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UA/CPI : Jean Ping se trompe d’adversaire

Publié le lundi 18 juillet 2011 à 01h05min

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La Cour pénale internationale (CPI) a, le 27 juin dernier, émis des mandats d’arrêt à l’encontre du dirigeant libyen, Mouammar Kadhafi, de son fils Saïf al-Islam et de son chef des services de renseignement, Abdallah al-Senoussi, pour crimes contre l’humanité. Cette décision, qui fait suite à la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies en février 2011, a constitué la goutte d’eau qui a fait déborder le vase au niveau de l’Union africaine.

En effet, le président de sa Commission, « le très mesuré » Jean Ping, a littéralement explosé lors du dernier sommet de l’institution en Guinée Equatoriale : « Nous sommes contre la manière dont la CPI fonctionne ! » Il s’en est pris frontalement à Luis Moreno-Ocampo qui, selon le Gabonais, ne « juge et ne condamne que des Africains ». N’y a-t-il pas de problèmes et de criminels en Afghanistan, au Pakistan, à Gaza, au Sri Lanka, en Tchétchénie, etc. ? a demandé le successeur d’Alpha Konaré à la tête de ladite commission.

Alors, pour contrer la CPI d’Ocampo, hostile aux Africains, Jean Ping propose la création d’une Cour africaine de justice. D’ailleurs, selon Ping, il ne reste plus que la ratification des textes par les chefs d’Etat. Une telle initiative annoncerait inéluctablement le glas d’une coopération Nord/Sud, vu que le vieux continent est un très important bailleur de fonds de nos pays. Certainement, l’UA compterait sur la toute-puissante Chine, qui n’a que faire de Moreno et de sa Cour, pour l’accompagner dans cette aventure. Mais acceptera-t-elle pour autant de délier les cordons de la bourse ? Mystère et boule de gomme.

En attendant, cette bagarre, qui est par ailleurs assez vielle, est injustifiée, d’autant plus que le diplomate gabonais semble ignorer que la Cour, qui siège à la Haye, a déjà épinglé des « Blancs » pour ne pas dire des Européens. Le dernier en date est l’ex-chef de guerre serbe, Ratko Mladic, arrêté le 26 juin 2011, inculpé qu’il est depuis 1995 pour génocide. Même s’il faut avouer qu’il y a souvent une politique de deux poids deux mesures, il faut reconnaître que les Africains aussi prêtent le flanc à travers leur mal gouvernance, leurs désirs excessifs de durer au pouvoir et ce, en usant de toute sorte de subterfuge. Ce sont ces mêmes Africains qui ont ratifié, il y a quelques années, les textes de cette CPI ; ce sont eux également qui, très souvent, pour quelque intérêt que ce soit, ont saisi la Cour d’Ocampo. Jean Ping se trompe véritablement d’adversaire dans cette querelle. On l’aurait applaudi s’il s’acharnait à amener ceux dont il défend les intérêts à bien gouverner et à respecter les principes de la démocratie. Par son attitude, celui qui serait le gestionnaire de la fortune des Bongo démontre, si besoin en était, qu’il défend le syndicat des chefs d’Etat africains.


Primaires au NDC : On n’est pas président de mari à épouse

Ainsi donc, l’ex-First Lady ghanéenne, Nana Konadu Agyeman, l’épouse de Jerry John Rawlings, ne reviendra pas au palais, en tout cas pas cette fois-ci. Car, comme pour lui dire qu’on n’est pas président de mari à femme au pays de N’Kwamé N’Krumah, les congressistes du NDC (Congrès national démocratique ou National democratic congress pour faire angliciste) ont simplement jeté leur dévolu sur son adversaire de parti, le non moins produit du légendaire capitaine d’aviation, John (un autre) Evans Atta-Mills. Et ceci à la faveur des primaires dans la perspective de la présidentielle de décembre 2012. Un véritable camouflet s’il en fut, qui ferait jaser plus d’un gentleman si on n’était pas dans la jungle politique : 3,1% de voix contre 96,9%.

De quoi se demander ce qu’elle a bien pu mijoter avec son faiseur de président d’époux pour se lancer dans une telle aventure où, généralement, on ne se remet presque jamais des coups reçus surtout que là, il s’agit d’une véritable massue, au sens noble du terme. Et qu’on ne s’y méprenne pas du tout, car ni les cadeaux, ni les importantes sommes d’argent brandis par le porte-porte de la perdante, Kofi Adams, comme arguments pour justifier la victoire de son challenger, Atta-Mills, ne pèsent vraiment pas lourd pour un Ghana cité comme modèle de démocratie dans la sous-région. Qu’on se convainque plutôt qu’on a beau être une pouliche d’un mentor qui a fait, lui, ses preuves, on n’hérite pas d’un fauteuil présidentiel comme d’une rente viagière. Et qu’au lieu d’une main hésitante et peu chaleureuse tendue au vainqueur, il faut savoir être fair-play, même en politique. Surtout quand, avant même les hostilités, on savait sa défaite certaine. Ce n’est qu’ainsi que, même au-delà de sa retraite, on restera une référence pour les générations futures. Ce que, malheureusement, le couple Rawlings a cette fois oublié.


Sao Tomé et principe : Un archipel qui ne fait pas de vagues

Question à 1000 dobras : qui peut situer avec exactitude Sao Tomé et Principe et en donner la capitale ? Les médias étant par nature et par vocation « crisophages », ne s’intéressant donc pour l’essentiel qu’aux points chauds du globe selon la bonne vieille logique du train qui arrive en retard, il est des pays dont on n’entend presque jamais parler. Et croyez-moi, pour eux, c’est mieux ainsi. « Pas de nouvelle bonne nouvelle » dit-on. Tel semble être le cas de cet petit Etat insulaire de l’Atlantique sud, situé en plein cœur du Golfe de Guinée à quelque 300 km des côtes gabonaises.

Population : 200 000 habitants

Superficie : 1000 km2 (à peu près le tiers de Ouaga)

Capitale : Sao Tomé

Monnaie : le dobra.

Voici en effet un confetti de terres immergées indépendant depuis 1975 (c’est une ancienne colonie portugaise) qui fait son trou, sans vagues, sur la voie du développement et de la démocratie. On dira certes que c’est plus facile d’administrer un tel territoire que le Nigeria, le Soudan, le Niger ou le Mali, souvent victime de leur gigantisme, mais il faut néanmoins reconnaître les efforts, si minimes soient-ils (c’est à leur taille aussi) des Sao Toméens dans la bonne gouvernance politique et économique.

Leur pays, pour être l’un des plus pauvres au monde est promis aujourd’hui à un avenir plus radieux avec la découverte du pétrole et la cour assidue que lui font la Chine, Taiwan et les Etats-Unis qui ambitionnent y installer une base militaire.

Et sur ce bout de paradis terrestre, pas d’article 37 ; pas de tripatouillage constitutionnel pour pousser des racines sur le plus moelleux des fauteuils de la république ; pas de ticket président-vice président gagnant à 25% ; pas de dévolution héréditaire du pouvoir, rien de tout ça. Suite à des tentatives itératives de putschs, on peut dire que la démocratie est maintenant bien enracinée et ces îles volcaniques ont déjà connu l’alternance entre les deux principales formations politiques, le Parti social-démocrate et le Parti de la convergence démocratique. Après deux mandats de cinq ans passés à la tête du pays, Fradique de Menezes est ainsi au terme de son bail et hier, dix candidats étaient sur la ligne de départ pour la course à la présidentielle. Arrivée prévue au palais Rose le 7 août 2011 en cas de second tour.

Comme quoi dans cet océan de misère, de maladie et de dénis démocratiques que donne souvent à voir l’Afrique, il y a, fort heureusement, des îlots d’espoir qui montrent que pour ce continent berceau de l’humanité, tout n’est pas définitivement perdu.

Rabi Mitbkèta

L’Observateur Paalga

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