid al-Dib, avait demandé au juge de convoquer 1 600 témoins, dont le maréchal. Celui-ci, selon un haut responsable de la Sécurité, est prêt à témoigner si la défense le fait convoquer. Avouons tout de même qu’il serait difficile pour lui, comme le soulignait le Figaro dans une de ses livraisons, de « passer pour un homme neuf et révolutionnaire ».

Quoique l’on puisse affirmer, le maréchal Tantaoui est bien comptable au même titre que d’autres dignitaires du défunt régime, des dérives du pouvoir « moubarakien » et, en aucun cas, ne devrait se dérober à ses responsabilités.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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