Le Premier ministre Tiao a particulièrement insisté sur la nouvelle approche et ligne du gouvernement, nanti des leçons tirées de la récente crise sociopolitique du pays dont Koudougou, chef-lieu du centre Ouest, fut l’épicentre. « Seule la concertation peut nous permettre de régler efficacement nos problèmes. Le dialogue est devenu l’axe principal par lequel nous devons résoudre nos préoccupations », a-t-il indiqué à maintes reprises.

Aux forces vives réunies dans la cité du Cavalier rouge, Luc Adolphe a lancé un vibrant appel pour qu’elles laissent de côté ce qui les divise et qu’elles se mettent ensemble sans calcul pour œuvrer au développement de leur région. « La politique ne doit pas nous diviser parce que la politique n’est qu’une façon d’exprimer ses idées ».
Pour ce qui le concerne personnellement, LAT a dit que son engagement pour le Centre Ouest n’était pas du tout intéressé, précisant qu’il n’avait aucune ambition politique. Son souci, dira t-il, c’est d’assumer au mieux la mission à lui confiée par le Président du Faso, à savoir œuvrer au retour de la paix et au développement dans le pays

Hommage au premier président du pays

Pour le chef du gouvernement, la région a beaucoup de chance pour avoir d’abord donné au pays son premier président, en la personne de Maurice Yaméogo, à qui il a rendu un vibrant hommage. Le PM Tiao a ensuite évoqué l’attention que le Centre Ouest retient auprès du Chef de l’Etat qui par deux fois et de façon successive a songé à confier la direction du gouvernement à un natif de la région, lui- même ayant succédé au Premier ministre Tertius Zongo dont l’action a été saluée. Et ce n’est pas tout. Car, c’est par la volonté et l’autorisation du président Blaise Compaoré que l’ensemble des membres du gouvernement, à l’exception d’un, s’est retrouvé pour la première fois à Koudougou pour le conseil de cabinet délocalisé.

Dans l’entendement de Luc, les fils et filles du Centre Ouest gagneraient à exploiter ces facteurs favorables pour le développement de la zone, au lieu de s’adonner à des divisions ou batailles inutiles. Et d’exprimer encore toute la disponibilité du gouvernement à les accompagner.

Et en se rendant dans la cité du Cavalier rouge pour leur conseil élargi, Tiao et son équipe n’avaient pas les mains vides. Comme pour donner la preuve de l’engagement des autorités à leurs côtés pour le progrès du Centre Ouest dont « d’aucuns voudraient faire croire qu’elle est délaissée », des actes symboles ont en effet précédé la rencontre. Le chef du gouvernement a d’abord posé la première pierre de la construction du palais de culture de Koudougou. D’un coût global de 850 millions de francs CFA, cette salle de spectacles multifonctionnelle sera bâtie sur une superficie de plus de 21 400 m2. La capacité d’accueil est estimée à 2500 places assises, avec en plus des salles de commission, un salon d’honneur, des parkings, des aménagements paysagers.

Huit mois, c’est le délai dont dispose l’entreprise chargée d’exécuter les travaux. « Le temps des chantiers interminables est aujourd’hui révolu. Nous serons particulièrement regardants sur le respect des délais d’exécution des travaux, mais aussi et surtout sur la qualité de ceux-ci », a prévenu LAT.

38 000 arbres à planter dans la région

Autre acte fort du gouvernement en direction du Centre Ouest : la cérémonie de lancement de plantation d’arbres dans la région à la quelle ont participé les membres du gouvernement. Chaque ministre a mis au moins en terre un plant. Pour la campagne nationale de reboisement, la région bénéficie de 38 000 arbres. Le maire de Koudougou a saisi l’opportunité de la séance de plantation d’arbres pour traduire la gratitude des populations de sa commune pour l’honneur qui leur est ainsi fait par les plus hautes autorités du pays, exprimant l’engagement de sa collectivité à veiller sur les plants mis en terre.
Remerciements réitérés plus tard au cours du face-à-face par le gouverneur de la région, le colonel Pascal Komyamba Sawadogo et le président du conseil régional de la région, Théophile Zongo.

Avec la venue en grand complet du gouvernement à Koudougou, c’est le projet de la tenue de la célébration du 11 décembre, date de la fête nationale, qui est relancé. Abandonnée momentanément pour ce 11 décembre à venir, compte tenu de la crise que vient de traverser le pays, l’initiative pourrait être concrétisée le 11 décembre 2012. Dans cette perspective, le PM Tiao a exhorté les fils et filles de la région à se mobiliser dès maintenant pour relever le défi, souhaitant que la commémoration se fasse avec le même faste que les célébrations précédentes.

Pour sa part, le gouvernement prévoit cette année la réalisation d’un certain nombre d’infrastructures : chaussée principale à double sens pour la parade, des travaux d’assainissement dans Koudougou, cité des enseignants. D’autres ouvrages sont envisagés pour 2012.

Des préoccupations sans l’affaire Justin Zongo

A la suite du Premier ministre, deux membres du gouvernement originaires du Centre Ouest ont eu droit à la parole pour inviter leurs frères et sœurs à s’engager résolument aux côtés des autorités pour favoriser le décollage de la région. Il s’agit d’abord du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération régionale, Djibrill Y. Bassolé, qui a invité chacun à soutenir l’action du gouvernement Tiao et à faire en sorte que la zone ne soit pas l’obstacle dans l’accomplissement de la mission du frère Luc ; au lieu de se mettre à égrener des attentes et des doléances. Ensuite, est intervenu le ministre Zakaria Tiemtoré pour prôner l’unité au sein des forces vives et l’accompagnement des actions du gouvernement au niveau régional.

Les préoccupations exprimées des acteurs locaux sont nombreuses et diverses. Elles vont des problèmes d’enclavement des localités (rendant difficiles les évacuations sanitaires) à l’électrification rurale en passant par l’insuffisance des infrastructures scolaires et de santé dans des communes rurales comme Didyr ; les difficultés pour les jeunes operateurs économiques d’accéder aux fonds nationaux de soutien à l’entrepreneuriat. En outre, les ex-travailleurs de Faso Fani ont demandé au Premier ministre de peser de tout son poids pour que leur situation se régularise et pour qu’ils puissent rentrer en possession de l’argent que leur devrait leur avocat, Me Bénéwendé Sankara.

L’affaire Justin Zongo n’a pas figuré dans les questions soulevées ; le ministre de la Justice Jérôme Traoré ayant annoncé la veille la tenue du procès pour le 22 août 2011, au cours de la rencontre avec la communauté universitaire de Koudougou.
Des préoccupations exprimées, Luc Adolphe Tiao a dit avoir pris bonne note, promettant de se renseigner d’abord pour mieux comprendre afin de voir avec les membres du gouvernement concernés par ces affaires ce qu’il y a lieu de faire pour aider les solliciteurs dans la recherche de solutions aux problèmes posés.

Des éclairages ont toutefois été apportés sur certains sujets. Pour ce qui est des infrastructures routières dans la région, le PM a dit que le projet du bitumage de l’axe Sabou – Réo - Didyr était toujours d’actualité annonçant le lancement de l’avis d’appel d’offres pour septembre prochain. En matière d’électrification, l’engagement du gouvernement à électrifier toutes les communes rurales du pays a été réaffirmé. « Si nous n’arrivons pas à tout électrifier d’ici à fin 2012 du fait des retards résultant de la crise, le maximum sera fait », a assuré le chef du gouvernement.

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net