La venue de Zéphirin Diabré à Banfora était très attendue car pour beaucoup, elle devrait aboutir au choix voire à l’installation du correspondant du parti dans la Comoé. Ceux-ci seront déçus car la situation de la Comoé ne s’y prêtait pas. Certes, pour une première rencontre, on peut dire que les militants étaient fortement mobilisés. La salle de l’association Munyu, qui a abrité la rencontre, a fait le plein. Mais, c’est d’ailleurs cette mobilisation qui a constitué le nœud gordien puisque dans la salle se trouvaient plusieurs clans qui ont revendiqué chacun sa part dans le travail de recrutement de militants et de mobilisation du jour.

Au lieu donc de la désignation d’un correspondant provincial, Zéphirin Diabré a tenu une rencontre de prise de contact avec les militants et sympathisants du parti. "Je sais que vous êtes habitués à couvrir les installations de correspondants mais, il y a aussi de simples rencontres qui donnent l’occasion à la direction du parti de présenter l’UPC à ses militants, de leur expliquer sa vision et de voir comment elle peut travailler avec eux sur le terrain", a dit Zéphirin Diabré aux journalistes. Selon lui, même si cette sorte de rencontre préliminaire n’est pas habituellement dirigée par le président du parti lui-même, elle précède généralement l’installation du correspondant provincial. La tension a été vive dans la salle par moments.

Pour certains qui s’en plaignaient d’ailleurs, l’information a été donnée de manière sélective de sorte à les empêcher d’être présents à la rencontre. On sentait en permanence une lutte pour la paternité du parti à Banfora au point que le président de l’UPC a été entre-temps obligé d’expliquer à l’assistance comment un parti politique pénètre dans une localité et comment cela s’est passé à Banfora. Les débats dans la salle ne laissent aucun doute sur les difficultés qu’il y aurait à désigner le correspondant UPC de la Comoé. En effet, plusieurs personnes parmi lesquelles 2 ont clairement affiché leurs ambitions ainsi que 2 clans présents dans la salle pensent chacun que le poste lui revient de droit. Cela au regard du travail qu’ils disent avoir abattu sur le terrain.

D’un côté, il y avait Gaoussou Koné qui, au titre de la Comoé, a été le coordonnateur de la campagne lors de l’élection présidentielle de novembre 2010 au compte de la CFP dont Hama Arba Diallo était le candidat. Selon des indiscrétions, il y a longtemps que Gaoussou Koné a été contacté pour servir de correspondant UPC dans la Comoé. Dans l’attente donc d’une installation officielle, celui-ci aurait fait un travail de mobilisation de militants. Selon toujours les mêmes indiscrétions, la tenue de cette AG est à son actif car c’est lui qui aurait prévenu le Bureau politique national de la confusion qui existe sur le terrain dans la Comoé et qui lui a demandé de venir.

De l’autre côté, il y avait Moussa Traoré et ses hommes. Sa présence aux côtés de Zéphirin Diabré sur le présidium ne rassure pas les autres prétendants au poste de correspondant provincial qui pensent qu’il a déjà les faveurs du Bureau politique national. "Si Moussa Traoré est au présidium avec nous, a expliqué le président de l’UPC, c’est simplement parce qu’il m’a été présenté personnellement comme personne ressource sur laquelle je pouvais m’appuyer pour pénétrer à Banfora. C’est simplement parce qu’il a été la première personne avec qui j’ai eu des échanges directs". "Contrairement à ce que vous pouvez penser, a poursuivi Zéphirin Diabré, cela ne veut pas dire que c’est lui qui sera désigné comme correspondant du parti". Gabriel Coulibaly aussi de son côté clame haut et fort qu’il a abattu un travail de recrutement il y a longtemps.

Ce qui lui avait même permis, dit-il, de mobiliser autour de 600 personnes autour de lui. Zéphirin Diabré, pour qui l’UPC est un parti qui se bat pour le changement auquel aspirent les populations dans ce pays, pense que cette "bataille" pour le poste de correspondant est un bon signe pour le parti. Selon lui, c’est la preuve que tous ceux qui sont là veulent jouer un rôle de premier plan. Il reste, dit-il, à trouver la formule pour que cela se passe de manière démocratique. Mieux vaut le trop plein que le pas du tout, a affirmé le président du parti avant d’ajouter qu’il y a des partis qui n’ont pas cette chance d’avoir des salles pleines comme ce fut le cas le samedi 6 août.

A en croire Zéphirin Diabré, ce n’est pas à Banfora seulement qu’il a constaté ce genre d’engouement pour le poste de correspondant. L’AG a fixé la date du 20 août 2011 pour désigner le correspondant UPC de la Comoé. Le secrétaire à l’organisation du BPN a été mandaté pour diriger les travaux ce jour-là. Pour cette rencontre, Zéphirin Diabré, de peur qu’elle ne soit infiltrée par des militants d’autres partis, a insisté pour que seuls ceux qui sont répertoriés y prennent part.

Mamoudou TRAORE

Le Pays