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COTE D’IVOIRE : Un nouveau départ pour le Conseil constitutionnel

Publié le mardi 26 juillet 2011 à 03h18min

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On lui a fait boire le calice jusqu’à la lie avant de le limoger. Paul Yao NDré, le président du Conseil constitutionnel qui a avalisé le hold-up électoral de Laurent Gbagbo, vient d’être remplacé. Ce n’est pas trop tôt. Car malgré son virage à 180 degrés, pour reconnaître a posteriori la victoire de Alassane Ouattara à la présidentielle de 2010 et même procéder à sa prestation de serment, Paul Yao NDré était devenu infréquentable. Il a inscrit de façon irréversible son nom dans le triste répertoire des fossoyeurs de la démocratie en Afrique. Ses jours à la tête du Conseil constitutionnel étaient donc comptés. Son remplaçant a aussi flirté avec la politique. Le professeur Francis Wodié, président du Parti ivoirien des travailleurs, est même très engagé. Lors de la dernière présidentielle, il s’est rallié à Ouattara au second tour.

Au regard des récents déboires de l’institution garante des résultats des élections, l’étiquette politique de Wodié peut être un handicap. Chat échaudé craint l’eau froide et les Ivoiriens se méfient désormais des hauts magistrats politiquement marqués. Le professeur Wodié, aussi éminent juriste soit-il, doit donc affronter le regard quelque peu teinté d’appréhension de certains de ses compatriotes, en particulier les partisans de Gbagbo. Saura-t-il agir en juge indépendant soucieux avant tout de l’intérêt national ? Ou alors se sentira-t-il redevable au chef de l’Etat qui l’a porté aux cimes de l’honneur ? Le drame de la démocratie en Afrique, c’est l’inféodation de la justice aux pouvoirs politiques.

La Côte d’Ivoire, comme bien d’autres pays, en a pâti. Les Paul Yao NDré sont légion. La catharsis dans laquelle le pays de Houphouët est engagé ne peut plus tolérer ce genre d’individus. A ce titre, le nouveau président du Conseil constitutionnel a la lourde mission de redorer le blason d’une institution avilie. Pour la première fois, les Ivoiriens auront donc vraiment l’opportunité de tester les qualités de rigueur et de droiture dont on a longtemps crédité Francis Wodié. En revêtant la robe de président du Conseil constitutionnel, il doit quitter l’arène de la politique partisane. Saura-t-il être le glaive et la balance de la justice ?

Mahorou KANAZOE

Le Pays

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