Et de toute évidence, à en croire le nouveau développement que connaît cette histoire rocambolesque d’une fratrie qui se déteste cordialement, il y a tout lieu de croire que le frère au cachot du président togolais ne bénéficiera pas vraiment d’une quelconque libération, du moins pour bientôt ; car, c’est toujours dans le cadre de cette affaire que le régime togolais vient de mettre la main sur un gros monsieur, le général Tidjani. L’homme n’est pas un inconnu de la scène politique togolaise ; bien au contraire, on dit de lui qu’il est un dignitaire connu, et du Rassemblement du peuple togolais (Rpt) de feu Gnasingbé père, et de la grande muette togolaise. En faisant main basse sur le général, le régime de Faure tient un gros poisson.

Le reproche qu’on lui fait ? Sa sympathie à l’égard de Kaptcha ; on n’apprécie pas non plus qu’il ait manifesté quelque déception quant à la gouvernance présente de Faure Gnassingbé. Il ferait partie de ceux de la vieille école du Rpt qui n’approuvent pas vraiment la nouvelle dynamique que le jeune Faure tente d’imprimer au parti dont il hérite de son défunt président de père. Et du coup, le fossé est vite franchi : il serait un soutien indéfectible du demi-frère Gnassingbé en prison. Comme il est de coutume dans pareils cas, celui qui n’est pas pour est forcément contre. Le régime de Faure aura alors opté de le mettre à l’ombre ; histoire de l’empêcher de nuire.

Ce dont on l’accuse peut être avéré, tout comme il peut ne s’agir que d’un scénario ourdi par le régime en place pour écarter un homme fort dont on estimait qu’il n’apportait pas toute son estime à la méthode Faure.

Toujours est-il que le général est payé en monnaie de singe. En Février 2005, peu de temps après la mort de Gnassingbé père, lorsque l’armée togolaise opéra le coup d’Etat qui porta Faure à la présidence, le Togo eut toutes les caractéristiques d’un pays pestiféré ; presque partout, on exigea sans condition le retour à la légalité. Le jeune Faure eut recours au général Tidjani ; il fut celui qui accepta la délicate mission de faire le tour des ambassades et chancelleries dans le but de convaincre les uns et les autres d’accepter les nouvelles autorités de Lomé. Nul doute que si la chose était à refaire, il y réfléchirait par deux fois avant.

La mise aux arrêts de Tidjani, au-delà de la propre personne du général, est un indicateur que Faure est résolu à garder au frais, au moins pour un temps encore, son demi-frère ; tout comme elle fait percevoir que la fratrie Gnassingbé n’est pas près de fumer le calumet de la paix. Demi-frère, sous nos tropiques, c’est tout de même un frère ! Et puis, à tout le moins, la destinée des Togolais repose entre les mains de l’un d’entre eux. Ces frères-là seraient bien inspirés de se souvenir que tout royaume divisé contre lui-même est irrémédiablement condamné à la perdition ; et que, malheureusement, dans leur chute, il est fort probable qu’ils entraînent des citoyens dont ils ont la charge. A éviter absolument ; et pour le clan Gnassingbé et pour l’ensemble de la nation togolaise.

Jean Claude Kongo

L’Observateur Paalga